Palestine : j’ai vu

21 mars 2003

De Guia Risari, qui a participé à la mission de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) en Palestine en décembre 2001.

Parfois
on aimerait fermer les yeux.
Parfois
on est si rassuré par des mensonges.

J’ai vu les employés de l’aéroport
qui souriant interrogent.
Pourquoi on est là ? To do what ? Avec qui ?
Terroriste ? Pacifiste ? Just tourist ?

J’ai vu dans la fausse Ville Sainte
les gens ségrégués dans une rue,
les enfants escortés par des fusils,
la grande mosquée vide.

J’ai vu sur les routes barrées
des cadavres de sable et de pierre,
les soldats des check points riant
et les Palestiniens dans un tunnel.

J’ai vu un cortège de paix
face aux chars
- bras levés criant shalom -!
recevoir des balles en caoutchouc.

J’ai vu des camps
où les réfugiés sont décimés en silence.
La nuit aux miliciens,
les seigneurs tout-puissants des frontières.

J’ai vu les politiciens persécutés,
la prison toujours plus pleine,
les veuves insultées,
les jeunes abattus par jeu.
N’aiment-ils pas jouer ?

J’ai vu les territoires assiégés,
une cage chaque jour rétrécie,
les familles séparées,
une vie cloisonnée dans l’espoir d’exister.

J’ai vu les maisons rasées,
les villages effacés,
les fenêtres que plus personne n’a le droit d’ouvrir
pendant que les colonies poussent sur leur misère.

J’ai vu l’isolement, la propagande,
la fausse conscience collective.
La souffrance du peuple juif n’admet pas de rivaux.
Comme ça se justifie l’effacement.
Des autres payent finalement.

Parfois
on aimerait fermer les yeux.
Parfois
on est si rassuré par des mensonges.
Parfois.


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