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Préparer la jeunesse réunionnaise à assumer ses responsabilités

Billet philosophique

vendredi 20 janvier 2017, par Roger Orlu


Dans quelques jours c’est la rentrée des classes. Une occasion de nous poser une nouvelle fois la question : à quoi sert le système éducatif à La Réunion ? Quels sont ses résultats pour plus de 100.000 illettrés dans le pays ? Quelles perspectives ouvre-t-il pour construire une société juste, harmonieuse, riche de son inter-culturalité, dans un environnement respecté et un co-développement régional solidaire avec les peuples frères de l’Indianocéanie ? En bref, une question que chaque élève peut se poser : pou kosa mi sava lékol ?


Des marmay en méditation dans la revue ‘’Ultréïa’’. « Les enfants ont une capacité extraordinaire à questionner le monde », selon Frédéric Lenoir.

Comme le laisse entendre Francis Bourquin, un fidèle ‘’ami de la philo à La Réunion’’, des réponses semblent être apportées d’une certaine façon à cette problématique dans le numéro 10 de la revue ‘’Ultreïa’’ paru ce mois-ci. Une revue qui défend les valeurs « Spiritualité-Métaphysique-Philosophie-Ethnologie-Symbolisme - « Plus Loin, Plus Haut… sur les Chemins de la Sagesse’ » et dont le dossier de ce numéro est consacré au thème suivant : « Neurosciences, Philo, Écologie, Méditation… Refonder l’École ».

Dans ce dossier, est notamment cité le philosophe Marcel Gauchet, pour qui « tout est à reprendre » en matière d’école ; et Bernard Chevilliat y dénonce le « voyage en absurdie » du système éducatif actuel, en s’appuyant sur l’enquête de Carole Barjon, qui établit le constat d’une « faillite » de l’institution. Par ailleurs, Marine Locatelli, « auteur jeunesse qui aide au développement de programmes de méditation de pleine conscience dans les collèges et lycées », déclare : « Quand la violence verbale ou physique quotidienne frappe, la pleine conscience peut apporter apaisement et ouverture du cœur ».

La philosophie à l’école primaire

Cette revue publie aussi un entretien avec Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue, conférencier, historien des religions, qui « raconte la genèse d’ateliers philo qu’il a menés auprès de centaines d’enfants à travers le monde francophone. Car pourquoi attendre la classe de terminale pour aborder des questionnements existentiels : amour, respect, bonheur, sens de la vie ? Apprendre à penser aux plus jeunes, oui, mais aussi à débattre et à développer discernement et réflexion personnelle » car « les enfants ont une capacité extraordinaire à questionner le monde », selon Frédéric Lenoir.

Auteur de ‘’Philosopher et méditer avec les enfants’’, Frédéric Lenoir, convaincu du bien-fondé de cette démarche, vient de créer avec Martine Roussel-Adam la Fondation SEVE (Savoir Être et Vivre Ensemble), pour promouvoir la pratique de l’attention et de la philosophie à l’école primaire. Une idée que l’on retrouve dans les projets de thèses du Parti Communiste Réunionnais pour son 9e Congrès du 5 février prochain à Sainte-Suzanne, avec des propositions pour faire entrer le peuple réunionnais dans l’ère de la responsabilité.

Un défi fondamental

En effet, pour le peuple réunionnais — comme pour chaque peuple du monde —, être responsable de son destin comme de la gestion quotidienne de tout ce qui le concerne est une condition essentielle d’un développement durable et solidaire de son pays ainsi que de la planète Terre. Or, cette responsabilité vitale, il est indispensable d’en prendre conscience et de la cultiver dès le plus jeune âge auprès de tous nos compatriotes afin qu’elle puisse être assumée pleinement et avec compétence car, en même temps, c’est un droit essentiel à faire respecter.

D’où la question que l’on peut se poser : sur le plan éducatif (par exemple, les programmes scolaires), comme sur le plan économique, social, environnemental, culturel et institutionnel (à La Réunion et dans l’Indianocéanie), quel est le pouvoir de décision du peuple réunionnais et notamment celui de nos concitoyens les plus pauvres ? Voilà donc un défi fondamental que nous avons à relever ensemble parmi bien d’autres : faire en sorte que le système éducatif à La Réunion se consacre à préparer la jeunesse réunionnaise à assumer ses responsabilités et à prendre en mains le destin de son pays pour en finir avec le système néo-colonial en place.

Roger Orlu


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