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par le Dr Raymond Vergès

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Pour le compte de Sarkozy ou de Bayrou ?

Virapoullé fait renaître la Relève

jeudi 17 juin 2004


On ne peut pas, à proprement parler, dire que le rats quittent le navire. En effet, Cyrille Hamilcaro et Jean-Paul Virapoullé ne sont jamais apparus comme étant membres à part entière de l’UMP. Les choses ont toujours été très claires de la part du maire de Saint-Louis.


La situation de son homologue de Saint-André quant à elle a été marquée par une grande ambiguïté, à l’image du personnage concerné. Adhérent à l’UMP à Paris, Jean-Paul Virapoullé a laissé planer le doute quant à ses rapports avec le même mouvement à La Réunion.
Attendu comme président de la fédération locale de l’UMP, pressenti comme tête de la liste de l’Union aux régionales, le sénateur saint-andréen a refusé de tenir ces rôles.

Un pied dedans, un pied dehors

Comme à son habitude, le patron de la Relève a voulu avoir un pied dedans et un pied dehors. Ses hésitations à prendre la tête de la liste aux régionales ont été interprétées comme la manifestation de sa volonté de ne pas se mouiller auprès du clan chiraquien, alors que François Bayrou et Nicolas Sarkozy étaient des étoiles montantes à droite.
Il n’en reste pas moins que la décision de Cyrille Hamilcaro et Jean-Paul Virapoullé de faire revivre la Relève marque un tournant politique. Elle signifie que toutes les tentatives pour installer l’UMP à La Réunion et d’y imposer une formation unique à droite ont échoué.
Aujourd’hui, les deux hommes estiment que leur camp gagnerait à marcher sur deux pieds plutôt que sur un. C’est le raisonnement inverse qui était développé au moment des régionales, où l’on célébrait à qui mieux-mieux l’union faite autour de la liste conduite par Alain Bénard.
Depuis, il est vrai, qu’il y a eu de l’eau dans le gaz. Faisant porter sur Brigitte Girardin la responsabilité de l’échec de la droite réunionnaise de mars, le sénateur-maire de Saint-André avait publiquement réclamé la tête de la ministre de l’Outre-mer.
Trop présomptueux, il n’a pas eu gain de cause. Jean-Pierre Raffarin a maintenu sa confiance à l’ancienne conseillère de Jacques Chirac et l’a gardée rue Oudinot.
Il s’en est suivi toute une série de règlements de comptes réels ou supposés. La non-élection de Jean-Jacques Morel à la tête de la SIDR apparaît bien comme une décision dictée de Paris. Par contre, il est difficile de dire que la succession d’ennuis judiciaires que connaît Hugues Salvan participe de la décision de mettre à bas un affidé de la Relève, comme le laissent entendre certains.

Après Barre en 88, Balladur en 95, que va-t-il choisir en 2007 ?

Mais ces péripéties n’expliquent pas fondamentalement et totalement les nouvelles orientations prises par Jean-Paul Virapoullé. Ce dernier ne divorce pas de l’UMP mais, plus précisément, du clan chiraquien. À sa manière, il prépare l’échéance capitale de 2007, à savoir la présidentielle.
Fidèle à ses habitudes, le sénateur-maire de Saint-André se laisse influencer par les sondages et autres analyses parisiennes, qui font de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou de solides prétendants à l’Élysée. On ne sait pas sur lequel des deux hommes s’alignera le patron de la Relève mais on connaît son penchant naturel à soutenir les hommes qui, au sein de la droite, affrontent Chirac : Raymond Barre en 88, Balladur en 95.
Le nouveau positionnement du patron de la Relève aura des répercussions sur les prochaines échéances électorales. Il laisse entendre que la Relève reloockée sera présente dans toutes les batailles à venir : législatives, cantonales et municipales. La formation que dirigera Jean-Paul Virapoullé ne laissera pas partout le champ libre à l’UMP, et vice-versa. On peut, par exemple, s’attendre à une explication René-Paul Victoria / Jean-Jacques Morel sur Saint-Denis. C’est dans la logique des choses.
Après les désastres électoraux des régionales et des européennes, avec la remontée de l’UDF de François Bayrou et après le positionnement clair de Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse de mardi, tous les experts s’attendent à un reclassement au sein de la droite française. L’UMP ne devrait plus avoir le même visage, avec notamment un retour au bercail de l’UDF de nombreux élus centristes.
Mais, pour la plupart des commentateurs, cette recomposition devrait s’opérer au lendemain de l’élection du nouveau président de l’UMP, en remplacement d’Alain Juppé. Cyrille Hamilcaro et Jean-Paul Virapoullé n’ont pas attendu que le signal de départ soit donné : ils sont partis avant tous les autres. Ils sont des précurseurs. Mais l’expérience nous apprend qu’en politique plus qu’ailleurs, il n’est jamais bon de prendre une initiative trop tôt. La suite des événements nous dira si tel est le cas.


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