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La question de la responsabilité
Perspectives pour 2018 -2-
mercredi 3 janvier 2018, par
La situation institutionnelle des anciennes colonies issue d’un système mis en place au lendemain de la seconde guerre mondiale connaîtra une évolution cette année : Assises des Outre-mer et référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie.
La question des institutions dans les territoires de la République situés hors de la France sera un fil conducteur de l’année 2018. Les Corses ont agi les premiers. Depuis le 1er janvier, une seule assemblée dirige le pays. Elle est issue de la fusion de la Collectivité territoriale de Corse, du Département de Haute-Corse et de celui de Corse du Sud. La Collectivité territoriale de Corse avait déjà des pouvoirs plus étendus qu’un Conseil régional. Avec la réforme institutionnelle, les choses sont plus claires. La responsabilité incombe à une assemblée unique.
Pour la diriger, les Corses ont choisi de faire confiance à une coalition d’autonomistes et d’indépendantistes. Hier, l’Assemblée de Corse a tenu sa première session. Elle a élu Jean-Guy Talamoni. Ce dernier a tenu son discours d’investiture en corse. Et il a rappelé les revendications. Il s’agit notamment de la co-officialité de la langue corse au même niveau que la langue française. Les Corses demandent aussi la création d’un statut de résident pour lutter contre la spéculation immobilière. Ils souhaitent également le retour en Corse de prisonniers incarcérés en France pour des accusations de terrorisme.
Pour sa part, Gilles Siméoni, président de la Collectivité de Corse, demande au gouvernement français de tenir compte de la situation politique de l’île en ouvrant les discussions sur la question de l’évolution institutionnelle. La Corse demande l’autonomie dans la République. Le mois prochain, Emmanuel Macron doit venir dans l’île. Va-t-il répondre à la main tendue par les élus que les Corses se sont choisis ?
Nouvelle-Calédonie et Kanaky
En Nouvelle-Calédonie, l’année sera marquée par l’organisation du référendum d’autodétermination. C’est l’application des Accords de Matignon et de Nouméa. Elle donne la possibilité aux habitants de cet archipel de choisir leur destin. Pour la première fois depuis 1974 et l’organisation du référendum d’autodétermination aux Comores, c’est la première fois qu’un peuple d’un territoire d’outre-mer a la possibilité de déclarer son indépendance. Cette question sera donc un des enjeux de l’année 2018.
Dans les autres anciennes colonies de la France intégrée à la République, l’année 2018 est placée sous le signe du débat sur l’évolution institutionnelle. Lors de la campagne électorale, Emmanuel Macron s’était dit ouvert à toutes les possibilités. En tant que chef de l’État, il a décidé le lancement des Assises des Outre-mer. En Guyane, il a précisé ses intentions, annonçant privilégier « un véhicule législatif unique » pour une réforme institutionnelle. Le constat de l’impasse du système dans ces anciennes colonies est en effet largement partagé. En Martinique et en Guyane, la fusion des assemblées dans une Collectivité territoriale unique n’a pas réglé les problèmes. Aucune compétence supplémentaire n’a en effet été déléguée par le gouvernement. Se pose alors la question de qui décide.
Assises des Outre-mer
À La Réunion, cela fait près de 60 ans que le Parti communiste réunionnais milite pour que les Réunionnais puissent être responsables dans la gestion des affaires qui les concerne. Cette revendication trouve un écho au-delà du PCR, avec les déclarations de responsables politiques issus de partis divers, qui estiment qu’un changement est nécessaire et parlent d’émancipation, ou de nouveau logiciel.
Les Assises des Outre-mer placent donc les politiques face à leurs responsabilités : ils doivent faire des propositions pour l’avenir de La Réunion. Cette demande remet en cause la position défendue par les intégrationnistes. Certains tentent déjà de se dérober en refusant de participer aux Assises des Outre-mer. Cela ne fait que montrer qu’ils n’ont aucune proposition à présenter pour l’avenir de La Réunion.
Le chef de l’État veut aboutir à un résultat cette année. Autant dire que le temps des propositions est venu, maintenant ou jamais.
M.M.