Ti-marmaille-là voulait mettre un grain de sel sur la queue du merle tant il trouvait l’oiseau en un mot magique. Jaloux, dans le fond de la légèreté et de l’agilité merveilleuse du piaf, il voulait s’en saisir, l’avoir à lui tout seul, s’approprier toutes les qualités qui semblaient faire défaut à sa petite existence de marmaille-la-poussière. Le merle l’entraîna loin, à chaque fois plus loin, d’enjambée en enjambée, jusqu’au bord du vide. Et sur les sentiers abrupts sur lesquels il n’eut pas conscience de (...)
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C’en est trope
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Dyab-la ka mandé an timanmay (2)
27 décembre 2018, par Jean-Baptiste Kiya -
Dictionnaire du BGG
21 décembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaNous avons tenu à dictionner le baragouinage magifique du BGG. Les géants n’ayant pas de mère, ils apprennent à lire tout seuls dans Dickens, au gré de leur fantaisie, ce qui fait un langage tout soufflaturé de rêves, dont nous vous proposons en exclusivité un dictionnaire inédit. Voyage dans l’oreille d’un géant :
Abomineux (adj.) ; alligrasporc (n., masc. sing.) ; amobinable (adj.) ; angue (n., masc. sing.) ; badivernage (n., masc. sing.) ; bagandaine (n., fém. sing.) ; bavardinage (n., masc. sing.) (...) -
Babacoûte !
13 décembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaParole d’Ancien : Si l’Homme a une seule bouche, et deux oreilles, c’est parce qu’il est incontestablement destiné plus à écouter qu’à dire. Bien des choses ont remonté, ces derniers événements ; il suffisait de se pencher un peu pour s’en rendre compte. Une vieille dame de mon quartier m’a rappelé qu’ô combien ! la période de l’Avant était pernicieuse. “Le 2 novembre, les Morts font la fête, me dit-elle en hochant la tête ; cette année, ils ont décidé de poursuivre un peu plus… Les croisées des chemins sont (...)
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Dyab-la ka mandé an timanmay (1)
6 décembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaTi-marmaille-là voulait mettre un grain de sel sur la queue du merle tant il trouvait l’oiseau en un mot magique. Jaloux, dans le fond, de la légèreté et de la vivacité merveilleuses du piaf, il voulait s’en saisir, l’avoir à lui tout seul, pour faire sien toutes les qualités qui semblaient faire défaut à sa petite ‘existence de ti-marmaille-la-poussière’. Le merle l’entraîna, loin, à chaque fois plus loin, jusqu’au bord de la vie, et sur les sentiers abrupts sur lesquels il n’eut pas conscience de courir, (...)
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Plus, et en pire - avec Stephen King
29 novembre 2018Tu comptes me griller avec ça ? Il en rigolait presque, le JP. Valentin tournait autour, tout fier : le genre de gamin qui n’a pas connu le temps où le groupe Eurythmics jouait du violoncelle au milieu des vaches. Vas-y, marre-toi maintenant, parce qu’après, je t’en mets vingt dans ta face… C’est quoi comme marque ? Ça existe ?… Elle était drôlement maquillée, la C2, avec un double aileron à l’arrière, trois pots, des spoilers de chaque côté de l’enjoliveur taillé aéro. Valentin commentait avec gourmandise (...)
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Aggiornamento Macouria
22 novembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaUne fois sorti de la contradiction, tout est possible, résonnaient les Grecs. À leurs yeux, la vérité n’était pas une, mais double. Il y avait Momos, le dieu de la Vérité, dieu du miroir ; et Némésis, la Vérité combattante, celle qui est enfermée et qui a besoin de sortir au grand jour, pour crier. Mythe qui vieillit mal, pensent certains - dans les familles où l’obscurité et le mensonge s’héritent, se répète invariablement la formule : « La vérité ne se dit pas, et le mensonge est interdit ». À l’instar (...)
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Traité du vide (Alain Nadaud)
15 novembre 2018, par Jean-Baptiste Kiya« Reprends ton Pythagore ! », bougonnait mon père, sur le canapé à lire son ‘’Monde’’ quand je buttais sur mes exercices de maths. C’était une époque où je m’amusais à développer π avec ses décimales, de sorte à en dresser une tour qui s’élevait en colimaçon jusqu’à la Voie lactée… Dans le Timée, Platon écrit : « Au tout début, il y avait des Idées et des Nombres ». Je me le répétais à l’envi, fasciné par cette monstruosité : l’infini multiplié par zéro égale zéro - ce que je récoltais souvent en dictée. Ce serait (...)
