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L’Inde : le retour d’un géant

La chronique économique

vendredi 9 février 2007, par Risham Badroudine


Le 26 janvier 2007, l’Inde a célébré le 58ème anniversaire de sa République. Le pays est actuellement dirigé par une coalition conduite par le Parti du Congrès, à la tête de laquelle se trouve le Dr Mannohan Singh. Parmi les partis soutenant cette coalition, certains disposent d’un nombre de sièges relativement importants, en particulier le Parti communiste indien (43 sièges). L’Inde a réalisé d’énormes progrès économiques depuis l’accession à l’indépendance.


Il est vrai qu’il fut un temps, la civilisation indienne rayonnait dans l’ensemble de l’Asie. C’est l’époque où l’Inde, à égalité avec la Chine, se situait au tout premier rang mondial, avec 22.6% du revenu de la planète. C’était en 1700. Un peu plus d’un siècle après en 1820, lorsque la colonisation anglaise fut bien implantée, sa part s’était réduite à 15.7%. Au point qu’à la veille de son indépendance, le pays s’est retrouvé marginalisé car il représentait plus que moins de 5% du revenu mondial.

Aujourd’hui, l’Inde, un géant de plus d’1 milliard habitants, commence à reprendre sa place dans l’économie mondiale. Le PIB total indien s’élève à 785.5 milliards de dollars (soit le 4ème rang mondial en terme de parité de pouvoir d’achat). L’objectif du gouvernement indien consiste à accélérer le développement économique en réduisant la pauvreté, développant davantage les infrastructures notamment en zone rurale, en facilitant l’accès à l’éducation et aux soins à la population. Le Parlement a voté l’acte national de garantie de l’emploi rural, une loi selon laquelle les familles les plus pauvres se voient accorder des jours d’emploi dans les travaux publics. C’est là une application concrète de la théorie de l’économiste indien, Armatya Sen, Prix Nobel d’économie 1998, qui affirme que « la question centrale est de multiplier les possibilités sociales auxquelles ont accès les populations. Dans la mesure où ces possibilités sont compromises par des réglementations et contrôles bureaucratiques contre-productifs, l’élimination de ces obstacles devrait constituer un objectif prioritaire. Or, la création de possibilités sociales générales demande bien plus que la simple libéralisation des marchés. Elle nécessite, notamment, l’extension des installations et services médicaux pour tous, nonobstant leurs revenus ou moyens, et des dispositions publiques pour le soutien nutritionnel et la sécurité sociale. Elle demande aussi un programme politique, économique et social général pour la réduction des inégalités dans la société ».
Le pays traverse aujourd’hui une phase de croissance économique euphorique (plus de 8% en 2005). La classe moyenne indienne compte plus de 350 millions de personnes en constante évolution. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont avant tout, les services et l’industrie manufacturière.

Le pays a réalisé de gros progrès dans le domaine de la micro-informatique, l’informatique de haute performance, la télématique et le développement des logiciels.
L’Inde a mis au point des supers ordinateurs (Param 9000), d’une conception dernier cri.
Bangalore, naguère petite ville bucolique, est devenue la Silicon Valley indienne. Wipro (West Indian Vegetable Products) qui, à l’origine, ne fabriquait que du savon et des huiles végétales conçoit et fabrique une gamme étendue d’ordinateurs, y compris des modèles en caractères cyrilliques pour le marché russe, équipe les chars indiens d’ordinateurs tout terrain et, en liaison avec une firme américaine, conçoit les logiciels d’un scanner portatif de la taille d’une valise, permettant de traquer tumeurs cérébrales et autres affections graves dans les villages les plus reculés. À elle seule, la ville de Bangalore, hyper centre des high techs et de la recherche scientifique indienne compte 150.000 ingénieurs, au moment où la Sillicon Valley américaine n’a que 120.000 ingénieurs.
L’Inde est aujourd’hui le premier exportateur mondial de service de programmation et de logiciels informatiques.
Le taux de croissance annuelle des activités informatiques indiennes s’élève à 50% et les exportations annuelles en software dépassent les 10 milliards de dollars. La raison essentielle de cette effervescence réside dans le fait que l’Inde s’est lancée depuis les années 1980, dans la formation à grande échelle de chercheurs et de techniciens informaticiens et elle “met sur le marché”, depuis plus de dix ans, 500.000 ingénieurs de haut niveau par an.

Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer, il y a 15 jours, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d’un vol spatial habité. La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicule) a placé sur orbite 4 satellites, une première pour l’Inde, dont 2 satellites indiens, 1 indonésien et 1 argentin. Aujourd’hui avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé-éducation ainsi que des réseaux de télé-médecine au service de la population. Le pays compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois. Des jeunes du monde entier viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays. 53 pays sont actuellement reliés au Pan African e-Network.

L’Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l’industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1.5 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars. Les deux principaux clients de l’Inde sont la Chine et l’Afrique du Sud. Ce rôle de producteur et fournisseur en médicament est mis en avant par l’Inde sur la scène internationale et en se positionnant comme une référence pour les pays du Sud notamment dans la lutte contre le SIDA.

La nouvelle coopération que l’Inde est en train de nouer avec Pékin, va montrer que le 21ème siècle sera celui de l’Asie. Désormais plus personne ne peut l’ignorer. Et à notre île d’essayer de tirer profit de l’émergence de cette puissance dans l’Océan Indien.

Risham Badroudine

Prévision de croissance en 2007 Croissance en 2006 Population en millions en 2005 PIB en milliards de dollars Richesse créée en milliards de dollars en 2006
Inde 8% 8% 1 095 785.5 62.8

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