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par le Dr Raymond Vergès

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Année 2007 : l’année historique

Les chantiers du Préfet Pierre-Henry Maccioni

vendredi 12 janvier 2007


En fonction depuis le 26 août 2006, Pierre-Henry Maccioni conviait hier la presse pour un bilan de parcours, mais surtout pour communiquer sur les grands dossiers de l’année 2007 : le rééquilibrage socio-économique de l’île, la route des Tamarins, le tram-train, la route du Littoral, l’Observatoire des prix et des revenus, le tourisme après le chikungunya, le logement, l’emploi, la délinquance, l’illettrisme...


L’année 2006 est passée. Ce ne sera donc sûrement pas un bilan, comme on pourrait l’entendre, que nous a dressé hier le Préfet de La Réunion. Le représentant de l’Etat préfère regarder vers l’avenir de l’île, marqué par une année chargée en dossiers, à commencer par les échéances électorales. La présidentielle, suivie des législatives, ne tarde plus. Les réalisations non plus apparemment. « L’année 2006 aura été l’année de la programmation, soutenue par les financements de l’Etat et de l’Europe. Cette année sera celle de la réalisation », déclare Pierre-Henry Maccioni, précisant par la même la nuance entre Contrat de plan Etat-Région et Contrat de projet. L’Etat ne veut pas financer par saupoudrage, mais veut soutenir des projets structurants. La Réunion n’en manque certes pas, et d’ailleurs, les crédits de l’Etat et de l’Europe ont augmenté, nous certifie le Préfet. Le DOCUP passe de 1,6 milliard d’euros à 1,8 milliard d’euros.
Quelle sera exactement la dotation gouvernementale ? Le Préfet se veut rassurant, notant que les négociations avancent bien pour les 2 plus grands chantiers d’Etat-Région : le tram-train et la route du Littoral. Pour ce dernier dossier, le Préfet recevait un comité d’experts missionné pour l’étude de faisabilité du tracé B1. Apparemment, l’Etat s’inquiète de la participation des Réunionnais à ces grands projets, et en particulier à leur formation. On connaît déjà l’effort consenti par la Région dans ce domaine, et la jeunesse ne demande qu’à travailler. « L’année 2007 sera une année historique », n’a pas cessé de déclarer le Préfet. On l’espère tous, et sur bien des dossiers !

Chikungunya et tourisme

On n’entendra presque pas le nom de “la saloperie” qui a pourri la vie réunionnaise et notre économie. Aucune possibilité de baisser la garde, il faut maintenir les actions et pérenniser un service compétent et pertinent de prophylaxie. L’Etat en est conscient et de toute façon, ne peut se permettre de renier moult discours donnés lors du ballet national des ministres. Le chikungunya est presque derrière nous maintenant.
Comment rebondir ? Au détour d’une visite, le Préfet prend des photos, des déchets jetés ça et là sur des sites touristiques, et à bien y regarder, un peu partout sur notre île. « Il faut développer le tri sélectif », explique le Préfet. Encore faudrait-il développer l’éducation d’une population qui semble, ou préfère oublier le fléau qui l’a meurtrie. Il est vrai que demeure un problème de propreté des sites. Mais pourquoi s’étonner, quand on connaît le sort ménagé aux “emplois verts” ?
A entendre le Préfet dans ses sous-entendus, c’est bien une question d’information et de formation citoyenne qui doit prévaloir - propos qui rejoignent ceux de Graziella Leveneur, qu’elle tenait dans nos colonnes récemment.
Le Préfet passe en revue tous les dossiers, dont celui du tourisme local. Certes, il se dégage d’un rapport d’ODIT France (Société spécialisée dans l’expertise, les études et analyses, et le conseil auprès des acteurs publics et privés du tourisme en France et à l’international) que la filière n’est pas parfaitement organisée.
Selon le Préfet, sûrement doit-on envisager une réorganisation fondamentale du tourisme réunionnais et sortir d’une « économie de cueillette ». Mais d’abord, pourquoi ne pas « réorganiser » également les formalités pour l’attribution compensatoire. Prendre en compte la situation marginale de quelques entreprises prises en défaut de cotisations sociales, c’est peut-être écarter celles qui n’avaient plus les moyens de s’acquitter de quoi que ce soit. Quand nécessité fait loi, il faudrait que cette crise sanitaire et sociale passe au-dessus des pièces justificatives comptables pour prendre en considération l’humain. A-t-on chiffré le nombre de nouveaux chômeurs après la crise du chikungunya ? Encore faut-il appréhender l’impact sur tous les corps de métiers.