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Zistoir la Renyon et Art social (Daniel Honoré)
8 novembre 2018, par Jean-Baptiste Kiya‘Aller marron’, c’était monter dans les Hauts, fuir l’esclavage, reconquérir une dignité perdue. C’était aussi dominer les bas où s’étalaient les Gros Blancs dans leurs richesses et leurs luxes invraisemblables. Regarder la montagne aujourd’hui avec ces yeux-là la rend plus haute, n’est-ce pas ? Il est des contes et des légendes qui racontent cette montée : quand Ti-Zan marronne, se révolte contre Grandiab, contre le Dieu des Blancs, au paradis même, à qui il fait la leçon ; la riche Madame Débasin condamnée (...)
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Charles Angrand : le point sur la correspondance adressée à Maximilien Luce (12)
2 novembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaLa recherche portant sur la vie et l’œuvre de l’artiste néo-impressionniste Charles Angrand passe par l’étude du corpus de la correspondance qu’il entretint avec ses camarades. L’importance de celle qu’il échangea avec Maximilien Luce, acquise par l’Institut National d’Histoire de l’Art auprès d’un libraire newyorkais en mars 2010, amène au comparatif avec celle qui fut publiée par M. Lespinasse en 1988, 22 ans plus tôt.
Au sommaire de l’ouvrage, est indiqué 192 lettres pour le seul destinataire, avec un (...) -
Michel Onfray double face
25 octobre 2018, par Jean-Baptiste KiyaD’Onfray, nous connaissions la saine critique de la psychanalyse, les travaux sur l’anarchisme, son éclairage sur le rôle des femmes durant la Révolution. Nous connaissions cela ; en revanche, nous ne connaissions pas ses lieux communs sur la Guyane. Il faut s’y arrêter pourtant. Page 18 : « À Cayenne, ville au bord d’une mer marronnasse, il y a la violence et la prostitution, des quartiers dangereux, des histoires racontés par tous les expatriés (sic) de couteaux sous la gorge, de viols de femmes (...)
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Quand la nature se met à imiter l’art (Sylvain Tesson)
19 octobre 2018, par Jean-Baptiste KiyaNul n’ignore que, depuis Monet, la nature n’a plus le même abord, que l’impressionnisme, qui nous a dévoilé les soleils levants, les champs de coquelicots et les forêts automnales, s’est mis, comme des lunettes, entre le paysage et nous ; de là à chercher Monet dans la nature, c’était quand même une autre affaire. D’ailleurs, plutôt insatiable, ou fuyante ? La nature aime-t-elle à se cacher, comme le professait Héraclite ; a-t-elle horreur du vide, comme le XVIIe siècle le proclamait ? Le peintre (...)
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La bêtise est si divertissante !
11 octobre 2018, par Jean-Baptiste KiyaGeorges Boisflambart, en entrant dans la salle d’attente du Dr. Lacanaille, jeta à la cantonade un cordial « Bonjour ! » Pour toute réponse, il entendit « Prout ! » Surpris, il cala son monocle, et regarda alentour. « C’est pas moi. Ni moi. Et moi encore moins », fit un gros homme en tweed qui tournait la feuille d’un Figaro. Boisflambart et les trois patients se mirèrent tour à tour intrigués, puis se tournèrent d’un même mouvement vers l’unique chaise blanche et inoccupée qui restait dans la salle (...)
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Le secret de l’invisibilité (par Naipaul)
4 octobre 2018, par Jean-Baptiste KiyaLe poète nigérian Ben Okri a rédigé deux histoires à quelques années près. Il a fait d’abord le récit d’un esprit qui part dans toute l’Afrique à la conquête du secret de la visibilité ; puis, celui d’un jeune homme qui a tout pour lui, et qui se lance dans un voyage continental pour trouver le secret de l’invisibilité.
De ces deux histoires, il n’en publia qu’une. Je vous laisse à penser laquelle. Ce que l’on ne sait pas, c’est que ces deux récits se rejoignent, se recoupent, qu’ils ne forment qu’une seule (...) -
Cradibouille
27 septembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaEt si Roald Dahl était le nom d’un menteur Et que de tous ces contes, il n’était pas l’auteur ? ‘Mi lé pa volèr : Mi prends pas l’heure’ Semble-t-il nous dire, à nous, Petits lecteurs de rien du tout.
