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Pour ’une solidarité partagée’ contre le chikungunya

Ivan Hoareau : entendre la voix des salariés

jeudi 23 février 2006


Si les entreprises manquent de trésorerie, leurs salariés aussi. La crise exceptionnelle qui touche notre île et son économie appelle à des dispositifs d’aides ciblées pour les entreprises mais aussi à des dispositifs de droits communs. Les salariés, qu’ils soient touchés par la maladie, au chômage partiel, ne bénéficient d’aucune garantie de salaire. Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, estime que les salariés réunionnais ont droit aux mêmes dispositifs d’allocations spécifiques prévus uniquement en métropole en cas de chômage partiel.


Pour le secrétaire général de la CGTR, face à cette "situation de crise globale dont personne ne peut prévoir la prolongation", "la responsabilité de l’État est en jeu". Mais pas seulement. "La solidarité nationale exige que, ici, nous assumions tous nos responsabilités". Elle doit ainsi "compléter la solidarité locale et la responsabilité des employeurs".

Trouver un juste milieu

"À situation exceptionnelle, moyens exceptionnels". Les aides aux entreprises doivent être "ciblées et non pas générales". Pour Ivan Hoareau, les dossiers doivent être examinés et traités au cas par cas, "pour éviter les effets d’aubaine où le patronat utiliserait le chômage partiel pour régler des problèmes d’effectifs". Il ne s’agit "ni de dramatiser, ni de banaliser la situation, mais bien de trouver un juste milieu". Et cet exercice ne doit pas occulter les besoins et attentes des salariés. Ces dispositifs spécifiques sont aussi dans leur intérêt, à condition qu’ils s’inscrivent dans "une solidarité partagée". Mais les fonds de compensation, reports de charges, d’échéances fiscales et sociales ne prennent pas en compte la préservation des salariés malades, n’offrent aucune garantie de salaire. Ivan Hoareau pointe ainsi la responsabilité des employeurs qui doivent se prononcer sur ces questions.

Des salaires amputés

Le chômage partiel sera financé à 100% par l’État au lieu d’une part 50/50 avec l’employeur. "Mais qu’est-ce que l’on gagne en tant que salarié ?", interroge le représentant des travailleurs. En métropole, le chômage partiel fait l’objet de conventions, d’une réglementation qui n’existe pas ici et qui permet aux salariés métropolitains de bénéficier d’allocations spécifiques de la part de l’État et d’allocations spécifiques complémentaires de la part de l’employeur. À La Réunion, le chômage partiel est mis en application par le biais de 2 articles du Code du travail qui prévoient la mise en place d’une rémunération mensuelle minimale. Ainsi, pendant les 4 premières semaines de cessation d’activité, le salarié touche uniquement le SMIC, quel que soit son salaire initial. Son salaire est donc amputé et il est à craindre, selon Ivan Hoareau, "sans faire de catastrophisme", que cette atrophie touche des milliers de salariés.
La 5ème semaine, le salarié au chômage partiel devient alors un demandeur d’emploi qui perçoit entre 60 et 65% de son salaire, soit encore une perte conséquente et brutale de sa rémunération. Aucune disposition législative ne prévoit de lui venir en aide. Ivan Hoareau "tire la sonnette d’alarme". Pourquoi La Réunion ne bénéficie-t-elle pas de ces mesures et ses salariés de ces compléments de rémunération ? Où sont alors les responsabilités ?

Inégalité avec la métropole

Les salariés malades et au chômage partiel dépendent quant à eux de la Sécurité sociale. Ils perçoivent une indemnisation journalière à hauteur de 50% de leur salaire. Les 3 jours de délai de carence ne leur sont pas payés, et ce, autant de fois que la maladie les confronte à des rechutes. Ils doivent en plus attendre plus d’1 mois pour que leur dossier soit traité. Qui prend en charge ce manque à gagner ? En métropole, pour un salarié qui a plus de 3 ans d’ancienneté à partir du 11ème jour de chômage partiel, il perçoit 90% de son salaire pendant 30 jours et 66% par la suite.
Pourquoi ce dispositif qui assure à la fois une garantie conventionnelle salariale et une garantie complémentaire n’est-il pas activé à La Réunion ? Est-ce la faute à la Loi Perben dont l’article 16 va à l’encontre de l’égalité du droit commun entre La Réunion et la métropole ?, interroge Ivan Hoareau. Est-ce celle du patronat local qui se refuse à l’extension de telles mesures ?

Les salariés n’ont pas de report

La CGTR adhère à la mise en place de dispositifs spécifiques pour les entreprises, mais cela ne règle pas le problème des salariés. Le syndicat interpelle les employeurs pour analyser ces mesures et demander leur application locale. Ivan Hoareau rappelle que les salariés sont aussi des consommateurs, des contribuables qui ne bénéficient quant à eux d’aucun report de leurs charges personnelles. N’oublions pas que la consommation des ménages est le premier moteur de l’économie locale.

Estéfani


BTP : 2/3 de l’effectif en contrat de chantier

Le secteur du BTP, qui mobilise une forte main-d’œuvre, est aux cotés du secteur touristique particulièrement touché par la crise chikungunya. La FRBTP parle de 7 à 8% des 19.000 salariés atteints. Ceux qui enregistrent 3 ans d’ancienneté peuvent bénéficier comme en métropole d’un complément de salaire, mais seulement sur une période 90 jours, au-delà desquels, en cas de rechute durant la même année, ils perdent toute ouverture à des compléments de salaire. Les salariés en contrats de chantiers, soit à peu près deux tiers de l’effectif global du secteur, n’ont quant à eux aucun soutien financier. Alain Naillet, délégué syndical CGTR-BTP espère que la crise n’aura pas d’influence sur les négociations salariales annuelles.


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