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La conscience réunionnaise au cœur des entreprises

Développement économique : quelles propositions pour les entreprises ?

vendredi 2 novembre 2012, par Manuel Marchal


Le redressement passe par la prise de conscience que le développement des entreprises doit être en cohérence avec les besoins du développement durable du pays.


Les 29 et 30 octobre derniers se sont tenus les ateliers préparatoires de la Conférence économique et sociale à La Réunion. Cette conférence arrive au moment où le gouvernement met en place sa politique pour les cinq années qui viennent. Et comme il est rare qu’un président de la République ne tente pas de se faire réélire, les décisions en train d’être élaborées pourraient fixer le cadre des politiques publiques pour les 10 ans à venir.

Quatre thèmes sont proposés pour cette conférence : développement économique, dialogue social, emploi et gouvernance.

Au premier jour, Paul Vergès a fait éclater le scandale. Tout d’abord, il a soulevé l’absence du bilan de plus de 60 ans d’intégration dans la France depuis 1946, puis dans l’Europe à partir de 1957. Le sénateur a expliqué que si les aspects positifs ne sont pas à négliger, d’autres doivent être mis sur la table, en particulier la politique des revenus qui constitue une des causes les plus importantes des inégalités minant notre cohésion sociale.

Paul Vergès est aussi intervenu pour demander qui sont les personnes qui présenteront les propositions de La Réunion au terme de la conférence ? En effet, les invités du débat sont d’abord des hauts fonctionnaires, puis des représentants du patronat, quelques syndicalistes et quelques élus, avec échanges à huis clos. Le sénateur était d’ailleurs le seul parlementaire présent sur les 11 invités.

Sur le développement économique, il est possible de faire un constat et d’émettre des propositions.

La rupture avec les politiques d’intégration est nécessaire pour redonner une perspective aux entreprises. L’économie ne doit plus servir à recycler en profits les transferts publics, mais à soutenir le développement du pays.

En attendant l’émergence de nouveaux secteurs économiques répondant directement aux besoins du développement, des aides publiques exceptionnelles devront se prolonger, sous condition d’embauches de Réunionnais.

M.M.

Le bilan de l’intégration

Des entreprises assistées par les subventions

L’intégration de La Réunion, une réalité coloniale, dans une grande puissance européenne a radicalement changé son économie. Les secteurs primaires et secondaires, créateurs de richesses matérielles, ne pèsent qu’à peine 10% du PIB. Les 90% restants, ce sont les services, alimentés par les transferts publics massifs, en particulier sous forme de rémunération dans la fonction publique.

Dans ce fragile édifice, les entreprises ont de grandes difficultés à s’en sortir uniquement avec leurs propres forces.

Elles ont donc besoin de subvention pour tenir. Ces dernières sont versées sous plusieurs formes. Ce sont les exonérations de cotisation sociale et la défiscalisation qui sont devenues la norme.

Autrement dit :

- le système ne tient que grâce aux subventions

- la défiscalisation est devenue la norme

- même en bénéficiant d’exonérations, des entreprises ne versent même plus à la caisse des congés payés
Propositions

Des entreprises au service du pays

Actuellement, l’économie a essentiellement pour but de recycler les transferts publics en profits privés. Pour qu’elles puissent survivre sans subvention, les entreprises doivent d’abord répondre aux besoins du pays.

Cette transformation ne peut se faire du jour au lendemain, c’est pourquoi les aides actuelles doivent subsister, mais sous condition d’embauche de Réunionnais.

Le coût de production peut baisser sans diminuer les salaires, à condition que les entreprises s’approvisionnent moins loin et moins cher. C’est un des enjeux de l’ouverture de La Réunion sur son environnement.

Étant donné le taux de chômage à La Réunion, des mesures exceptionnelles doivent être prises pour favoriser la création de cette nouvelle économie, basée sur l’autonomie énergétique, le tram-train, la formation, la recherche, l’exploitation des richesses de la mer. Elles pourraient s’appuyer sur un soutien exceptionnel et transitoire de l’État, sous la forme d’une zone franche totale.

Ce qui donne :

- pas d’aide publique sans embauche de Réunionnais

- La Réunion zone franche

- financement des industries du développement par la Banque publique d’investissement

- diminution du coût de production en allant chercher les intrants dans notre région
Une des conditions du développement

Le rapatriement du capital réunionnais

Air Austral constituait l’exception. Jusqu’au "coup d’accordéon", elle était une entreprise au capital réunionnais. Cela faisait toute la différence, car c’étaient des Réunionnais qui étaient les maîtres de la stratégie de cette entreprise. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Force est de constater que ces dernières années, le capitalisme réunionnais a connu sa propre faillite. Des pans entiers de notre économie sont passés dans des mains extérieures. Le plus révélateur, c’est la fin des usiniers réunionnais, qui ont vendu les deux dernières sucreries à une coopérative de planteurs de betteraves.

L’énergie, les grandes entreprises du BTP, la grande distribution… tous ces secteurs stratégiques sont des filiales de sociétés extérieures, dont le centre d’intérêt n’est pas La Réunion.

Pour que le développement soit possible, le capital doit être rapatrié à La Réunion. Mais les conservateurs font tout pour que ce projet échoue, l’acharnement avec lequel ils ont combattu le développement d’Air Austral, entreprise réunionnaise, suffit à le rappeler.

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