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Stop à l’importation massive, privilégions l’agriculture réunionnaise

Syndicat agricole : La Coordination rurale 974

samedi 28 février 2009, par Sophie Périabe


La délégation locale de la coordination rurale, 2ème syndicat agricole en France, tire la sonnette d’alarme sur les prix des productions agricoles pratiqués dans notre île par les grandes surfaces. Les prix appliqués ainsi que le recours massif à l’importation tuent à petit feu les filières locales.


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« Le poulet est acheté 1,25 euro/kg au producteur et on le retrouve à 4,50 euros/kg en moyenne en grande surface. Le porc passe de 2,30 euros à 8 euros/kg, pour le lapin, le coefficient multiplicateur est de 2,5, pareil pour les fruits et légumes », dénonce Philippe Bellon, président de la Coordination rurale de La Réunion. Selon le syndicat, rien ne justifie de tels prix.
À La Réunion, ce sont les grandes surfaces qui fixent les prix et non la production. En effet, « les prix de vente client empêchent les agriculteurs de produire plus ». Or, une croissance de la production serait bénéfique autant pour le producteur que pour le consommateur, car plus on produit et plus les coûts de production et les prix baisseront.
Mais là encore, « il n’y a pas de concurrence au niveau de la distribution », déplorent les agriculteurs. Selon ces derniers, « cette politique des prix des grandes surfaces est voulue pour empêcher que l’agriculture réunionnaise puisse un jour arriver à une quasi autosuffisance alimentaire dans certaines productions » ; et tout cela, au détriment des consommateurs.
Dans le même temps, les importations explosent. « Ces marchandises sont commercialisées en concurrence directe avec les productions locales. Or, la logique voudrait que les produits locaux soient moins chers que des produits qui parcourent la moitié de la planète ».

Un Grenelle sur l’Agriculture réunionnaise ?

Face à ce constat, les producteurs s’interrogent sur leur avenir et sur les politiques mises en place pour aider l’agriculture réunionnaise. Le syndicat propose de développer un circuit commercial plus court à travers, par exemple, la vente directe à la ferme. De plus, il est essentiel « de développer des marchés forains, marchés de producteurs dans toutes les communes, diffuser les productions locales dans les commerces de proximité ». Mais cela ne sera possible qu’avec l’appui « ferme et clair » des politiques. « Le Conseil général pourrait proposer la tenue d’un Grenelle sur l’Agriculture réunionnaise », suggère la Coordination rurale 974.
« La Chambre d’Agriculture doit promouvoir l’agriculture de demain, l’agriculture biologique auprès les producteurs. En effet, les consommateurs sont des acteurs directs par l’achat des produits locaux et donc l’avenir de notre agriculture. Cette relation doit se faire dans un esprit gagnant-gagnant ».
D’autre part, des politiques volontaristes de régulation des intrants doivent être mises en place afin de favoriser la production locale. « L’importation ne doit être qu’un secours et non le contraire », conclut Didier Hoareau, trésorier de la Coordination rurale 974.

Sophie Périabe


L’autonomie alimentaire est–elle possible ?

Au 19ème siècle, l’île Bourbon était non seulement autosuffisante mais nourrissait également l’île de France (aujourd’hui île Maurice). Sur le plan agricole, c’était “la belle époque”. La terre offrait des patates, maniocs, songes, bref, toutes sortes de racines qui composaient les repas de nos ancêtres.
Aujourd’hui, avec la mondialisation, les Réunionnais se nourrissent de riz, pâtes, sandwichs, etc… Seuls les plus anciens connaissent les différentes façons de préparer la patate, le manioc ou même le maïs. Selon Didier Hoareau de la Coordination rurale, la grande majorité de la population a oublié la culture lontan, or, le terroir réunionnais est riche : « la pa bezoin rien po fé pouse patate, maniok ; la pa bezoin l’angré chimik, ni pésticide. Y fo ke nou réapropri a nou not environemen, ce ke la tèr y ofre a nou ». Il ne dit pas qu’il ne faut plus manger de riz, mais que la diversification, pour revenir aux cultures oubliées, est possible.
« Nous avons l’intention de créer un groupement d’agriculteurs pour favoriser les cultures oubliées ; cela peut contribuer à l’autonomie alimentaire sur certains produits », affirme Didier Hoareau, planteur de cannes. Le Saint-josephois rappelle qu’il y a différentes manières de cuisiner ces produits du terroir, en salades, desserts, plats, etc…
De plus, la facture des importations baisserait considérablement !
Mais il manque une réelle politique agroalimentaire, « l’autonomie énergétique, c’est bien ; mais pourquoi ne pas mettre aussi les moyens pour l’autonomie alimentaire ? ».

SP


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