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par le Dr Raymond Vergès

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« Génocide culturel » au Tibet ?

Un autre regard sur le Tibet...

lundi 5 mai 2008


Le sinologue et ethnologue allemand, Ingo Nentwig, a réfuté les arguments du Dalaï Lama selon lesquels le gouvernement chinois a mené le « génocide culturel » au Tibet, et il a critiqué certains médias occidentaux qui ne laissent pas entendre les voix des Tibétains ordinaires.


« Le concept du “génocide culturel” est complètement erroné », a dit Ingo Nentwig, directeur du département de recherche du Musée de l’Ethnologie à Leipzig, dans une interview écrite accordée à “Xinhua”.

« La culture tibétaine a connu de nouveaux développements en Chine dans les domaines de la "langue, de la littérature, des études de la littérature orale, de la vie quotidienne et de l’architecture traditionnelle », a-t-il indiqué.

M. Nentwig a dit que la Chine a publié d’importantes collections de livres, des journaux et des magazines en langue tibétaine, et « il y a beaucoup de maisons d’édition non seulement au Tibet, mais aussi dans les provinces voisines et même à Beijing ». Les auteurs tibétains écrivent dans la langue tibétaine et en chinois, des traductions tibétaines de livres étrangers sont également disponibles en Chine, et « il y a une académie de la médecine traditionnelle tibétaine à Lhasa », a-t-il précisé.

Contrairement à « certains représentants des milieux cléricaux, demandant l’indépendance du Tibet ou voulant exercer le pouvoir politique », qui décrivent la modernisation de la société tibétaine comme le “génocide culturel”, la plupart des Tibétains reconnaissent des perspectives d’avenir pour un Tibet moderne, qui fait partie de la Chine depuis toujours et qui est ouvert au monde moderne ».

Assimilation systématique ? Hors de question !

M. Nentwig a dit qu’une immigration et une assimilation systématiques du Tibet à travers des implantations de Han sont simplement hors de question. « Si vous venez à Lhasa, vous avez l’impression qu’il y a beaucoup de Han qui représentent plus de 50% de la population à Lhasa », a-t-il dit, mais ils ne sont pas majoritaires. Ils y séjournent temporairement. Des soldats, par exemple, ont quitté le Tibet, quand ils ont été démobilisés ; de nombreux ouvriers de construction ne sont là que pour des projets de construction de routes ; certains officiels sont désignés pour travailler au Tibet - ça par rotation, - et quittent à l’expiration des délais.
Certains commerçants y ont ouvert des magasins et des restaurants, mais n’ont pas l’intention d’y demeurer longtemps.

« Mais une fois que vous sortez de Lhasa, vous rencontrez rarement un Han », a dit M. Nentwig, qui avait passé un mois au Tibet pour un projet de recherche sur le yak l’été de 2002. « J’ai fait mes études dans un district où il y avait 20 à 30 Han vivant parmi 50.000 à 60.000 Tibétains », s’est-il rappelé. Il a dit que la proportion totale des Han habitant pendant de longues durées au Tibet est de 7%, alors que les Tibétains y représentent plus de 90%.

« Même avec les résidents à court terme, les Han représentent environ 20 à 25% de la population totale au Tibet, tandis que les Tibétains représentent la majorité écrasante, soit environ 75 à 80% », a-t-il expliqué.

Les régions habitées de Tibétains dans les provinces du Qinghai, du Gansu, du Sichuan et du Yunnan sont cependant plus diversifiées du point de vue ethnique et culturel, où les Tibétains coexistent pacifiquement avec des Hans et des membres d’autres ethnies, tels que des Huis, des Mongols, des Qiang, des Tu et des Salar depuis des siècles, a dit M. Nentwig.

Si des Tibétains exilés, sous les slogans « anti-assimilation » ou « anti-sinisation », vont combattre pour la prédominance culturelle ou politique des Tibétains, cela ira à l’encontre de la vérité historique et ce sera injuste pour tous les autres résidents de là-bas, a-t-il estimé.

