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par le Dr Raymond Vergès

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H5N1 : feu vert au premier vaccin « prépandémique »

lundi 2 juin 2008


La Commission européenne vient d’accorder une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) au ’Prepandrix’, le premier « vaccin prépandémique pour humain contre la grippe H5N1 ». Produit par le laboratoire britannique GSK, il est présenté comme une arme supplémentaire à la disposition des autorités sanitaires en cas de pandémie grippale.


Dans un premier temps au moins, il ne sera pas disponible en officine. En février dernier, l’Agence européenne du Médicament (EMEA) a reconnu la capacité du "Prepandrix" à limiter la transmission inter-humaine d’un virus aviaire H5N1 mutant. "Limiter" et non "stopper", la nuance est de taille. En effet et en dépit de son appellation, le "Prepandrix" n’est pas un vaccin à proprement parler.

« Nous avons travaillé sur une souche virale H5N1 (A/Vietnam/1194/04 n.d.l.r.) qui a circulé et tué des malades au Vietnam en 2004 », nous a expliqué le Dr Sophie Muller, responsable du Projet Vaccin H5N1 pour GSK France. « Nous lui avons ajouté un nouvel adjuvant, qui permet d’induire une immunité croisée contre un virus H5N1 mutant ».

Cette immunité croisée vient d’être reconnue par la Commission européenne. Une immunité limitée, puisque « ce type de "vaccin" ne sera efficace que si le véritable virus pandémique est proche du virus pré-pandémique H5N1 actuellement connu », avertit le ministère de la Santé. Au cas où l’OMS viendrait à déclarer une situation de pandémie, l’intérêt essentiel de ce vaccin résiderait dans sa capacité à élever rapidement le niveau d’immunité, sans attendre de longs mois qu’un vaccin pandémique incluant la valence exacte en circulation soit disponible. Le laboratoire GSK prépare d’ailleurs activement ce type de vaccin. « Nous avons le “Pandemrix”, un vaccin potentiel qui attend juste qu’y soit incluse la souche exacte du virus à l’origine de la pandémie. Une fois identifié et isolé, il nous faudrait 5 à 6 mois pour le produire ».

Un délai logique, puisqu’un vaccin est cultivé sur des œufs de poule embryonnés, à partir d’une souche virale clairement identifiée. Or le virus pandémique qui mettra le feu aux poudres n’est pas encore connu. Impossible, naturellement, de produire un vaccin contre une souche virale qui n’existe pas.

D’autres firmes sont également dans la course. Sanofi Aventis par exemple, a bien présenté un vaccin prépandémique H5N1 dès octobre 2006. « Nous n’avons pas demandé d’AMM. Nos efforts se concentrent plutôt sur l’amélioration de notre capacité de production vaccinale », explique le Dr Albert Garcia, porte-parole du pôle “Préparation pandémique” de Sanofi Aventis. « Nous tentons de réduire la durée pour la production d’un vaccin. C’est essentiel à nos yeux. Et pour tout vous dire, je ne crois pas vraiment à ces vaccins prépandémiques. C’est en réduisant la durée de production des vaccins que nous gagnerons la bataille contre une pandémie grippale ».

Le groupe pharmaceutique suisse Novartis enfin, est lui aussi sur la ligne de départ avec son "Focetria". Ce vaccin pandémique prototype a obtenu une AMM européenne en mai 2007. « Si un début de pandémie se produit, la souche virale contenue dans "Focetria" sera remplacée par la souche à l’origine de la flambée », précise le producteur.

En fait les enjeux sont cruciaux et le temps presse. A ce jour, 241 personnes ont déjà succombé au virus aviaire à travers le monde. Ce qui nous préserve aujourd’hui d’une pandémie, c’est l’incapacité du virus à se transmettre d’homme à homme. Mais il suffit que se produise la mutation autorisant cette transmission interhumaine pour que H5N1 se transforme en souche pandémique. Et la question que se posent les experts de l’OMS n’est pas de savoir "si" cette mutation surviendra, mais "quand".


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