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Innovation et nutrition : un véritable challenge pour les entreprises agroalimentaires

Journée de l’innovation et de la nutrition mercredi dernier au Centhor à Saint-Gilles les Hauts

lundi 29 septembre 2008


La CCI Réunion et Entreprise Europe organisaient mercredi dernier, en partenariat avec le pôle de compétitivité Qualitropic et l’ADIR, une journée d’information sur le thème ’Innovation et Nutrition’ à destination des entreprises sur le marché de la nutrition. En effet, dans quel contexte évoluent-elles ? Quels sont les enjeux et les contraintes qu’elles peuvent rencontrer au quotidien ?
Reconnue comme secteur prioritaire dans la Loi d’Orientation pour l’Outre-Mer, l’agronutrition réunionnaise dispose d’atouts majeurs tant en matière de ressources que de savoir-faire. Pour relever le défi de l’intégration internationale, les entreprises de l’agronutrition doivent innover pour saisir les opportunités de marché qui s’offrent à elles.


Invités à débattre sur ces thèmes de l’innovation et de la nutrition par le Centre Régional d’Innovation Transfert de Technologie de La Réunion, Philippe Boiron, directeur du CRITT agroalimentaire de Poitou Charentes, et Lucile Boyer, chargée de mission CRITT agroalimentaire de Poitou Charentes, nous dévoilaient les résultats auxquels était parvenu le CRITT de Poitou Charentes. D’après l’étude menée par Lucile Boyer, « il faut tenir compte d’un équilibre alimentaire afin d’obtenir une bonne répartition des apports quantitatifs et qualitatifs.

Les différents groupes d’aliments restent importants. L’apport énergétique conseillé pour un homme est de 2.210 kilocalories et pour une femme, 2.000 kilocalories. L’évolution des habitudes alimentaires a un impact considérable sur la consommation alimentaire. Les modes de vie changent également ».

Jean-Pierre Avril, président de Qualitropic. « ... L’alimentation reste encore un élément de plaisir, de convivialité chez nous... il faut qu’on trouve notre propre voie, notre équilibre d’ici... ».
(photo PD)

L’on va vers une politique de santé publique. Une bonne alimentation, une bonne santé, c’est un moindre coût pour l’État et c’est la raison pour laquelle il a mis en place un PNNS (Programme Novateur de Nutrition Santé). Ce qui intéresse particulièrement les entrepreneurs, ce sont les programmes élaborés pour les années 2001-2005 et 2006-2010.

Le PNNS assure une qualité des produits consommés

Le PNNS encourage l’augmentation de la consommation de fruits et légumes, de calcium, de lipides, de glucides totaux, de fibres, et se fixe comme objectif de diminuer la consommation d’alcool et de faire baisser le taux de cholestérol. Il veut amener à long terme une amélioration de l’hygiène de vie. Les répercussions de ces plans sont fondamentales. Le PNNS se positionne comme un véritable outil régulateur de la santé publique. D’autant plus que les directives qu’il intègre bénéficient d’un appui législatif. Les professionnels du marché agroalimentaire doivent donc obligatoirement en tenir compte. Il faut donc contribuer à une nutrition de bonne qualité avec une capacité innovante. Autre aspect de ce programme, la communication employée.