Le chercheur a énuméré certaines raisons historiques et géographiques pour le développement relativement lent du Tibet, en comparaison avec d’autres régions chinoises. Une industrialisation globale « ne convient pas » au Tibet et son agriculture est également défavorisée par ses conditions naturelles, parce que de grandes étendues de pâturage ont une « mince couche de sol qui ne peut pas être cultivée », a-t-il estimé.

Il a attiré l’attention sur le fait qu’avant 1950, il n’y avait pas d’hôpitaux, ni d’écoles hors de l’éducation monastique. Tout en reconnaissant qu’un tel écart « ne peut pas être réduit du jour au lendemain », M. Nentwig a noté que l’espérance de vie au Tibet a augmenté, en passant de 35 ans dans les années 1950 à 67 ans de nos jours.

Il a acclamé la libération de la majorité des Tibétains du joug de servage, en la qualifiant de « grand progrès », ajoutant que la plupart des Tibétains se trouvent dans des conditions nettement meilleures qu’il y a plus de 50 ans. Il a dit que la politique nationale du gouvernement chinois est « énormément généreuse » et qu’il y a de nombreux exemples qui montrent que les minorités ethniques de Chine jouissent des traitements préférentiels.

« Les Tibétains, par exemple, peuvent généralement avoir deux enfants... et les Tibétains à la campagne peuvent en avoir trois ou même davantage, alors que la politique à enfant unique est appliquée chez les Han ».

« Le plus récent recensement a montré que ces 20 à 30 dernières années, le taux de croissance de la population des Tibétains est beaucoup plus élevé que les Han », a-t-il ajouté.

M. Nentwig a critiqué certains médias occidentaux qui font entendre seulement les voix de l’ancienne classe au pouvoir, c’est-à-dire les voix des représentants de l’ancienne théocratie, des aristocrates cléricaux et féodaux, qui avaient perdu leur pouvoir et qui ne peuvent « plus exploiter le peuple comme ils voulaient », tout en ignorant les voix des Tibétains ordinaires qui « ont une histoire tout à fait différente à raconter ».

Admettant que l’approche de la Chine concernant les minorités ethniques doit encore s’améliorer, M. Nentwig a dit que si on veut critiquer la Chine, une telle critique devra être concrète, constructive et basée sur les faits. « Cela n’aide à rien, si des absurdités sont répandues comme l’ont fait et le font encore certains médias occidentaux », a-t-il conclu.


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Messages

  • pour qui travaille le journal Temoignage ? pour les Chinois maintenant ? je suis étonné de votre position sur ce sujet et de citer cet Allemand.

  • En ce moment pas mal de journalistes, d’horizons politiques très divers, ressortent en salves, comme des orgues de Staline déversées sur la tête du Dalaï Lama, les vieux arguments pro-gouvernement Chinois des amitiés sulfureuses de Tenzin Gyatso avec un ami alpiniste Nazi, on va même rechercher parfois jusque dans les poubelles la récupération de la Swastika Hindi-Bouddhique par Hitler, le soutien de la CIA, jusqu’à G. Bush et consorts,la propriété "historique" de la Chine sur le Tibet (elle a duré en fait deux périodes de quelques décennies sur des milliers d’années), etc ...
    On oublie volontiers le million de morts Tibétains, les ventes d’organes par milliers des exécutés politiques, délinquants financiers ou religieux (Falung Gong)depuis des décennies, les tortures et les camps de travail forcé et on diffuse maintenant sur "Témoignages" ce texte de Mr Nentwing qui rajoute à la désinformation.
    Moi qui soutenais la position du PCR dans la plupart des domaines, là je ne vous suis plus du tout.

    Certes, la tentative de récupération du mouvement populaire de solidarité avec le peuple Tibétain par G.Bush et son pantin Français pour ne nommer qu’eux, alors que ces gens ne sont pas vraiment des modèles de pacifisme et de respect des peuples, est évidente, mais c’est justement pour cette raison que Témoignages devrait adopter une attitude clairement solidaire avec les Tibétains et non se ranger derrière la position Chinoise, uniquement pour démontrer que le journal est anti-impérialiste ("américain").

