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par le Dr Raymond Vergès

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“ La France et sa colonisation ”

Conférence-débat ce soir à Saint-Denis

jeudi 13 juillet 2006

L’idée coloniale
Colonisée au nom de valeurs humanistes et républicaines, l’Algérie symbolisa pendant deux siècles l’utopie coloniale française. Examinant la manière dont la France y a géré son "image", ce documentaire rythmé et richement documenté retrace les étapes d’une "idée coloniale" dont les principes n’ont pas disparu.
Sûre de sa mission civilisatrice et désireuse de construire un empire puissant pouvant rivaliser avec celui du Royaume-Uni, la France entreprend, dès 1830, de conquérir l’Algérie. Les soldats, les ingénieurs puis les colons agriculteurs venus de France mais aussi du reste de l’Europe s’emparent du territoire. Massacres des opposants, expropriation des indigènes, entreprise de "désislamisation", installation d’industries et constructions de voies de communication : tout est légitimé par une certaine idée du progrès et la nécessité d’une "Algérie française". Car, la colonisation est aussi affaire d’image et de propagande, sous l’égide de l’Agence générale des colonies, créée en 1919. Malgré les voix discordantes, la politique coloniale de la France s’affiche républicaine et humaniste. Elle atteint son apogée lors de l’exposition coloniale de 1931. Développant l’idée d’une hiérarchie entre les "races", les tenants de l’empire vont pourtant bientôt devoir affronter les soulèvements de ceux qu’ils ont "éduqués" pendant un peu plus d’un siècle.

L’utopie coloniale

Les Trois couleurs de l’empire retrace les différentes étapes de l’idée coloniale en décortiquant les images de propagande, les récits et les discours de ceux qui ont participé à cette longue entreprise "civilisatrice" (officiers militaires, hommes politiques, saint-simoniens...). En contrepoint sont présentées des prises de vues non-officielles - moins élégantes, car souvent filmées en Super 8, mais plus réalistes - et des textes moins complaisants pour la politique française, des récits de voyage de Maupassant aux écrits d’Aimé Césaire ou de Senghor.
Voulant appréhender une réalité complexe qui ne semble pas encore aujourd’hui totalement assumée, le documentaire cerne parfaitement le malentendu entre colonisateurs et colonisés, éclairé par le point de vue de sociologues, d’historiens et d’anthropologues. Avec le recul, les propos et les idées sont réellement choquants - surtout quand le chantre de l’école laïque et publique, Jules Ferry, parle de "races inférieures" ou lorsqu’on constate que les manuels scolaires de l’époque étaient truffés d’articles que l’on considèrerait aujourd’hui comme proprement racistes.
Oeuvre d’histoire plus que de mémoire, ce film tire avec pertinence les enseignements de la "dérive" de l’humanisme glorieux. Par là même, il souligne combien l’illusion d’une supériorité de l’Occident et du christianisme sur l’Orient et l’islam peut être dévastatrice. Un rappel salutaire, alors qu’un passé colonial non soldé, mal cicatrisé, entretient aujourd’hui des mémoires conflictuelles.


À Saint-Denis, ce soir jeudi 13 juillet
Projection à 18h et débat à 19h
“Les trois couleurs de l’Empire”

Documentaire de Jean-Claude Guidicelli (France, 2001, 1h10mn).
Coproduction : ARTE France, Riff Production
Au restaurant "Tandoor Mahal", 14 Rue Juliette Dodu


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