Innover en tenant compte de la perception des consommateurs des aliments-santé

Innover certes, mais il faut que le produit plaise au consommateur, d’où l’utilité d’une bonne communication faite à partir de logos, d’affiches, de kits... L’entreprise doit développer des produits qui correspondent aux attentes des consommateurs.
Le PNNS (2006-2010) a ce souhait particulier d’intégrer les entreprises à ses décisions et de mieux prendre en charge l’obésité de l’enfant. L’implication des industries agroalimentaires peut se faire à plusieurs niveaux, notamment dans la formulation des produits. Elles peuvent par exemple réduire progressivement la teneur en sucres simples ajoutés et/ou en graisse et/ou en sel. Elles peuvent aussi s’impliquer au niveau des financeurs et des fournisseurs de données. L’objectif étant de sensibiliser, d’éduquer le consommateur. Les entreprises doivent par ailleurs se mobiliser sur leurs discours, les produits et les services associés. Autre observatoire référentiel, l’observatoire de la qualité aliment et industriel. Six chartes ont été signées dernièrement, notamment sur la composition des nouveaux produits.
Dans le cadre d’une restauration collective, les recommandations se font sur les besoins de structuration des repas. On classe les personnes en trois catégories : les nourrissons et jeunes enfants, les enfants et jeunes adultes et les personnes âgées. Les recommandations pour l’élaboration des menus sont simples : il faut faire attention à la qualité et à la quantité. On assiste progressivement à un contrôle de l’équilibre alimentaire.

Jean-Pierre Avril, président de Qualitropic, nous donnait son avis sur la question au niveau local. « Nous avons eu le souci d’offrir le meilleur et nous avons pas mal réussi. Au début de l’an 2000, nous avions atteint un pallier, il fallait trouver autre chose. Faire face à une concurrence demandant une certaine capacité à entendre, à réagir. Nous avons intégré le projet de pôle compétitivité en 2005 et nous avons pris le pari d’un projet de progrès dans ce champ-là. L’alimentation reste encore un élément de plaisir, de convivialité chez nous... il faut qu’on trouve notre propre voie, notre équilibre d’ici. Dans la standardisation des modes de vie, on a du bon, on a du mauvais. Le résultat que nous cherchons, c’est avant tout que nos entreprises, nos activités développent leur part de marché. Validons ce qu’on fait et progressons ensemble », affirme-t-il.
Néanmoins, le cadre général que nous venons de dépeindre peut s’adresser à des situations locales, il y a des grandes logiques que les entreprises peuvent intégrer.

L’évolution du consommateur et du marché

Il y a actuellement une réduction de 30% de la progression de la consommation et une restriction de la part des dépenses alimentaires. 20% d’entre eux éprouvent la nécessité d’avoir à la fois un intérêt santé et plaisir, 22% ne pensent qu’au plaisir de consommer, 23% recherchent les prix bas, 15% s’alimentent pour leur santé et 8% ont une alimentation diversifiée. L’on assiste à une évolution des aliments qui font du bien à la santé. Ce phénomène est durable. On assiste à un vieillissement de la population et un recours à l’accompagnement scientifique.

Le "riz, carry, grain" est-il détrônable à La Réunion ?

A La Réunion, les modes de consommation ont peu évolué, le riz, carri, grains persiste, mais les fruits et légumes ont également leur place. Les Réunionnais aiment par ailleurs consommer des produits frais. Avec le développement du diabète et du cholestérol, les gens ont tendance à faire attention. Seule la cherté de la vie les pousse à acheter des produits surgelés et de moindre qualité. Gélabert Franscisco est le patron de Tropilégumes et Sud Services Traiteur. Pour lui, deux choses paraissent difficiles à réaliser à travers tout ce qui a été dit précédemment : « il y a cette difficulté d’être pertinent au quotidien, comment faire passer le message ? Pour ma part, les pistes sont assez brouillées. Il y a une inadéquation en termes de prix et de qualité. Si les recommandations conviennent aux obligations, c’est parfait, sinon ça devient un problème. Je suis fournisseur pour la restauration collective pour les enfants. Les communes qui n’ont pas de budget préfèrent travailler avec du surgelé, alors que je livre du local, du frais tous les jours. Heureusement qu’il y a des communes volontaristes comme celle du Port qui achète toutes mes tomates fraîches ».

L’agronutrition réunionnaise dispose certes d’atouts majeurs tant en matière de ressources que de savoir-faire, mais il lui faudra prendre en compte une réglementation, une évolution des habitudes et des comportements alimentaires du consommateur. Certains outils professionnels sont mis à leur disposition, c’est à eux de trouver un équilibre entre l’offre et la demande.

Sophie Bélim


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