    Témoignages semble oublier que le Gouvernement Chinois n’est pas le Peuple Chinois, et qu’on peut être solidaire avec les Tibétains et considérer le Gouvernement de la Chine comme un oppresseur sans que çà veuille dire qu’on serait donc pro-Américain et un agent objectif de la CIA !
    Cette vue officielle Chinoise, très bien présentée ci-dessus par Mr Nentwing à la suite de Han Suying en d’autres temps, de ce qui se passe au Tibet et cette ignorance totale de la nature même du projet écologique et social pour le Tibet (et pour le plus grand bénéfice de la Chine) de l’Administration Tibétaine en exil, maintiennent le lecteur de Témoignages dans le flou.

    On arrive même à fragiliser un des remparts qui subsistent encore contre la marchandisation globalisante du monde et qui prône une vie plus respectueuse de la Nature et de l’Humain, à salir un groupe de gens posititifs et progressistes réunis autour d’un simple moine militant pour un projet de société plus solidaire.
    Informez vous davantage sur ce dossier et vous vous rendrez compte que vous faites fausse route en occultant la réalité des propositions concrètes de ce gouvernement en exil pour la région dite "Autonome" du Tibet, dans le cadre d’une Fédération Chinoise réellement démocratique.

    C’est assez décevant de voir que même ceux qu’on croyait d’esprit progressiste et avancé, se mettent à emboiter le pas aux marchands transnationaux et à oublier leur tradition de solidarité avec les peuples opprimés.
    Cet article a durablement écorné la sympathie que j’avais pour Témoignages.

    Votre position sur Mohamed Bacar est tout aussi décevante car, sous prétexte de contrecarrer la politique Françafricaine arrogante, violente ou paternaliste des gouvernements Français successifs, vous participez en réalité à favoriser l’émergence réactionnelle dans les Comores d’un gouvernement ultranationaliste et religieux, de façon plus durable et profonde que si vous aviez soutenu la position de Mr Kouchner.
    Participer à la curée contre Bacar,sans mettre des nuances ni donner des analyses fines, c’est faire le jeu de Mr Sambi et de l’Etat Français à Mayotte.
    Au lieu de produire des analyses exhaustives, vous produisez des articles courts et lapidaires qui maintiennent chez le lecteur une totale confusion.
    Le Tibet, comme la question de Mayotte, de Mohéli, d’Anjouan et de la Grande Comore, sont des sujets délicats qui ne se traitent pas en quelques lignes.

    Le France a suffisamment fichu la pagaille dans et entre ces îles et si durablement en se conservant Mayotte en prétextant qu’elle l’avait achetée à Mr Andriantsoly, n’en rajoutez pas en faisant le jeu du nationalisme religieux Sambien.

    Autant Mr Sambi que les Dirigeants Chinois sont experts en récupération nationaliste des réactions populaires venant de l’Etranger hostiles à leurs politiques intérieures.
    G. Bush et tous les dictateurs du monde usent des mêmes moyens médiatiques, y compris les dirigeants de nos prétendues "démocraties modèles" occidentales.
    On ne peut plus se contenter d’articles manichéens qui surfent sur la surface de situations aussi complexes. Soit on ne dit rien, soit on produit des analyses argumentées. Sur ces deux sujets, ce n’était pas le cas jusqu’à ce jour.

    Je voudrais enfin terminer par ceci : ce n’est pas parce que le JIR est "de droite" qu’on peut se permettre de juger sa position erronée dans le traitement de la destitution armée de Mr Bacar. J’en ai été le premier surpris et même s’ils visent probablement d’autres objectifs occultes à être aussi militants sur cette cause, ce sont bien, cette fois ci les seuls à donner des infos fiables sur cette affaire.


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