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par le Dr Raymond Vergès

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« À Gisèle Rabesahala »

Hommage de Simone Yee Chong Tchi Kan

vendredi 1er juillet 2011


Camarade de lutte de Gisèle Rabesahala, Simone Yee Chong Tchi Kan a adressé hier une contribution à notre journal.


« Pendant plus de soixante ans, tu as milité pour le progrès de Madagascar et le développement de la solidarité entre nos peuples. Ta ténacité, ta force de caractère, ta détermination ont fait de toi une des rares femmes à se lancer dans la politique, une combattante dans l’âme pour la liberté de Madagascar dès ton plus jeune âge. Un parcours militant exemplaire : première femme élue au suffrage universel pour devenir conseillère municipale d’Antananarivo sous la bannière du Comité d’entente et d’action politique (CEAP), en 1957. Secrétaire générale du Parti du congrès de l’indépendance de Madagascar (AKFM) — Première femme à être Ministre de Madagascar et même d’Afrique, tu as été celle qui a initié l’accès de la femme à l’organe exécutif de l’État en Afrique et à Madagascar.
Puisse ton combat être un exemple et une réflexion pour la génération future ! —infatigable, tu as toujours été à l’avant–garde et sur tous les fronts : Fondatrice et journaliste du journal "Imongo Vaovao" — Fondatrice du comité de solidarité de Madagascar ou “Fifanampiana malagasy” qui œuvre, en l’occurrence, dans l’aide aux démunis, l’appui aux actions de production dans les campagnes, la contribution à la formation et à l’éducation de l’enfance et de la jeunesse, le respect du droit à la santé, ou encore l’aide aux victimes des catastrophes naturelles. C’est à travers cette action que je t’ai connue en 1983, lors d’un congrès du comité. 28 ans après, me recueillir devant ta dépouille, m’a beaucoup ébranlée. Je me suis mise à repenser tes différents passages chez moi autour des discussions sur ton combat pour la lutte de ton pays, je me souviens ce dont tu me disais : « Il fallait une secrétaire, ça ne se bousculait pas pour ce poste, j’ai été volontaire. Ainsi, durant plusieurs mois j’ai été en contact avec les femmes, soeurs et filles de détenus. En 1950, il y avait encore 5.000 détenus politiques dans les prisons. Nous avons créé le Comité de solidarité de Madagascar dont je suis devenue secrétaire général ; je venais alors d’atteindre la majorité, à l’époque à 21 ans… ».

Une autre discussion dont je n’ai jamais oublié où tu disais : « j’étais parfois plus homme que les hommes. Je prônais l’idée que le développement de la société suffirait à transformer la situation des femmes et qu’avec le recul et l’expérience, tu avais compris que c’était une grave erreur, que le point de départ de l’évolution des femmes c’était leur éducation. Tu aimais rappelé que ton engagement militant a été suscité par ta mère qui fut le ciment du clan familial même si elle n’avait jamais adhéré au mouvement, mais en tant que veuve de guerre, en charge de 4 filles, elle a été d’un courage exemplaire dans le soutien qu’elle t’a apporté ainsi qu’à tes soeurs. Je me rappelle en particulier ta boutade. Quand je te parlai de ta tabagie, à ton dernier passage à la maison en 2005 : est-ce que ce serait sérieux de m’arrêter de fumer à 74 ans ?
Gisèle tu étais une femme de valeur, de conviction, de courage.
Il est des personnes, qu’il suffit parfois d’avoir seulement croisées pour ne pas les oublier. Gisèle était l’une d’entre elles.
Gisèle, nous avons fait beaucoup plus que te croiser, nous avons mené ensemble bien des actions à travers nos deux associations partenaires où se mêlaient les enfants malgaches et réunionnais. Ces actions qu’il faut poursuivre, et pour lesquels tu vas nous manquer. Nous ne t’oublierons pas.
Femme de conviction, Gisèle Rabesahala restera une figure emblématique de l’Honneur du Pays ».


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