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par le Dr Raymond Vergès

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Du panache d’un de nos maires… à une analyse à mots couverts du journaliste Yves Mont-Rouge… en passant par ce que m’a confié la petite Amélie…

lundi 2 mai 2011

On pourra dire ce qu’on veut de lui. Mais personne ne contestera à Claude Hoarau un panache certain quand se pose pour la collectivité dont il a la responsabilité la nécessité de réduire aujourd’hui un déficit chronique qui minera assurément ses budgets à venir.
On n’a pas oublié que la double défaite aux dernières cantonales du maire de Saint-Louis et de son premier adjoint Yvon Bello face à Cyrille Hamilcaro et Patrick Mallet a sans doute été la conséquence des mesures de restrictions budgétaires qui avaient dû être prises pour corriger les « dérives » de la Municipalité d’avant. Le préfet de La Réunion s’en était ému, administrativement s’entend. Le budget communal avait été placé sous tutelle. Ce n’était pas facile pour la majorité. Ce ne fut pas aisé. Il y eut bien une initiative dont j’avais pour ma part, ici dans cette rubrique, souligné à l’époque le bien fondé et le caractère exemplaire : la proposition faite au personnel communal titulaire et aux élus indemnisés d’une petite mais symbolique réduction de ce qui leur est versé mensuellement pour ne pas avoir à licencier plusieurs dizaines de personnes embauchées sur les contrats précaires. Expliquer cela à la population nécessitait beaucoup plus de temps que n’en ont disposé les élus actuels. Oui, les conditions étaient difficiles pour la campagne électorale. Ce fut une double défaite.
Mais fallait-il « s’en foutre » en baissant les bras ? Fallait-il s’engager dans une fuite en avant fiscale plus que risquée ? Vendredi, Claude Hoarau l’a dit au Conseil municipal de Saint-Louis devant lequel était proposée une réduction de 5 millions sur les 18 de déficit qu’affichait le budget de 2010 : « Nous nous devons de réaliser nos objectifs. Qu’importe la vox populi et les résultats électoraux. Ce qui compte avant tout, c’est de remettre Saint-Louis et La Rivière sur les rails. Demain, l’opinion publique nous en saura gré ». C’est le choix du courage politique. Un courage politique dont il est proposé à chacun de partager les efforts d’explications que cela suppose et qu’il faut porter dans chaque foyer. C’est courageux, c’est intelligent, c’est généreux. C’est noble. Et je le dis, sans arrière pensée : cela valait exemple en ces temps où notre opinion peut être choquée par certains comportements corporatistes…Comme est également exemplaire la démarche de Bernard Payet quand, dans un courrier de lecteur et avec les mots qu’il fallait, il supplie Yolande Pausé de protéger la commune de Sainte-Suzanne de toute dérive populiste…
Passons à une toute autre chose. Nous étions le vendredi 22 avril dernier. Vendredi Saint donc. Vers 19 heures, mon portable se manifeste. C’est une militante du Parti qui, depuis l’Est où elle habite, m’envoie un message à l’occasion de l’événement pascal. Je l’appelle, la remercie et lui demande des nouvelles d’Amélie, sa (grande) petite fille. Elle me passe celle-ci avec qui je cause donc un peu. De l’école notamment où, me confie-t-elle, ça va bien. Puis je lui demande son âge. La voix d’Amélie se remplit alors d’émotion et de fierté à peine contenues pour me dire : « J’aurai 17 ans demain… demain le 23… comme Laurent ». Entendre cela fait en moi comme un écho. Que Laurent, dont on a écrit un jour qu’il « est né il y a 33 ans, le 23 avril 1955 » , soit pleinement vivant dans le cœur d’une adolescente qui n’était pas au monde quand il nous a quittés, voilà qui ne me laisse pas indifférent, moi qui suis resté un nostalgique des Réunionnais authentiques. Merci, petite Amélie, pour cet instant de retour à nos plus belles sources…
Enfin, dans le procès de l’affaire des marchés truqués de la CIVIS, le verdict empreint de clémence que les juges ont prononcé à l’encontre de Michel Fontaine amène Yves Mont-Rouge à se référer (non sans ironie) à Jean de la Fontaine et à son fameux « … selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendent blanc ou noir ». Pour l’éditorialiste du “JIR”, je le cite, « La justice évolue. En d’autres temps, d’autres élus se sont retrouvés en taule pour moins que ça. Axel Kichenin, maire de Sainte-Marie, est passé par la case prison dans les années 1980 pour avoir distribué quelques feuilles de tôles et pierres artificielles aux électeurs. Joseph Sinimalé, ancien maire de Saint-Paul, a connu le même cheminement… ». Brrrr !!!
La Justice évolue-t-elle ? Permettez-moi d’en douter. La Justice, qu’elle soit celle d’hier, celle d’aujourd’hui ou celle de demain, elle reste l’espérance enfouie en chacun d’entre nous que les hommes seront toujours considérés comme étant égaux devant la loi. Mais il y a un gros hic : la Justice est rendue par des hommes. Et les hommes passent. Et les hommes changent. Ces hommes qui passent et qui donc changent rendent leur justice au nom du « peuple ». Le peuple ? En nos temps où les sondages d’opinion et une presse aux ordres font et défont ce qu’ils veulent et dessinent pour « le peuple » le modèle de société qui convient à des intérêts occultes ? Quel « peuple » ? Celui qui domine ou celui qui subit ? C’est là que le bât blesse.

Raymond Lauret


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