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par le Dr Raymond Vergès

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Construire, dans le respect des convictions de chacun

De la revendication à la concrétisation — 6 —

mercredi 18 novembre 2009


Nous arrivons au terme de cette série de réflexions après la réunion du CIOM et de l’intervention du Président de la République, le 6 novembre dernier.
Finalement, le cœur des problèmes que nous rencontrons, et les solutions correspondantes, ne se trouverait-il pas dans la culture politique de nos dirigeants ?


La Présidentielle 2007

Lors de l’élection présidentielle de 2007, les responsables de l’Alliance ont adressé leur contribution aux candidats pour leur demander d’en tenir compte dans leur programme de mandature, en cas d’élection. Ainsi pensaient-ils faire prendre conscience de l’état de nos réflexions et sauvegarder les intérêts de La Réunion, quel que soit l’heureux élu. Les réponses ont été publiées en toute transparence et laissées à la sagacité des électeurs.
Cette innovation démocratique était fondée sur le respect du débat démocratique et sur la confiance réciproque dans la conduite des affaires de la République.
L’élection présidentielle sitôt terminée, notre île a été le lieu d’expérimentation d’un affrontement institutionnel d’une rare violence en démocratie, dirigé depuis Paris et exécuté ici par un fonctionnaire irrespectueux et autoritaire. Il avait le soutien d’Objectif Réunion, un groupe d’élus à majorité centriste, créé après leur tentative avortée de renverser la Présidente sortante UMP du Conseil général.

Le boomerang

Cette stratégie suicidaire s’est retournée vers Paris comme un boomerang, si bien que le président de la République, en personne, fut obligé de descendre dans l’arène et agir sous la contrainte des évènements pour rétablir l’ordre, la confiance et la crédibilité.
Car, dans le même temps, la situation s’était passablement dégradée dans les autres territoires ultra-marins, conséquences de l’absence de solution de fonds.
Il l’a dit en préambule sous forme de bilan : « 44 jours de grèves en Guadeloupe, 38 en Martinique, 15 en Guyane, 8 à La Réunion (...). En Guadeloupe, nous sommes passés tout près de l’irréparable ».

Que doivent penser aujourd’hui les inspirateurs et exécutants de cette politique désastreuse durant 2 ans et demi quand ils entendent le Président déclarer : « Mon engagement pour l’Outre-mer est fondé sur un rapport d’égal à égal, un rapport de maturité, un rapport de confiance mutuelle » ?
Quelle réflexion leur inspire cette autre assertion : « Je n’accepterai jamais que la légitimité des élus de la République soit contestée ailleurs que dans les urnes ».
Quelle est la réaction de ceux qui ont écrit que « les élus réunionnais sont tous des rats », avec la « bonne compréhension » de la haute autorité publique ? Cette phrase était écrite sur une banderole et accrochée sur les grilles de la Région pendant la visite du Premier ministre. Tout était prémédité.

Le racisme anti-réunionnais

Qu’on ne s’y méprenne pas : en s’attaquant « aux élus réunionnais », la source du message est très bien identifiée. Cela n’a rien à voir avec le jeu politique ordinaire ou le clivage traditionnel Gauche-Droite. Nous sommes bien en face d’une minorité raciste agissante, d’anti-réunionnais, qui envahit les sphères publiques et privés, pour rejoindre les bases idéologiques des revanchards d’Objectif Réunion, dirigé par Didier Robert, aujourd’hui investi par l’UMP à Paris !

Au lendemain de la rencontre de Paris, ces derniers ont réussi le tour de force de se réunir pour dénoncer… le Président de la Région, alors que l’opinion attendait leur commentaire sur les propos d’introduction du discours présidentiel. Au fond, que pouvaient-ils dire ? Ils n’ont pas participé aux travaux des Etats Généraux et leurs élus régionaux ont été sommés de se retirer de la séance prévue à cette occasion, sous la menace de ne plus figurer sur la prochaine liste. Cette attitude dictatoriale est une constante chez le chef de file investi par Paris.

Une culture politique rénovée ?

Vue de La Réunion, le fossé est grand entre les paroles du 6 novembre et la pratique locale dans le camp du parti présidentiel. Cela alimente le doute.
D’un autre côté, on ne peut s’empêcher de comparer les propos liminaires présidentiels avec la démarche de l’Alliance initiée en 2007. On retiendra que, dans le respect des convictions de chacun, la base existait pour construire un programme ambitieux, qui avait également reçu la critique positive de Ségolène Royale.

Ce document, le plus consensuel du moment, situait le haut degré de responsabilité de tous. Une ère nouvelle nécessite une culture politique renouvelée, respectueuse de chacun. Puisse le Président être entendu dans son propre camp ?


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