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Il était une fois... Goulette, Marchesseau, Bourgeois

mardi 20 janvier 2009, par Georges Gauvin

Marchesseau, Goulette et Bourgeois devant le FARMAN "F-AJJB"

Novembre 1929 : Dans le ciel de La Réunion, un paille-en-queue joue avec le vent, fonce en piqué sur la mer, virevolte et remonte ; rien pour le déranger. Bien sûr, l’avion s’était déjà posé à Madagascar, mais jamais à La Réunion ; jamais ici, chez nous.
Mais ne dit-on pas que trois aviateurs, Goulette, Marchesseau et Bourgeois, préparent une expédition pour poser un avion chez nous... alors là, on prête attention et l’on tend l’oreille : une première est une première et, forcément, cela attire l’attention.

Toute La Réunion aux abois

La Réunion entière est aux abois : ne dit-on pas que l’avion a failli tomber en panne d’essence au-dessus de l’Espagne ? Il se serait perdu au-dessus du désert, du moins on ne sait plus où il se trouve ; on le retrouve enfin, attaché par une corde avec des gens qui le retiennent pour empêcher qu’il ne soit emporté par le vent. Au Mozambique, il n’a pas trouvé de terrain d’atterrissage. Quelqu’un devait bien allumer du feu, mais son bœuf ayant été attaqué par un lion, il a préféré s’enfuir.
Ah ! un voyage comme cela, ce n’était pas une mince affaire. Mais, ouf ! au bout de onze jours, le voici, cet avion, à Madagascar, si proche de La Réunion, disons à la porte de notre pays, du moins sur un globe terrestre.

Encore des obstacles à franchir

Les gens trépignent d’impatience. C’est sûr, l’avion de France va bientôt se faire voir dans notre ciel, mais que se passe-t-il donc ? Les héros sont fatigués, ou les obstacles rencontrés jusqu’ici les ont-ils usés ? Le terrain de Gillot serait trop court ! On murmure qu’il vaudrait mieux transporter l’avion par bateau. Quoi, par bateau ! Les compatriotes de Roland Garros trépignent d’indignation, et n’en finissent pas, gouverneur en tête, de grommeler. Quoi, l’avion de France arriverait par bateau ; non ! ce n’est pas possible, on attend de lui qu’il se pose à Gillot ; d’ailleurs, on continue, sans mollir, à préparer le terrain d’atterrissage.
Cette fois, c’est Goulette qui tombe malade. Quelle déveine ; après la crainte des cyclones, les projets affectés de couardise, voilà la maladie !

Atterrissage mouvementé à Tamatave

Ah ! enfin, Goulette n’est plus malade et décide d’atterrir à Tamatave avant l’ultime étape devant le conduire à La Réunion. Un mauvais choix ? Peut-être, car le vent souffle fort et le petit avion risque de s’abîmer. L’atterrissage réussit, mais les gens s’entassent sur la piste improvisée au risque de se faire tailler en morceaux ; plus de peur que de mal, mais l’avion doit être réparé.

La peur des héros

La mer est si vaste, et La Réunion si petite ; au moindre coup de vent, l’avion risque de rater l’île et se perdre dans l’océan Indien. Goulette s’entend avec un capitaine de bateau : il ira devant et l’avion devrait le doubler à mi-chemin entre Madagascar et notre île. Mais, il était dit que jusqu’au dernier moment, les héros auraient des sueurs froides. Mais où est donc ce bateau ? Plus au Nord, montons plus au Nord : dix minutes, quinze minutes et rien ; Vingt minutes et toujours rien ! Il faut retourner sur ses pas, repartir vers la grande île. Mais, au miracle ! Voilà le bateau et sa fumée bleue ; Tout va bien... direction Gillot ! On est le 26 novembre 1929 : le but du voyage est à portée de main, à portée de main l’exploit !

Enfin arrivés !

Un piton bleu perce les nuages : bonjour La Réunion ! Voici la piste entre les filaos, des grands poteaux et une banderole. Un peu plus et l’avion s’écrasait : un essai, un deuxième, le troisième est enfin le bon car on a abaissé les poteaux portant la banderole.
Les gens battent des mains... se félicitent, se congratulent, on cherche à toucher l’oiseau de fer.
Que de monde ! La moitié de la population au moins s’est donnée rendez-vous. Puis les discours, “La Marseillaise”, le champagne. La fête dure quatre jours, puis le 1er décembre, il faut bien repartir.

Les héros sont comblés de cadeaux, et parmi ceux-ci, un litre de rhum et un merle blanc complètent de belle façon les 75.000 francs du Conseil général.

G-R Gauvin


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Messages

  • Marcel Goulette ! Quel homme !
    Bien qu’il est évoqué ici le premier exploit de cet aviateur très peu connu, ce voyage lui couta sa modeste fortune. Mais il réussit à repartir pour de belles aventures dans le ciel.
    Entre autres et de mémoire, Paris-Saïgon ;Paris -Téhèran,Paris -Le Cap, France-Madagascar (3 voyages) tout cela en battant des records mondiaux.
    Rien ne peut lui enlevé le courage et sa ténacité, sachant qu’il a été 5 fois asphyxié , 3 fois reconnu mort lors de l’épouvantable grande guerre (14-18) ou il fut distingué 7 fois pour fait d’armes, il garda toute sa courte vie des problèmes pulmonaires qui le plongèrent à plusieurs reprises aux portes de la mort lors de ses raids aériens.
    En définitive il s’écrase en service commandé en Italie à l’âge de 39 ans.
    Il était alors en vu pour prendre les fonctions de ministre de l’air.
    Il a tout donné pour la France et son industrie aéronautique, le Larousse ne le connait même pas, comme tant d’autres illustres inconnus.


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