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par le Dr Raymond Vergès

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Le haut débit au service de la santé

Télémédecine

mardi 14 mars 2006

Les Technologies de l’information et de la communication (TIC) sont désormais omniprésentes dans l’organisation et le fonctionnement de notre société. Elles renvoient à un ensemble d’outils relevant de l’information, de l’audiovisuel et des télécommunications facilitant traitement et échange de l’information.
On comprend vite que l’enjeu de leur appropriation soit devenu crucial tant à l’échelle régionale, que nationale et internationale.
L’introduction progressive des TIC dans notre société est une source de nombreux changements (social, économique, environnemental...) ; leur apparition dans notre système de santé a entraîné des modifications notables au sein de l’organisation du corps médical.
C’est ainsi que le fonctionnement du système de soins, les liens entre les professionnels et les usagers ont été bouleversés par ces nouveaux modes d’échange de l’information.

Outil incontournable

L’utilisation de l’outil informatique est devenue pratiquement incontournable aussi bien dans la pratique des médecins hospitaliers que dans celles de ceux des villes ou des campagnes.
Les possibilités techniques offertes par Internet, surtout s’il est à haut débit, ouvrent désormais de nouvelles facilités d’accès à des ressources de diagnostic et de soins de haut niveau via la télémédecine.
Il est vrai que la télémédecine est l’un des aspects de la pratique médicale auxquels on pense le plus spontanément quant aux potentialités offertes par les Technologies de l’information et de la communication.
La télémédecine ou médecine dite “à distance” est un domaine des TIC qui a connu un développement fulgurant ces dernières années en révolutionnant les procédures et les moyens de diagnostic, thérapeutiques et sanitaires.
La télémédecine recouvre des domaines aussi variés que :

- la télésurveillance ;

- la téléchirurgie ;

- la téléformation ;

- la téléassistance médicale ;

- la téléconsultation.

Enjeux de la télémédecine

Les grands enjeux de son utilisation :

- apporter l’offre des soins par les TIC en évitant, autant que possible, les déplacements du patient (avis, expertise, hospitalisation à domicile),

- obtenir instantanément toutes les informations médicales sur un patient grâce à un accès rapide aux données médicales (permettant ainsi d’adapter le traitement à la pathologie du patient et ce, quel que soit l’établissement dans lequel il a été admis)

- réduire les coûts inhérents à une demande d’examens supplémentaires (déjà effectués : analyse, scanner, radio, IRM... ).

Hier et même encore aujourd’hui, la communication des informations médicales concernant le patient s’effectue communément par voie postale ou par le biais de la téléphonie ou bien encore de la télécopie... selon l’urgence.
Ces outils de communications induisent des coûts directs et indirects : duplication des résultats, aléa de transport, perte, retard....
De même, le mode de communication utilisée n’apporte pas toutes les garanties de sécurité et d’intégrité souhaitée.

De nouvelles perspectives

Dès lors, on perçoit facilement que ces solutions actuelles ont leurs limites, mais les nouvelles avancées technologiques dans le domaine des télécommunications et notamment la mise en place du haut débit laissent entrevoir de nouvelles perspectives.
En effet, la réalisation et l’utilisation d’un réseau de communication haut débit offrent désormais des possibilités techniques d’envoi, de réception et de stockage des données très rapides. On comprend aisément l’intérêt de leur mise en application au niveau hospitalier (entre autres).
Afin de comprendre les enjeux de la mise en place d’un réseau de communication haut débit pour les établissements hospitaliers et plus particulièrement à La Réunion, Christine Niox-Château (chargée de mission Artic) interroge :

- M. Dominique Leibbrandt, responsable commercial au sein de Guetali Haut-Débit ;
ainsi que les administrateurs, médecin et informaticien GIE TOI

- Dr Frédéric Chomon, chargé de mission au GIE TOI ;

- M. Jacques Paramé, directeur informatique du CHD Félix Guyon à Saint-Denis ;

- M. Bernard Vaysse, délégué général du GIE télémédecine.

