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par le Dr Raymond Vergès

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Que faire ?

Le chikungunya n’épargne aucun secteur économique

jeudi 9 février 2006


Ne pas faire de catastrophisme en pleine catastrophe économique est un exercice périlleux. Tous les secteurs d’activités de notre île sont touchés par le chikungunya et tous les professionnels se demandent de quoi sera fait demain, entre chômage technique et cessation d’activité. Colère, inquiétude, sentiment d’impuissance prédominent. Le président Vergès en appelle ’au sang froid’, ’au moins de déperdition d’énergie et de temps’, à la coordination des bonnes volontés pour que se dégagent des propositions inhabituelles pour répondre à cette crise exceptionnelle.


o Jean-Claude Bordier, président du Club de la grande hôtellerie de La Réunion

"Les acteurs du tourisme sont en colère"

Depuis la résurgence de la dengue en 2004, les professionnels du tourisme ont interpellé les autorités sur les risques qu’encourrait le secteur si l’épidémie venait à se développer. "Rien n’a été fait". La colère prédomine. Avec la pandémie de chikungunya, "aujourd’hui, la situation sanitaire et économique est catastrophique. Les moyens mis en œuvre sont dérisoires et largement inefficaces par rapport au développement de l’épidémie. Nous attendons de l’État et de nos représentants qu’ils prennent la situation à hauteur de sa gravité". Face à cette "attitude globale de résignation", Jean-Claude Bordier en appel à une "attitude offensive". Le Club de la grande hôtellerie a pour sa part pris l’initiative de commander 10.000 bracelets répulsifs pour les distribuer à sa clientèle dans le but de restaurer "un début de confiance". Entre 8 et 10 euros l’unité, cette solution est coûteuse et Jean-Claude Bordier sollicite le soutien financier de la collectivité. Face aux "solutions plus drastiques" pour lutter contre le vecteur que sont les épandages massifs de produits chimiques, il préconise l’utilisation de produits biologiques tels que le BTI, dont "on parle beaucoup, mais personne n’a le courage de prendre position". Jean-Claude Bordier estime enfin que tous les acteurs ont leur rôle à jouer dans cette lutte contre le chikungunya, des acteurs qui attendent aussi "des mesures concrètes, des indemnisations inévitables".
Rappelons que depuis cette intervention de lundi, le BTI a été utilisé dans la commune du Port, dans laquelle le maire a dû imposer la lutte biologique. Jean-Yves Langenier a eu "le courage de prendre position".

o Gérard Lots, représentant des loueurs de meublés de La Réunion

"Les effets néfastes de la mauvaise médiatisation"

"Nous aussi nous voulons être écoutés", intervient Gérard Lots, invité par la Région Réunion dans cet objectif. Le secteur est composé majoritairement de très petites entreprises qui subissent "les effets néfastes de la mauvaise médiatisation", comme celle de TF1 qui qualifiait, voilà 2 semaines, la région Ouest de "berceau du chikungunya".

o Fédération Réunion Plein Est

"Nous allons mourir"

Les professionnels du tourisme de la région Est et les prestataires de services qui vivent de ce secteur économique se sont regroupés pour tenter de faire entendre leurs préoccupations, d’affronter la crise ensemble. "La fédération a peur, très peur", confie son représentant. Les banques ne répondent plus aux courriers, "nous n’avons plus d’argent, les chambres sont vides, les loueurs de voitures sont inquiets. L’un d’eux se retrouve avec 200 voitures sur les bras". Il y a 6 mois, les restaurateurs des Hauts de l’Est remplissaient 100 couverts, aujourd’hui à peine 20, voire 30. "Qu’est-ce que nous allons faire ? Nous allons mourir". Il se livre avec beaucoup d’émotion, demande l’aide de Paul Vergès et attend que des responsables viennent se rendre compte de leurs difficultés sur le terrain.

o Philippe Doki Thonon, président des restaurateurs de La Réunion

"Il faut des compensations fermes et définitives"

Les professionnels doivent travailler en coordination et s’attacher au contenu de l’information à délivrer aux Tours Opérateurs et donc à la clientèle. "C’est primordial". Philippe Doki Thonon avance d’ores et déjà une baisse d’activité des restaurateurs de l’ordre de 60% pour avril. "La puissance publique n’est pas à même de gérer le problème". Il faut des "compensations fermes et définitives".

o Jean-Raymond Mondon, président du CESR

Quelles conséquences sur le pouvoir d’achat ?

Les 3 premiers jours d’arrêts de travail ne sont pas payés au salarié. Vu l’importance du nombre d’arrêts maladie, cette baisse du pouvoir d’achat va aussi avoir des conséquences sur l’activité économique. Corroborant les propos du président de Région qui appelle l’ensemble des bonnes volontés à faire des propositions aussi inhabituelles que la crise sanitaire et économique que vit La Réunion, Jean-Raymond Mondon soutient que "nous sommes dans une situation totalement anormale... il faut faire preuve d’imagination".

o Axel Zettor, président du Conseil d’administration de la CGSS

52% des arrêts de travail

Sur les 3 dernières semaines, 52% des arrêts maladie sont dus au chikungunya. Cette "explosion des arrêts, des soins de ville, de l’hospitalisation" a un coût pour l’assurance maladie qui, selon Axel Zettor, "joue son rôle". La Sécurité sociale étudie aujourd’hui la question des majorations de retard et la possibilité de nouveaux échéanciers dans le recouvrement des prestations sociales. Si la CGSS "contribue en fonction de ses moyens", elle compte aussi "faire contribuer", ne manque pas de rappeler son administrateur local.

Estéfani


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