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par le Dr Raymond Vergès

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Égalité et liberté dans la République

mercredi 2 octobre 2013

Un lien indissoluble unit l’Égalité et la Liberté dans les trois références de la République : Égalité, Justice, Travail. Mais les réalités humaines et les évènements sociaux apportent parfois des contradictions telles qu’on pouvait douter de la réalité, et pourtant, on voudrait y croire.

L’égalité est un idéal et un programme

La réalité humaine nous montre par naissance des tailles inégales, des poids inégaux, des talents inégaux ou des forces physiques inégales, pour citer ces évidences. La République ne nie pas cette réalité. Elle ne peut d’ailleurs pas supprimer ces différences entre les citoyens, entre chaque homme et chaque femme. On se souvient cependant qu’à une époque de l’Histoire, le Maréchal Pétain avait essayé sans succès, par dictature, de remplacer la formule Liberté, Égalité et Fraternité par Travail, Famille et Patrie pour faire de la hiérarchie son fondement. Mais il essuya une sévère défaite, il échoua dans sa tentative. Il voulait faire du travail la sujétion au patron. La République reste consciente des faits : Elle reconnait, malgré les différences, à chaque individu la même dignité et lui concède les mêmes droits, des droits égaux à tous quels que soient la culture, la religion, l’origine sociale, la force physique ou le degré d’instruction. La richesse des différences constitue le souci de la République qui s’emploie à organiser la société pour que chacun ait les mêmes droits républicains. Mais malgré cette reconnaissance officielle, beaucoup de choses demeurent inachevées ou à parfaire pour que cette volonté ne soit pas un vœu pieux.

L’égalité est à la fois la chose la plus naturelle et en même temps la plus chimérique (vaine imagination, illusion, projet irréalisable, utopique)

Les rapports entre les individus en droits sont soumis aux mêmes obligations, mais ne sont pas toujours égalitaires. On peut évoquer les différences économiques et politiques et sociales. La perversion de toute société humaine met souvent frein à l’égalité naturelle. Le penchant assez violent de l’homme pour la richesse et les plaisirs, l’argent, et pour la domination engendre cette tendance à assujettir l’autre à ses volontés. En même temps, il aspire à la paresse, il ne veut faire que des choses agréables. Il s’en suit de là que bien que les hommes fassent tous les mêmes fonctions animales, rien n’empêche certains d’attacher à leurs services d’autres qu’ils emploient. Même si du fond de son cœur chaque homme à droit de se croire entièrement égal aux autres hommes, l’évidence apparaît. Il découvre pendant qu’il travaille pour un patron que les rapports deviennent inégaux lorsqu’il doit répondre à ses exigences et satisfaire à ses caprices. Il s’établit une relation de dépendance entre le patron et le salarié. Ce dernier se sentira moins libre de prendre des initiatives personnelles sans l’avis favorable de son chef, et ne pourra dans la réalité accueillir ce traitement inégalitaire. Il s’ennuiera quelques fois d’être relégué au rang inférieur, surtout que son avis est minoritaire et peu pris en compte dans la hiérarchie des décisions. Ceci prouve dans l’optique de la liberté de fait qu’il est dessaisi de toute puissance d’entreprendre, de moyens nécessaires à sa réalisation. Sa volonté n’étant pas libre, il devient esclave de ses instincts, de ses désirs et manque d’indépendance à l’égard de sa raison confisquée. En définitive, il ne peut expérimenter sa liberté.

Il n’y a pas de véritable liberté sans égalité comme il n’y a pas de fraternité possible sans égalité

La liberté prend son sens en pratique lorsque le traitement qui est fait à chaque individu n’est pas entravé. Le salarié ne peut donc rien décider de lui-même, il est dominé par la peur de la hiérarchie et lié à un engagement professionnel auquel il ne doit pas faillir. La force exercée par certains groupes minoritaires qui font la loi dans les cités des quartiers crée la gêne et des nuisances aux riverains, qui se sentent terroriser, et donc sont maintenus dans la peur puissent qu’ils n’arrivent pas à s’exprimer. L’homme qui ne peut se gouverner selon sa raison puisqu’on veut lui imposer sa conduite se rend captif de son groupe social d’assaillants.

Égalité et liberté d’expression

La liberté de l’homme se traduit à travers son action en fonction de sa nature, quand il ne subit aucune privation et est capable de comprendre et d’user de sa raison. Même issus de milieux différents, les citoyens doivent être traités également. On ne peut parler de liberté quand tous les citoyens ne sont pas tous traités également. Certains en sont privés à cause des prix très élevés des transports aériens, seuls quelques-uns des citoyens qui ont en ont les moyens financiers peuvent voyager. C’est bien aussi le cas des handicapés physiques, qui n’ont pas le même accès aux lieux qu’ils auraient envie de fréquenter.

L’égalité paraît être un programme à construire. Elle n’est jamais acquise tout comme d’ailleurs la liberté. C’est pourquoi les citoyens comme l’État doivent faire l’effort de toujours progresser dans le sens de son amélioration. En lutant contre les égoïsmes qui créent la division et permettent à certains de profiter des inégalités naturelles. Ils doivent reconnaitre les efforts inégaux que chacun fait, en octroyant le droit égal à ceux qui en sont privés, à exploiter leurs talents. Et à ceux martyrisés, qui n’ont plus le sentiment intérieur de leur liberté parce qu’ils ont des opinions contraires à celles dominantes.

 Bienvenu H. Diogo 


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