De quelle type d’infrastructure de communication dispose actuellement les établissements hospitaliers réunionnais ?

Dominique Leibbrandt : C’est en mars 2003 que le réseau télémédecine O.I. a été mis en service sur le réseau BLR de Cegetel La Réunion, maintenant rebaptisée Guet@li Haut-Débit depuis cette année ; c’est donc le 3ème anniversaire de ce réseau haut-débit qui fait la fierté de toute l’équipe.
Le réseau télémédecine O.I. est un réseau privé haut-débit avec des liaisons de 2 Mb/s entre les principaux établissements de santé de l’île. Ces liaisons ont entre autres caractéristiques celles d’être d’une part des liaisons symétriques, c’est-à-dire offrant le débit de 2 Mb/s simultanément dans les 2 sens : tant en émission (sens montant) qu’en réception (sens descendant), d’autre part, des liaisons à débit garanti, c’est-à-dire que le tuyau entre chaque site est toujours disponible donnant ainsi à chaque site de ce réseau des performances de réception et d’envoi identiques.

Quels sont les besoins du réseau télémédecine OI ?

Dr Frédéric Chomon : Cela fait déjà bien longtemps que le souci de communiquer et de partager l’information entre professionnels de santé est présent. Sous la forme de dossier patient, de courriers, de feuille de laboratoire, de radiographie..., nous nous orientons maintenant vers d’autres solutions utilisant les TIC. Notre réflexion sur leur utilisation ne nous fait pas perdre le sens de notre démarche, qui est toujours la même, avec un souci de rapidité, de qualité du service rendu et de sécurité des échanges.

Comment s’effectue la mise à disposition de l’information auprès du personnel soignant ?

Dr Chomon : Nous n’avançons pas tous à la même vitesse en matière d’utilisation des TIC. Certains professionnels disposent déjà d’applications, d’autres hésitent encore pour faire le pas décisif. De toutes les manières, certaines professions sont plus “exposées” à l’utilisation des TIC, comme par exemple les radiologues ou les biologistes.

Jacques Paramé : Aujourd’hui, les principaux établissements de santé et réseaux de soins disposent de solutions appropriées pour enregistrer, stocker et diffuser les informations relatives aux patients relevant de leur institution. En interne, des stations de travail reliées à un système central via un Réseau local d’établissement (RLE) permettent au personnel soignant de partager le dossier médical, les résultats de laboratoires, les images radiologiques, etc... Et cela 24 heures sur 24... Et pour les réseaux, comme pour des interventions ponctuelles des hospitaliers, l’utilisation du Web est de pratique courante.

Est-elle adaptée ? Qu’en est-il en temps de crise (exemple : l’épidémie de chikungunya) ?

Dr Chomon : Bien évidemment, il y a l’utilisation “classique” des TIC comme mentionnée précédemment, mais il en existe une autre que nous sommes actuellement entrain de mettre en place, qui intéresse la veille et l’alerte sanitaire. Il s’agit de mettre en place un système d’information capable de déceler, de mesurer et de suivre, à partir de différentes sources de données, des phénomènes pouvant éventuellement conduire à une “crise sanitaire”, dans le seul et unique but de pouvoir la contenir et intervenir au plus tôt. Cette démarche se matérialisera bientôt par la mise en place d’un serveur régional de veille et d’alerte sanitaire pour la région Réunion Mayotte.

Jacques Paramé : L’épidémie de chikungunya sur le plan hospitalier, en dehors de la mise en œuvre rapide d’équipements dans le service de crise, ne constitue pas un phénomène particulier au niveau technique interne. Là où ce genre de crise réclame des informations continues, c’est sur l’aspect alerte sanitaire et la remontée de données épidémiologiques, avec l’agrégation de données de multiples sources. Tout l’enjeu et l’ampleur du problème sont là dans l’utilisation des TIC

Quelles sont les solutions à venir ?

