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« Le développement durable est un véritable réseau dans lequel chacun d’entre nous tient une place importante »

Christelle Hatik, doctorante

mardi 7 juin 2011


Christelle Hatik est doctorante à l’Université de La Réunion. Elle a choisi comme sujet de thèse : “Mise en place d’un système de gestion raisonnée des déchets ménagers, agricoles et industriels en territoire insulaire en vue de la valorisation énergétique (méthanisation ; co-digestion)”.


Pourriez-vous nous parler de votre parcours d’étudiante et de chercheuse ainsi que de vos motivations et intérêts ?

- Je me suis principalement intéressée au milieu médical avec un BTS Analyses biologiques et une Licence en Biochimie. Malheureusement, ces filières n’ont pas de débouchés réels à La Réunion. Au cours de mes études, la majorité de mes amis et connaissances sont allés en métropole pour poursuivre leurs études et percer dans le monde de la Recherche.
Mon but, pour ma part, était de rester à La Réunion même si je devais changer d’orientation, et par conséquent mes projets professionnels. Aujourd’hui, je suis fière de pourvoir dire que ces choix n’ont pas été vains. Et par ces actes, j’espère pouvoir être utile à mon île en essayant de répondre à une de ses problématiques. Il est très important, à mon sens, de participer du mieux possible au développement du pays dans lequel on se trouve.

Lors du Forum des Jeunes chercheurs du mercredi 18 mai, vous avez présenté comme sujet : “Mise en place d’une filière de valorisation énergétique des déchets ménagers, industriels et agricoles sur l’île de La Réunion”, pourriez-vous nous en parler ?

- Il s’agit d’un projet assez ambitieux qui consiste à proposer, à mettre en place une filière raisonnée de gestion des déchets organiques sur l’île. Il s’agit dans un premier temps de s’attaquer aux centres de stockage des déchets qui arrivent à saturation, mais aussi aux stations d’épuration de l’île qui, on le sait, sont loin des normes en vigueur. Nous sommes au pied du mur, comme le dit si bien la pub « Réduisons vite nos déchets ça déborde ! ». En m’inspirant des pays pionniers en termes de gestion comme les pays du Nord, j’espère pouvoir combiner toutes ces connaissances et avancées technologiques tout en les adaptant à un milieu insulaire tropical.
De plus, le réchauffement climatique nous presse à trouver de nouvelles techniques de production d’électricité qui, à l’heure actuelle, sont très polluantes (nucléaire, charbon, fuel…). C’est en cela que ce sujet est selon moi aussi pertinent. Il permet de répondre aux problèmes de gestion des déchets tout en permettant de répondre à une autre problématique qu’est la production d’électricité dite « propre ».

La gestion des déchets est primordiale pour un territoire insulaire comme La Réunion, allons-nous dans le bon sens ?

- Il est vrai que depuis quelques années, de nombreuses mesures sont mises en place pour suivre les mouvements nationaux en termes d’environnement. La France est déjà en retard au niveau européen, et je ne vous parle pas de La Réunion ! Mais grâce au projet GERRI, Ile Verte et PRERURE, on a pu faire d’énormes progrès en mobilisant tous les acteurs sociaux et économiques de l’île. Avec un tel engouement et surtout le soutien de la France et de l’Union européenne, La Réunion sera propulsée au sommet des territoires écologiques.

Produire de l’énergie à partir des déchets, est-ce une solution qui peut être non polluante ? Et véritablement productrice d’énergie ?

- Au niveau de recherche auquel je suis, je ne saurais répondre de manière précise à cette question. A mon sens, il est essentiel d’avoir en tête qu’une technologie que l’on peut ranger dans les technologies dites « vertes » n’est pas forcément non polluante, pour reprendre vos termes, mais ce qui est certain, c’est qu’elles seront toujours nettement moins polluantes que les technologies utilisant des ressources naturelles telles que le pétrole.
Dans le cas de mon sujet, on utilise comme matière première des déchets qui sont, eux, polluants, pour les transformer en une matière secondaire utile : l’électricité. On transforme un mal pour un bien. Concernant la production d’énergie, elle dépendra de la qualité des déchets utilisés. Prenons par exemple le centre de stockage des déchets de Pierrefonds. Aujourd’hui, son taux de production d’énergie est très faible du fait de la mauvaise qualité des déchets trouvés dans les cuves. Pour améliorer ce rendement, il est important d’améliorer les conditions de tri à la source.
En effet, les déchets plastiques nuisent au bon développement et activité des micro-organismes que cette technique de traitement nécessite.
Pour avoir un ensemble cohérent et rentable, il faut que tout le monde s’y mette. Le développement durable est un véritable réseau dans lequel chacun d’entre nous tient une place importante.


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Messages

  • Bonjour à tous du PAYS BASQUE et bonne chance et réussite à la future doctorante !

    A quand une véritable mise en œuvre d’une politique de gestion globale et de valorisation des déchets,y compris ceux des entreprises ???

    En 2010 le tonnage de déchets ménagers et assimilés du Pays Basque a été de l’ordre de 110000 tonnes,déchets enfouis bien entendu et les deux projets de BTG ne changeront pas grand chose sans la mise en œuvre d’une collecte sélective des fermentescibles,de la redevance incitative avec la pesée embarquée,de plus de déchèteries,de conteneurs,de tables de tris dans les cantines etc.....et d’une ou deux unités de valorisation énergétiques comme la gazéification des déchets non recyclable en plus de la méthanisation-compostage.

    Il convient de relativiser les propos contre la méthanisation-compostage, qui, comme la gazéification par opposition à l’incinération et à l’enfouissement est une technique d’énergie renouvelable d’avenir,ne serait-ce que pour traiter et valoriser nos déchets quotidiens,tout comme les boues urbaines.

    Les problèmes issus de ces unités de traitements,ont plusieurs origines.En premier lieu,la gestion globale et la politique voulue par les responsables que sont les élus locaux. L’absence de mise en œuvre de collectes sélectives des FFOM (matériels spécifiques FFOM comme, bacs roulants individuels et collectifs,conteneurs enterrés à bornes ainsi que les sacs biodégradables respirant )et le choix de projets comprenant les fameux bioréacteurs-rotatifs-stabilisateurs (BRS)dont les fonctions sont le tri des ordures ménagères brutes dites résiduelles,la pré-fermentation et l’extraction de ces mêmes FFOM souillées en amont et contenants des particules indésirables avant le traitement aérobie ou anaérobie sont les bases mêmes des problèmes.

    D’autres problèmes viennent de la conception-réalisation même de ces unités et plus particulièrement de la réception et des traitements en milieu pressurisé non suffisamment confiné et des traitements de l’air sous-estimés.Juste par comparaison,les problèmes de Montpellier n’existe pas en Suisse,les installations Kompogas (le procédé de cette société est utilisé sous licence par un constructeur français)étant basées sur la collecte sélective sans BRS en milieu très fermé et se trouvant être un leader dans ce domaine mais en France,on fait tout le contraire.


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