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Lutte contre le chikungunya : La Réunion est un atout pour l’Europe

La France craint une épidémie

lundi 21 juillet 2008, par Manuel Marchal


L’annonce d’un plan anti-chikungunya en France est là pour rappeler que dans la lutte contre cette maladie, La Réunion a une expérience qui est un atout pour l’Europe. La pratique de la lutte contre le chikungunya n’est pas le seul exemple de nos atouts.


Pour faire reculer le chikungunya, les Réunionnais ont mis au point une lutte respectueuse de l’environnement.
(photo Toniox)

Identifié dans les années 50 en Tanzanie, le chikungunya a touché gravement La Réunion avec plus de 230.000 personnes contaminées et des dizaines de décès. L’épidémie a concerné tous les pays de la région. Et en Inde, plusieurs millions de personnes ont été touchées depuis 2005. Spécifique jusqu’alors aux pays tropicaux, le chikungunya commence à toucher l’Europe. L’an dernier, il a frappé en Italie. Et cette année, le gouvernement français prend la menace très au sérieux.
Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a annoncé vendredi le lancement d’un plan anti-chikunugunya afin d’anticiper tout risque d’épidémie.
Notre île a payé un lourd tribut à la maladie, et tout risque n’est pas écarté. Au-delà des conséquences sanitaires, avec des services d’urgence débordés, notre pays a vu son activité économique touchée.
Mais La Réunion a également acquis une expérience dans cette lutte. Rappelons notamment l’utilisation d’insecticides et de larvicides biologiques comme le Bti. Les premiers épandages de produits chimiques ont en effet provoqué de graves dégâts. A la catastrophe sanitaire et économique s’est ajouté un drame écologique.
Pour sortir de la crise, les collectivités ont ainsi formé des centaines de travailleurs à l’utilisation du Bti, citons également les déchetteries mobiles.
Un peu plus d’une semaine après la conclusion du congrès “L’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et la perte de biodiversité”, c’est la confirmation d’une idée forte de cette manifestation : l’atout essentiel que constitue l’Outre-mer pour l’Europe.
En effet, dans le domaine sanitaire, les bouleversements climatiques rendent aujourd’hui l’Europe vulnérable à des maladies spécifiquement tropicales. Du fait de leur situation géographique, les régions d’Outre-mer sont des sentinelles avancées. Chaque avancée de la recherche obtenue outre-mer contre cette maladie est également une avancée pour l’Europe. Chaque nouvelle méthode de prévention ou de lutte expérimentée à La Réunion est également un acquis pour les populations d’Europe.
Avec le changement climatique et la mondialisation, l’Europe risque d’être de plus en plus confrontée à ce type d’alerte sanitaire. Cela rappelle tout ce que l’Outre-mer peut apporter à l’Europe dans ce domaine précis, mais également dans d’autres secteurs. C’est un renversement de l’approche des relations entre La Réunion et l’Europe qui émerge. Ce que la Commission européenne nomme « un nouveau paradigme » est mis en avant de longue date par les forces vives à La Réunion.
C’est ce « nouveau paradigme » qu’a mis en avant le 8 juillet dernier, à Saint-Denis, Ana-Paula Laissy, chef d’unité RUP à la DG Politique régionale de la Commission européenne. Lors de la conférence internationale sur le changement climatique et la biodiversité, elle a précisé que la future stratégie de l’Union européenne sera de « valoriser les atouts des RUP plutôt que se centrer sur les handicaps ».

Manuel Marchal


Changement climatique et mondialisation

La présence du moustique vecteur du chikungunya en France est liée aux modifications du climat provoquées par les activités humaines. En effet, c’est le rapide réchauffement de la planète qui offre la possibilité au moustique vecteur de survivre dans un environnement qui, voilà quelques années, lui était totalement hostile.
Résultat : des pays européens comme la France sont menacés par des épidémies de maladies tropicales.
La mondialisation des échanges joue également un rôle. Le virus peut être transporté par avion en quelques heures d’un pays tropical à un pays du Nord. Et sur place, la présence du vecteur rend possible l’épidémie.


France : anticiper le risque d’épidémie

L’an dernier, l’Italie a été touchée par une épidémie de chikungunya : plus de 200 personnes touchées. Vendredi à Nice, la ministre de la Santé a mis en garde contre le risque d’épidémie dans le Sud-Est de la France. Le vecteur du virus a en effet été détecté.
Neuf cas "importés", touchant des patients ayant ramené le virus de l’étranger, principalement celui de la dengue, ont été diagnostiqués en France en 2007, mais il n’y a eu jusqu’à présent aucun cas autochtone.
Le nouveau dispositif présenté par la ministre à Nice prévoit la mise en place d’une série d’actions, concernant notamment le diagnostic et la prise en charge des malades, dès l’apparition en France d’un foyer "autochtone", touchant au moins deux patients infectés sur le sol français.
Par ailleurs, une campagne d’information avec distribution de dépliants et spots audiovisuels a été mise au point.


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