Jacques Paramé : Le partage des données médicales est un enjeu national avec la mise en œuvre du Dossier médical personnel (le DMP). Tout professionnel de santé en plus des établissements devra à terme se doter de moyens informatiques communicants. Et les usagers avertis ne seront pas en reste car ils auront accès à leur DMP pour la gestion des droits et y déposer des informations.
Au niveau régional (Réunion/Mayotte), nous avons lancé un projet de partage des informations entre les différentes institutions et professions libérales afin de recueillir rapidement les données à jour relatives à un patient. Ce projet devrait aboutir en 2007.

Pourrait-on envisager la mise en place d’un réseau régional/intranet de professionnels de la santé ?

Jacques Paramé : La mise en place d’un réseau régional de ce type répond à l’esprit de notre projet auquel il serait complémentaire comme au DMP. Une attention particulière est à porter au niveau du débit, pour le transport de la voix des images et des données, et la sécurisation des informations.


Rencontre avec M. Bernard Vaysse, le délégué général du GIE télémédecine

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le GIE télémédecine et quels sont les acteurs qu’il regroupe ?

Bernard Vaysse : Le GIE a été fondé en 2001. Il a la particularité de regrouper les acteurs de santé du monde hospitalier public, privé à but non lucratif associatif, privés commerciaux, et des sociétés civiles de radiologie. Le fonctionnement de notre GIE fait appel à la compétence des personnels médicaux, informaticiens, directeurs des structures adhérentes membres de notre GIE.
Il convient de préciser que notre groupement bénéficie du soutien du directeur de l’ARH Réunion/Mayotte qui encourage et favorise les projets déployés dans la zone Sud de l’océan Indien dans le domaine de la santé au bénéfice des populations.

Quels sont les projets en cours du GIE dans le domaine des télécommunications et quelles seront leurs incidences au niveau du système de soin réunionnais (notamment au niveau de l’épidémie de chikungunya) ?

- De nombreux projets d’envergure sur le plan régional sont en cours de réalisation ou sont dès à présent finalisés :

- Le projet N@toi qui a permis l’installation de la visioconférence entre les services d’obstétrique et de néonatalogie des établissements de santé.

- Le réseau d’imagerie RIM grâce à la numérisation des services de radiologie de l’île facilitant la diffusion des images au sein du réseau régional.

- Le réseau PIRES qui permet une liaison à haut débit entre les établissements.

- Un travail est en cours pour la mise en place d’un dossier médical régional dont l’objet sera de créer une plate-forme informatique permettant à tous les professionnels de santé autorisés de constituer et de consulter le dossier médical. Ce développement sera réalisé sur la base des normes fixées pour le projet national DMP, le cahier des charges est finalisé.

- La mise en place d’un serveur régional de veille et d’alerte sanitaire dans la région Réunion/Mayotte qui prendra en considération 3 sources de données, les données hospitalières, les données des urgences, les données du SAMU, les données de la médecine ambulatoire.
Ces informations seront très utiles afin de connaître la charge des services hospitaliers, de l’épidémiologie, des urgences accueillies, des disponibilités en lits.
L’épidémie de chikungunya que nous subissons confirme l’utilité et la nécessité de la mise en place de tels outils pour notre Région ultrapériphérique.

Quelles sont les conditions d’émergence de ces projets ?

- Les conditions d’émergence de ces projets reposent sur la mobilisation des ressources humaines des membres de notre Groupement et bien entendu sur l’obtention de financements ciblés sur ces projets. L’émergence de ces projets nécessite des actions de communication auprès des pouvoirs publics ARH, DRASS, CGSS, Conseil régional, Conseil général. De plus, des partenariats doivent être développés avec les industriels du secteur des communications pour assurer dans les meilleures conditions les opérations en cours de réalisation ou en gestation, car les investissements sont très conséquents.
Il est à noter que la part qui devra être consacrée aux investissements dans les systèmes d’information représente une priorité dans la stratégie régionale.
Toutes ces actions doivent être réalisées en transparence dans le respect des droits des patients, en application de la loi 2004-801 du 6 août 2004 relative à la protection des personnes physiques, à l’égard des traitements de données à caractère personnel qui modifie la loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique et aux libertés.


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