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par le Dr Raymond Vergès

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L’urgence d’une autre politique des déplacements pour en finir avec les effets du tout-automobile

Coma circulatoire, coût des transports, pollution, conséquences climatiques…

mardi 22 janvier 2013


Les Réunionnaises et les Réunionnais constatent tous les jours les conséquences négatives de la politique des déplacements menée dans le pays, dont l’INSEE vient de publier une étude sur la période 1999-2009. Selon cette étude, environ 80% de la population se rend au travail en voiture. La suppression du chemin de fer dans les années 50, la casse du projet Tram-train en 2010 par la Direction réactionnaire de la Région élue avec la complicité des dirigeants socialistes, les retards d’une politique multimodale et intermodale des déplacements (auto, transports collectifs, vélo, etc.) se traduisent aujourd’hui comment ?
Par de plus en plus d’embouteillages sur nos routes, des coûts du transport au tout-pétrole de plus en plus élevés, toujours plus de pollution avec de graves effets sur notre santé et sur le réchauffement climatique, etc. Il est donc urgent de changer la politique des déplacements dans notre pays et d’en finir avec le tout-automobile, dont on voit les conséquences dramatiques au niveau planétaire.


Le nombre de véhicules en circulation dans le monde devrait doubler d’ici 2035, pour atteindre pratiquement 1,7 milliard d’unités. Conjugué à l’urbanisation rapide — en 2030, six habitants sur dix vivront en ville —, ce phénomène est une bombe à retardement pour les villes, aux quatre coins du globe.

Mais, à condition de passer à l’action sans tarder, c’est aussi une situation qui peut offrir des perspectives positives, en particulier aux agglomérations en plein essor des pays en développement.

Car construire des réseaux de transport urbains efficaces et accessibles à tous, c’est rapprocher les habitants de leurs lieux de travail, des hôpitaux, des établissements scolaires… C’est aussi réduire les embouteillages et atténuer les émissions de CO2, dont on sait les effets néfastes sur le climat.

800.000 décès par an

La qualité de vie n’est pas l’unique enjeu, quand on sait que 14% des émissions de gaz à effet de serre à l’origine du dérèglement climatique sont dus au secteur des transports et que 90% de la pollution atmosphérique en ville sont induits par les véhicules à moteur. La pollution de l’air urbain nuit à la productivité et serait responsable de 800.000 décès par an.

Il ne faut pas oublier non plus les accidents de la circulation (1,2 million de morts), qui surviennent pour 90% des cas dans des pays à revenu faible et intermédiaire.

Les choix opérés aujourd’hui en termes d’infrastructures et de politiques de développement enferment pour des décennies à venir les villes dans des schémas d’urbanisme qui, c’est selon, créeront des centres urbains sains et économiquement viables ou des endroits minés par la pollution et les embouteillages, et à la merci des aléas climatiques.

Et à La Réunion… ?

Ces jours-ci, des spécialistes des transports et édiles de villes du monde entier se retrouvent à la Banque mondiale pour l’édition 2013 de la conférence "Transforming Transportation". Le maire de New York, Michael Bloomberg, discutera avec le président du groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, de l’avenir des transports urbains et de leur transformation. Cette conférence sera l’occasion de partager des expériences et des idées, mais aussi d’inciter les villes à revoir leurs politiques de transport.

La réunion s’intéressera aussi au financement des systèmes de transport à l’échelle mondiale. Lors de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio +20) de l’an dernier, la Banque mondiale et les autres grandes banques multilatérales de développement se sont engagées à apporter 175 milliards de dollars en dix ans pour améliorer la viabilité environnementale des transports.

Responsables politiques et experts du développement du monde entier doivent désormais décider de la manière de dépenser ces fonds, en plus des moyens nationaux, pour créer des villes plus écologiques, plus solidaires et plus durables pour les générations à venir. Que feront ceux qui détiennent des pouvoirs politiques à La Réunion pour mener enfin une politique des déplacements durable ?

L’exemple de Lagos, au Nigéria

Un simple tour en bus dans les rues de Lagos permet de saisir les enjeux de l’urbanisation et de discerner les solutions envisageables.

Forte de 11,2 millions d’habitants, la plus grande ville du Nigéria est un cauchemar pour les automobilistes, avec sa circulation en accordéon, et pour les citadins, à cause de la pollution.

En 2002, les autorités municipales ont décidé de réagir. Avec le soutien de la Banque mondiale, elles ont réfléchi à un système de transport rapide en bus, le BRT, une première en Afrique subsaharienne.

Aujourd’hui, les voyageurs qui empruntent le BRT réduisent leur temps de transport de 40%, sachant que les prix ont baissé en moyenne de 30%, malgré la hausse des prix du carburant. Les progrès sont patents, mais il reste encore beaucoup à faire.
Un avenir incertain… si rien ne change

Tout comme les images satellites montrant la fonte de la calotte glaciaire au Groenland l’été dernier, un nouveau rapport alarmant indique qu’il est désormais plus qu’urgent de limiter les risques grandissants du réchauffement climatique.

« Turn Down the Heat : Why a 4°C Warmer World Must be Avoided » prédit que la température moyenne mondiale risque fort d’augmenter de 4°C d’ici la fin du siècle et nous alerte sur les conséquences de ce scénario : vagues de chaleur extrême, baisse des stocks mondiaux de denrées alimentaires, perte d’écosystèmes et de biodiversité, élévation dangereuse du niveau des mers…

En outre, souligne le rapport, les effets délétères du réchauffement du climat frappent plus durement nombre des régions les plus pauvres de la planète et risquent de saper les efforts et les objectifs mondiaux de développement.

Le rapport appelle à poursuivre les efforts d’atténuation du changement climatique, qui constituent la meilleure assurance face à un avenir incertain… si rien ne change. Et donc si les conservateurs continuent de dominer la planète comme La Réunion.

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