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Quand le lion est repu ...

mardi 4 mai 2021, par Think-tank AEE


Réussite sociale : faux problème, vraies questions ?


Que souhaitons nous tous sinon d’être heureux et épanoui le plus longtemps possible. Or l’expérience et l’histoire nous démontrent à l’envie que très peu d’humains admettent sincèrement d’avoir atteint ce Nirvâna ne serait-ce que pour une courte période. À de rares occasions, on est content, on s’éclate. Mais peut-on dire qu’on est profondément épanoui et heureux ? Ceux qui réussissent socialement le doivent souvent à un travail acharné qui les use ou, pire, à des compromissions ou des irrégularités qui, toute leur vie, feront planer au-dessus de leur têtes des condamnations ou le discrédit de la société. Cerise sur le gâteau, nous vivons dans une société très inégalitaire. Et on ne me fera pas croire que l’on peut vivre épanouis et heureux au milieu d’une population malheureuse ou dans le besoin. Paradoxalement, ce sont souvent les oubliés de la société les moins malheureux. Ne possédant rien, ils n’ont rien à perdre et, comme l’a si bien dit le grand Lafontaine : « Le savetier chante tandis que le financier se morfond en inquiétudes et peurs diverses ».

Ceci dit, et vous serez d’accord avec moi, je ne souhaite à personne d’être un jour dans un complet dénuement. Cela me fait penser à la question que m’a posé un étudiant lors de ma conférence à l’École de Commerce de Saint-Dénis sur le thème de l’avenir réunionnais : « Vous est-il arrivé d’avoir faim ? »

Alors, quelle conclusion tirer de ces amères réflexions ? Même si certains se battent pour leur propre épanouissement ou celui des autres, on peut dire, sans se tromper que globalement, nous vivons dans une société déséquilibrée à tout point de vue. Globalement, l’humanité se cherche un destin et, pour l’instant, ne semble pas sur la bonne voie. Et si la course folle vers la réussite sociale qui induit le fameux « Toujours plus » de notre ami François de Closets, était la mauvaise pioche ?

Et si nous comprenions que la qualité de la vie valait mieux que la quantité de biens, d’émotions, de pouvoirs ? Et si nous comprenions qu’un esprit sain dans un corps saint, une tête bien faite, valait mieux qu’une tête bien pleine ? Et, in fine, si nous prenions exemple et modèle sur les grands équilibres de la Nature qui ont mis plusieurs millions d’années à se mettre en place mais qui sont là aujourd’hui, à notre portée ?

Lorsque le lion est repu, il ne va pas tuer une deuxième gazelle pour le plaisir. Si nous nous contentions tous du nécessaire et si nous réduisions un peu le superflu, il y a fort à parier que ce vertueux changement de paradigme, aurait une influence bénéfique sur l’avenir du Monde, notre bonheur à tous et notre épanouissement.
 

Think-tank AEE


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