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Combat exemplaire des Chagossiens

Olivier Bancoult est arrivé à La Réunion

jeudi 19 octobre 2017, par Manuel Marchal


Olivier Bancoult, président du Groupe Réfugiés Chagos est arrivé hier à La Réunion. Ce soir à 18 heures, il tiendra une conférence à l’ancien hôtel de ville de Saint-Denis et demain il participera à un repas solidaire organisé à l’Association des retraités au Port. Hier, il a rencontré les journalistes et fait le point sur les dernières avancées de la lutte menée depuis près de 50 ans par les Chagossiens pour retourner dans leur pays dont ils ont été chassés à cause de la construction de la base militaire de Diego Garcia.


Georges Gauvin, président du Comité de solidarité Chagos La Réunion, et Olivier Bancoult, président du Groupe réfugiés Chagos.

À la fin des années 1960, un peuple a été expulsé de son pays par la Grande-Bretagne à cause de la construction de la base militaire de Diego Garcia, la plus importante des États-Unis en dehors de leur territoire. 3.500 personnes composaient ce peuple qui vivait sur les îles de Diego Garcia, Peros Banhos et Salomon. Elles ont été déportées principalement à Maurice et aussi aux Seychelles. Trois générations plus tard, les Chagossiens sont aujourd’hui 9.800, et ils continuent inlassablement pour obtenir le droit de retourner vivre dans leur pays, droit qui est bafoué par la Grande-Bretagne, qui se considère comme souveraine sur l’archipel des Chagos.

Olivier Bancoult, président du Groupe Réfugiés Chagos, est arrivé hier à La Réunion à l’invitation du Comité de solidarité Chagos La Réunion. Il a tenu une conférence de presse aux côtés de Georges Gauvin, président du Comité, pour informer sur les dernières évolutions de la lutte. Pour les Chagossiens, La Réunion tient une place particulière dans leur cœur. C’est en effet dans notre île qu’ils ont tenu leur première conférence pour sensibiliser le monde sur leur combat, c’était alors au Port grâce au soutien du PCR. « Depuis, nous avons toujours cette solidarité pour cette cause juste », ajoute le président du GRC.

Plus grande défaite diplomatique

L’affaire sera portée devant la Cour internationale de Justice à La Haye. « Nous nous considérons comme un peuple qui a ses droits fondamentaux. La déclaration universelle des droits de l’Homme dit que nul ne peut être empêché d’entrer dans son pays », rappelle Olivier Bancoult, qui revient sur les différents combats menés par les Chagossiens. Il précise tout d’abord que la Grande-Bretagne a séparé les Chagos de Maurice en violation de la résolution 15-14 de l’ONU de 1966.

Depuis 2016, les Chagossiens bénéficient du soutien de Maurice qui revendique la souveraineté des Chagos. En tant qu’État, Maurice a pu demander à l’assemblée générale de l’ONU de se pencher sur cette affaire. « Le vote a eu lieu le 22 juin dernier, Maurice a obtenu le soutien de beaucoup de pays, notamment l’Union africaine, les Non-alignés. Sa position a été soutenue par 94 voix contre 15 à la Grande-Bretagne, 65 abstentions ». « C’était la plus grande défaite diplomatique pour la Grande-Bretagne ». Parmi les pays qui ont soutenu les Britanniques se trouvent les États-Unis, la France s’est abstenue. Des petits États insulaires ont soutenu Maurice, dont les îles Marshall. L’étape suivante sera à La Haye. En conséquence, tous les documents doivent être déposés devant la Cour internationale de Justice d’ici le 31 janvier 2018. Début 2019 au plus tard, une plaidoirie aura lieu devant la Cour de La Haye.

Auparavant, les Chagossiens avaient eu recours à la justice britannique. Un jugement rendu en 2015 avait dit que les Chagossiens peuvent rentrer si les Britanniques n’arrivent pas à régler la question. Les Chagossiens continuent donc la bataille juridique auprès des institutions britanniques.

« Notre dignité ne s’achète pas »

Olivier Bancoult rappelle que l’an dernier, le gouvernement britannique a fait une proposition financière de 40 millions pendant 10 ans, en échange d’un refus définitif à vouloir retourner dans les îles Chagos. « Nous avons catégoriquement refusé, notre dignité ne s’achète pas », déclare Olivier Bancoult qui dénonce « le piège de l’aide financière » : « les Britanniques décideront quoi faire avec l’argent, il ne sera pas donné aux Chagossiens ». En représailles, le gouvernement britannique a pris des mesures pour restreindre son soutien financier à l’éducation, ce qui constitue un fait sans précédent dans les États du Commonwealth.

Le GRC s’appuie sur une étude de viabilité qui montrait qu’aucune barrière légale n’empêche les Chagossiens de vivre à Diego Garcia, Peros Banhos et Salomon

« Si des ouvriers peuvent vivre dans la base de Diego Garcia, alors les Chagossiens le peuvent. Plus de 4.000 personnes travaillent sur la base, venus des Philippines, du Sri Lanka et de Maurice. Les Chagossiens sont empêchés pour des raisons de terrorisme, de piraterie ».

Le GRC a présenté un projet de retour avec le développement de la pêche, du copra. Ce sont de nombreuses créations d’emploi à la clé, ce qui permettra aux jeunes Chagossiens de sortir du chômage qu’ils subissent à Maurice. Les Chagossiens veulent bien cohabiter dans un premier temps avec la base américaine.

Olivier Bancoult rappelle toutes les facilités mises en place à Diego Garcia à la suite de la construction de la base US qui accueille au total 8.000 à 9.000 personnes.

« Nous voulons rentrer sur notre terre natale »

« Le gouvernement mauricien accepte que si la souveraineté revient à Maurice, les Chagossiens retrouveront leur pays. Les Chagossiens auront leur mot à dire, comme à Rodrigues qui est autonome », précise Olivier Bancoult, « les Chagossiens ne veulent plus accepter une visite des Chagos organisée par les Britanniques ».

Les Chagossiens ont le soutien d’ONG reconnues par l’ONU : « le Minority Right Group et Human Rights Watch veulent présenter un document condamnant la façon de faire des Britanniques vis-à-vis des Chagossiens ».

Quant à son séjour à La Réunion, Olivier Bancoult indique que « c’est un devoir de partager avec nos soutiens l’avancement de toutes nos actions. Nous venons expliquer à travers de conférences, de rencontres ».

En conclusion Georges Gauvin revient sur l’action du Comité de solidarité Chagos La Réunion, créé en 2010. « Son but est d’informer l’opinion, et d’aider financièrement les Chagossiens dans leur lutte. Il fonctionne sans recours à des fonds publics, mais uniquement avec la bonne volonté. D’autres Comités se sont créé en Australie, aux États-Unis, en Suisse ».

En conclusion, Olivier Bancoult rappelle que la cause chagossienne est soutenue par une partie de la classe politique en Grande-Bretagne. Un groupe rassemblant des parlementaires de plusieurs partis politiques a été constitué sous la présidence de Jeremy Corbyn, chef de l’opposition. Jeremy Corbyn « a été très solidaire de la cause chagossienne, pour faire respecter le droit ». Ce groupe a pour coordonnateur l’ancien ambassadeur de Grande-Bretagne à Maurice.

M.M.


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