Observatoire des prix et des revenus

« Ce dossier suit son cours », déclare Pierre-Henry Maccioni à propos de l’Observatoire des prix et des revenus. Il annonce même que la Direction générale de l’INSEE participera à la création de l’Observatoire des prix et des revenus. A quand le décret d’application ? C’est là surtout la question qui intéressent nombre d’associations et de Réunionnais. Le 15 décembre dernier, dans un courrier, la Préfet précisait que « les services compétents, notamment l’Institut national de la statistique et des études économiques, ont été saisis pour définir l’organisation générale de cet observatoire. Ses missions ne couvriront pas la seule question du coût de la vie, mais seront étendues à la problématique du pouvoir d’achat des Français d’Outre-mer ». L’INSEE Réunion dément. Le Préfet précise que c’est à Paris, à la Direction générale de l’INSEE, que seront dessinés les contours dudit observatoire. Dont acte. Rappelons que le ministre d’Outre-mer a promis ce décret avant la fin de cette législature, c’est-à-dire avant la fin du débat parlementaire qui doit s’achever fin février.

Logement social et emploi

L’Etat ne ménagerait pas ses efforts pour assainir la situation réunionnaise, mais le Préfet reconnaît honnêtement l’état insatisfaisant de l’avancée du dossier. Il avance le chiffre de 5.000 logements sociaux construits l’année dernière. Les bailleurs sociaux ne sont pas si sûrs de ce chiffre, mais apprécient que le Préfet admette le retard en matière de logement. Mais, les mêmes problèmes sont toujours avancés pour justifier ce retard : la rareté et la cherté du foncier, et l’incapacité du BTP local à répondre aux appels d’offres. Certes, l’Etat tend la main sur ce dossier dont il a la charge. D’ailleurs, des logements devraient voir le jour, au Port, sur 30 hectares, propriété de l’Etat. Certes, l’Etat travaille avec les bailleurs sociaux sur la rénovation du parc locatif vieillissant. Encore faudrait-il avancer de manière constante.
Les chiffres sont pourtant formels. 9.000 logements doivent être construits par an. Force est de constater le retard sur ce dossier. Pierre-Henry Maccioni propose de « densifier et verticaliser le logement social ». Peut-être, en accompagnement de ces projets, devrait-on envisager des mesures plus circonstanciées pour les maires récalcitrants qui refusent de s’acquitter du quota de construction de logements sociaux ! A quand un rappel à l’ordre à tous ces maires qui préfèrent payer (et faire payer par leurs habitants) l’amende, plutôt que de construire des logements sociaux ?
Pour ce qui est de l’emploi, le Préfet entend favoriser les emplois marchands, surtout dans l’économie de services. Tourner la page des “emplois aidés” et regarder l’économie marchande, n’est-ce pas se décharger sur les sociétés, alors que l’urgence nous contraint à une politique volontariste de l’Etat ? Les chiffres seraient à la baisse, alors que nous sortons à peine de la crise du chikungunya. L’île de La Réunion est certainement un département dynamique nonobstant un chômage de « 27,8% ». Sans envisager le plein emploi, quelles solutions concrètes seront apportées au lourd problème de l’emploi à La Réunion ? Peut-être devra-t-on entendre les “promesses” des candidats ! Pour l’heure, très pédagogiquement, le Préfet s’inquiète de l’illettrisme réunionnais, qui serait un pan du chômage réunionnais. Attention, des chômeurs diplômés sont sans emploi. Oui, il importe de travailler main dans la main contre l’illettrisme.
Beaucoup de chantiers, mais où sont les priorités ?

Bbj


Délinquance et violence

Le Ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy vient de communiquer hier sur son bilan de 5 ans et en révèlant les chiffres de la délinquance. Le Préfet de La Réunion, quant à lui, a livré quelques chiffres généraux de la délinquance sur notre île : une baisse de 10% de la délinquance générale, mais une progression préoccupante de 4,76% de la violence faite aux personnes. Ce dernier chiffre s’explique surtout par des drames intrafamiliaux. La violence faite aux femmes réunionnaises garde malheureusement le cap des 15%, contre 10% dans l’Hexagone. Et, force est de constater que l’on ne reste encore que sur le terrain de la constatation. A quand les mesures pour faire reculer ces chiffres ?
La violence n’est pas une fatalité.


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