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Au plaisir de lire, écrire, conter...

Lire en Fête à la médiathèque de Saint-Denis

lundi 16 octobre 2006


La médiathèque de Saint-Denis a gardé ses portes ouvertes samedi jusqu’à 22 heures. Une nocturne dédiée à la lecture et au plaisir d’écrire, aux contes, à la calligraphie et à la musique, en compagnie de nombreux invités regroupés par l’UDIR autour de l’invité du jour, Jean-Claude Legros et de son livre “Ou sa ou sava mon fra”, dans le cadre de l’opération ’Une œuvre, une ville’.


Saint-Denis célébré par la littérature, dans tous ses ébats : écrits épistolaires, contes, textes poétiques, romans... sans oublier la photographie. Christine Moreau, la directrice des lieux, a cherché à rassembler toutes les formes d’hommage possible, en installant sur le parvis de la médiathèque les 2004 photos dionysiennes réunies par Laurent Zitte et la Ville, au cours de l’“Opération 2004” lancée il y a deux ans par le jeune photographe portois : il avait alors distribué 2004 appareils jetables à des photographes en herbe. L’extraordinaire est que les 2004 "stagiaires" lui ont rendu les appareils et donc, une collection de 24.048 photos à développer, d’où il a extrait une photo de chaque auteur, exposée sur d’immenses panneaux par numéro de série : 2004 photos de la ville sous tous ses angles...
Dans le hall, une autre exposition attend les visiteurs. Elle y sera jusqu’à samedi prochain. C’est le "mail’Art" ou "art postal", lancé comme proposition aux Dionysiens pour cette édition 2006 de Lire en Fête. "Nous avons voulu mettre l’accent sur la correspondance : le plaisir d’écrire et le plaisir de recevoir lettre, carte, petit mot ou dessin... la trace de sentiments que l’éloignement n’éteint pas", a présenté en substance Christine Moreau, en compagnie d’un responsable des Postes, M. Fruteau de Laclos (voir ci-après), devant une assistance composée des familles des lauréats et où l’on reconnaissait Patrice Treuthardt, Céline Huet, Julienne Salvat, Annie Darencourt... entre autres auteurs, ou encore le musicien François Baptisto, Robert Gauvin du Comité régional de la Culture (CCEE) et Serge Fabresson, de la Jeunesse et Sports. Entre autres nombreux amoureux des lettres, même en minuscule.
Dans la bibliothèque Jeunesse, Yvette Duchemann a réuni un auditoire du conte pour le récit de “Koman La Réunyon li éné”, pendant que l’UDIR présentait des lectures de textes sur la ville de Saint-Denis. Jean-Claude Legros en était l’invité du soir, avec “Ou sa ou sava mon fra” (notre encadré), dont il a lu des extraits, entre autres textes (Claire Karm, Céline Huet, Julienne Salvat...) ayant un rapport ou un autre avec des descriptions ou des personnages de la ville.
La soirée s’est finie en musique, dans un joyeux mélange de harpe, oulèr et kaïamn, avec la participation d’une partie du groupe Tapok, l’un des invités 2006 à Bourges.

P. David


La Poste et ses “Boites à l’Être”

Dix lauréats pour “Je t’écris de ma ville”

L’opération a été lancée fin août à Saint-Denis et des lettres sont arrivées de partout dans l’île, mais aussi de Tahiti, d’Italie ou de Norvège. Neuf lauréats ont été primés samedi, enfants et adultes. Il s’agit de Elsa Hélène (collège Reydellet), Amina Issabhay (collège Bourbon), Chantal Casamayor de Planta (Tahiti), Céline Place (Sainte-Clotilde), James Lebastard (Saint-Pierre), Amélie Petersson (La Bretagne), Jérome Saugier (La Bretagne), Catherine Rosier, architecte et illustratrice, Elisabeth Levasseur, chargée des Arts plastiques au Rectorat et co-auteur d’un livre sur l’Art postal.
Un "Prix spécial" a été attribué à la calligraphe Amélie Léo, l’une des intervenants de l’atelier calligraphie de la médiathèque, pour la réalisation d’un livre sculpté dans le bois et calligraphié. Il est exposé avec les cartes dans le hall de la médiathèque.
Un dépliant de six cartes postales, parmi les plus réussies - et elles sont nombreuses - a été édité par la médiathèque avec l’imprimerie Graphica.


Jean-Claude Legros : “Ou sa ou sava mon fra”

Du temps où Saint-Denis était encore une ville...

“Ou sa ou sava mon fra” est le premier recueil de Jean-Claude Legros, accueilli comme le fils prodigue de la littérature réunionnaise par des amis de 30 ans et plus qui savent depuis toujours son goût pour l’écriture et son amour de Saint-Denis, la ville où il a passé son enfance et son adolescence, rue Malartic. C’est aussi à l’ombre du jardin botanique qu’il connut Henri Madoré, le dernier chanteur des rues, dont il devait enregistrer plus tard une bande son qui servit, plusieurs décennies après, à l’édition de l’unique disque consacré au dernier "barde créole" (PRMA, 1997).
Ce premier recueil réunit des textes d’époques différentes, depuis les années d’études à la Sorbonne (années 60), quand Jean-Claude Legros fondait avec d’autres étudiants "exilés" comme lui au Quartier Latin ou dans d’autres villes universitaires de France (Montpellier, Aix, Marseille...), l’Union des étudiants créoles et la revue Le rideau de canne, qui accueillit ses premiers textes. Dans les années 70, il participa aussi à la publication de “Perspectives et Réalités réunionnaises”, avec notamment Daniel Lallemand ou Georges-Marie Lépinay, dont la préface à ce premier recueil poétique retrace en filigrane la trajectoire d’une génération d’intellectuels qui découvre son identité réunionnaise et sa langue créole, s’oppose à la répression avec les Bannis de l’ordonnance d’octobre 60, rêve de décolonisation par l’autonomie... et finalement rentre se confronter à la dure réalité du pays.
Plusieurs de ses textes ont été publiés dans les deux revues citées plus haut. D’autres, comme “Maloya blues” et “Thank you Gainsbourg” ont été mis en musique par Jean-Max Labonté et le groupe Grat’fils dans son album Pays Piment.
“Ou sa ou sava mon fra” est l’œuvre d’un Réunionnais qui se retourne avec nostalgie sur les quarante années écoulées depuis son adolescence et cherche dans les signes du présent des traces de ses rêves de jeunesse.


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