Je vais vous raconter, moi, une vraie histoire Celle de Cradibouille qu’on l’appelait, voire - Sale Gueule, Tête Sale, mais son vrai nom C’était tout rond : Cradibouille - Une vraie fripouille. Ce Cradibouille était avant Comme toi : petit enfant. Mais jamais il ne voulait Se laver. Il était tout sale, Comme (...) -
Charles Angrand, le point sur la correspondance adressée à Maximilien Luce (13) : document inédit
20 septembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaDu choc de la Grande guerre se leva le mouvement pacifiste et internationaliste ‘Clarté’. S’y retrouvaient des jeunes montés au front dans leur vingtième année qui avaient scellé la rupture avec la société bourgeoise. Ils se faisaient les porte-parole de la “génération massacrée”, avec “rageusement la guerre dans leurs entrailles”.
La fracture entre l’Avant et l’Arrière dont Clarté se voulait l’expression révolutionnaire se faisait le miroir de la haine de classe sur laquelle la Guerre s’était organisée : les (...) -
Charles Angrand, le point sur la correspondance adressée à Maximilien Luce (12) : document inédit
13 septembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaLe travail de comparaison entre la Correspondance publiée de Charles Angrand et celle conservée au fonds de l’Institut National d’Histoire de l’Art amène à des observations. Il est légitime d’affirmer que les publications biographiques portant sur l’artiste néo-impressionniste ont soit laissé dans l’ombre certains aspects, soit écarté délibérément des éléments importants qui pouvaient éclairer la compréhension de l’œuvre. La lettre que Charles Angrand adressa à son camarade Maximilien Luce, classifiée 142, du (...)
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La Porte du dragon (Tao)
6 septembre 2018, par Jean-Baptiste KiyaLa rencontre des deux maîtres, Confucius et Lao-tseu, contée par l’historien Sseu-ma-t’sien, intègre ce commentaire de maître Kong : « Je sais que les oiseaux volent, je sais que les poissons nagent, je sais que les quadrupèdes courent. Les animaux qui courent, on les prend au piège. Ceux qui nagent, on les prend au filet. Ceux qui volent, on les atteint avec des flèches. Mais le dragon, qui s’élève au ciel, porté par le vent et les nuages, je ne sais pas, comment on peut le prendre, lui. Aujourd’hui, (...)
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La Vache qui saute par-dessus la lune
30 août 2018, par Jean-Baptiste KiyaLa nuit claire ouatait d’argent l’arabesque des collines qui s’enivraient des senteurs des pins et de la douceur d’un ru. Un petit garçon, attardé à la fenêtre de la cuisine, contemplait la silhouette d’une vache qui paissait au sommet d’une colline bleue. L’animal leva la tête, se mit au pas, puis par un caprice inexplicable fit un bond, de sorte que, la lune venant de poindre sur le talus, elle sembla sauter par-dessus. Émerveillé, le gamin s’écria : Papa, papa, la vache, elle a sauté par-dessus la (...)
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Pour une littérature de griots
23 août 2018, par Jean-Baptiste KiyaPlace bondée d’un village désert. Conversation de griots. Le premier harangua la foule. Si on pouvait remonter dans le temps, loin dans le temps, on pourrait voir que les animaux n’avaient pas de queue. L’éléphant n’avait pas de queue, le crocodile n’avait pas de queue. Le serpent n’avait pas de queue, ce n’était qu’une tête. Et l’antilope non plus n’avait pas de queue. À quoi pouvait bien servir une queue, je vous le demande ?… Quant à l’araignée, elle, elle avait du fil et elle tissait, elle tissait. Elle (...)
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Notes d’un traître (1)
16 août 2018, par Jean-Baptiste Kiya. « Est-il immoral de nettoyer les toilettes avec le drapeau national ? » (Ruwen Ogien). J’y vois pour ma part plus de couleurs que de valeurs. . « Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de merde qu’il est temps de ne plus en avoir du tout. » (1869, G. Flaubert à G. Sand). . « Un homme bon, un homme sain, un homme raisonnable ne doit pas saluer les drapeaux » (Henri Barbusse). . « Les étendards sont faits pour nous dégoûter de la couleur » (Crevel). . « Le jour où l’on chantera sur l’air (...)
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