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par le Dr Raymond Vergès

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2023 année la plus chaude jamais enregistrée

Le rapport sur l’état du climat mondial en 2023 vient donner un sens nouveau et alarmant à l’expression « hors normes », selon l’OMM

mercredi 20 mars 2024


Le rapport sur l’état du climat mondial confirme que 2023 sera de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée. Les records sont battus en ce qui concerne la chaleur des océans, l’élévation du niveau de la mer, la perte de glaces de mer dans l’Antarctique et le recul des glaciers. Les phénomènes météorologiques extrêmes portent atteinte au développement durable. La transition vers les énergies renouvelables est porteuse d’espoir. L’inaction climatique coûte plus cher que l’action climatique. Telles sont les principales conclusions du rapport sur l’état du climat mondial en 2023 publié ce 19 mars par l’Organisation météorologique mondiale.


Un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) montre que des records ont de nouveau été battus, voire dans certains cas pulvérisés, s’agissant des niveaux de gaz à effet de serre, des températures de surface, du contenu thermique et de l’acidification des océans, de l’élévation du niveau de la mer, de l’étendue de la banquise antarctique et du recul des glaciers.
Les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les feux incontrôlés et l’intensification rapide des cyclones tropicaux ont semé la misère et le chaos, bouleversant la vie quotidienne de millions de personnes et infligeant des pertes économiques de plusieurs milliards de dollars des États-Unis, selon le rapport de l’OMM intitulé « L’état du climat mondial en 2023 ».

« Les changements ne cessent de s’accélérer »

Le rapport de l’OMM confirme que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne à la surface du globe de 1,45 °C (marge d’incertitude de ± 0,12 °C) au-dessus du niveau de référence de l’ère préindustrielle. Il s’agit de la décennie la plus chaude jamais observée.
« Tous les indicateurs sont en alerte… Certaines données ne battent plus des records, elles explosent ! Et les changements ne cessent de s’accélérer », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
« Jamais nous n’avons été aussi proches — bien que temporairement pour le moment — de la limite inférieure fixée à 1,5 °C dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques », a déclaré Celeste Saulo, Secrétaire générale de l’OMM. « La communauté météorologique mondiale met en garde le monde entier et tire la sonnette d’alarme : nous sommes en alerte rouge. »
« Les changements climatiques ne se limitent pas seulement aux températures. Ce dont nous avons été témoins en 2023, en particulier le réchauffement sans précédent des océans, le recul des glaciers et la perte de banquise en Antarctique, suscite la plus grande inquiétude », a-t-elle ajouté.
Lors d’une journée moyenne en 2023, près d’un tiers de l’ensemble des océans dans le monde étaient sous l’emprise d’une vague de chaleur marine, ce qui nuit aux écosystèmes et aux systèmes alimentaires vitaux. À la fin de 2023, plus de 90 % des océans de la planète avaient connu des vagues de chaleur à un moment ou à un autre de l’année.
L’ensemble des glaciers de référence à travers la planète a subi la perte de glaces la plus importante jamais enregistrée (depuis 1950), en raison d’une fonte extrême dans l’ouest de l’Amérique du Nord et de l’Europe, selon des données préliminaires.
L’étendue des glaces de mer dans l’Antarctique a été de loin la plus faible jamais enregistrée, ainsi l’étendue maximale à la fin de l’hiver était-elle inférieure d’un million de km2 à celle de l’année record précédente, soit l’équivalent de la taille de la France et de l’Allemagne réunies.
« La crise climatique est LE défi déterminant auquel l’humanité est confrontée et elle est inextricablement mêlée à la crise des inégalités, comme en témoignent l’insécurité alimentaire croissante, les déplacements de population et la perte de biodiversité », a affirmé Celeste Saulo.

Crise climatique et crise alimentaire

Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans le monde a plus que doublé ; il est passé de 149 millions de personnes avant la pandémie de COVID-19 à 333 millions en 2023 (dans 78 pays suivis par le Programme alimentaire mondial). Les conditions météorologiques et climatiques extrêmes n’en sont peut-être pas la cause première, mais elles constituent des facteurs aggravants selon le rapport.
En 2023, les calamités d’origine météorologique ont continué de causer des déplacements de personnes, ce qui montre comment les chocs climatiques ébranlent la résilience et créent de nouveaux risques en matière de protection parmi les populations les plus vulnérables.

L’espoir avec les énergies renouvelables

Il y a cependant une lueur d’espoir.
La production d’énergie renouvelable, principalement alimentée par les forces dynamiques du rayonnement solaire, du vent et du cycle de l’eau, a été propulsée au premier plan de l’action climatique en raison du potentiel qu’elle offre pour atteindre les objectifs de décarbonisation. En 2023, les capacités de production d’énergie renouvelable ont augmenté de près de 50 % par rapport à 2022, pour un total de 510 gigawatts (GW), soit le taux le plus élevé observé au cours des deux dernières décennies.
Cette semaine, lors de la réunion ministérielle de Copenhague sur le climat qui se tiendra les 21 et 22 mars, des chefs de file et des ministres œuvrant dans le domaine du climat du monde entier se réuniront pour la première fois depuis la COP 28 à Dubaï afin d’accélérer l’action en faveur du climat. Le renforcement des contributions déterminées au niveau national (CDN) avant l’échéance de février 2025 figurera en bonne place à l’ordre du jour, tout comme l’obtention d’un accord ambitieux sur le financement lors de la COP 29 pour transformer les plans nationaux en actions.

Déficit de financement

Le déficit de financement est profond. Dans un scénario moyen, pour une trajectoire de 1,5 °C, il faut multiplier par plus de six les investissements annuels dans le financement du climat, pour atteindre près de 9 000 milliards de dollars É.-U. d’ici à 2030 et 10 000 milliards de dollars É.-U. de plus jusqu’en 2050.
Ne rien faire coûterait plus cher encore. Cumulé sur la période 2025-2100, le coût total de l’inaction est estimé à 1 266 milliards de dollars É.-U. ; c’est la différence entre les pertes subies dans le cadre d’un scénario de maintien du statu quo et celles subies dans le cadre d’une trajectoire de 1,5 °C. Ce chiffre est toutefois probablement une spectaculaire sous-estimation.
Le financement de l’adaptation demeure insuffisant. Bien que le financement de l’adaptation ait atteint un sommet jusqu’alors inégalé avec 63 milliards de dollars É.-U. en 2021/2022, au plan mondial le déficit se creuse, et le niveau du financement de l’adaptation tombe bien en deçà des 212 milliards de dollars É.-U. par an estimés nécessaires jusqu’en 2030 rien que dans les pays en développement.


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