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par le Dr Raymond Vergès

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Chikungunya : Huguette Bello interroge le gouvernement

À l’Assemblée nationale

mercredi 18 janvier 2006


Comme prévu, Huguette Bello, députée de La Réunion, a interrogé, hier, le gouvernement sur les mesures qu’il compte prendre pour lutter contre l’épidémie de chikungunya qui sévit actuellement à La Réunion, notamment dans la perspective de la prochaine rentrée scolaire.
Dans sa réponse, le ministre délégué à la Sécurité sociale, aux personnes âgées aux personnes handicapées et de la famille, M. Philippe Bas, a annoncé que ce sont 600.000 euros qui sont disponibles à la DRASS et « que les personnels d’encadrement du service de lutte anti-vectorielle seront renforcés avant la fin du mois ». Il a ajouté que les moyens de l’armée ont été mobilisés pour venir en aide aux équipes d’intervention sur le terrain.
Nous vous prions de trouver ci-joint le texte intégral de la question de Mme Huguette Bello ainsi que les éléments de réponse du ministre.


Question orale d’Huguette Bello

Mme Huguette Bello attire l’attention du ministre de l’Outre-mer sur l’importante épidémie de chikungunya qui sévit actuellement à La Réunion et qui selon toute vraisemblance, concerne plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Face à l’accroissement rapide, au cours de ces dernières semaines, du nombre de personnes atteintes par cette maladie virale transmise par les moustiques, et en raison des conditions climatiques de l’été austral qui favorise leur prolifération et risque d’accroître encore la vitesse de contamination, l’État a décidé de renforcer les moyens d’intervention, jusqu’ici sous-évalués. C’est ainsi que le gouvernement devrait débloquer une enveloppe d’1 million d’euros.
Campagnes de communication par voie de presse et amplification de la lutte anti-vectorielle sont les 2 grands axes de cette nouvelle phase d’intervention. Ainsi, des conseils sont-ils prodigués à la population sur les moyens de se prémunir contre les piqûres de moustiques ?. Cette sensibilisation sera d’autant plus efficace que les différents produits répulsifs seront plus facilement accessibles à tous. Il est donc nécessaire, d’une part, que les produits soient disponibles en quantité suffisante dans toutes les communes de l’île et, d’autre part, que leur coût ne soit pas un obstacle, surtout pour les familles les plus modestes. L’expérience de la commune du Port qui non seulement est intervenue régulièrement sur les sites à risques, mais encore a distribué gratuitement, avec le soutien d’un distributeur privé, 130.000 spirales anti-moustiques, s’est révélée, de l’avis de tous, efficace. En effet, alors qu’elle était la plus touchée au début de l’épidémie, la commune du Port a pu désormais la contenir.
L’amplification des opérations de démoustication est indispensable. Mais, en sorte de prévenir tout risque pour la santé humaine et l’environnement, on doit augmenter encore la vigilance et la transparence sur les procédés et les produits utilisés. Les précisions du gouvernement sur ces 2 axes d’intervention sont d’autant plus attendues que la rentrée des classes se fera d’ici 2 semaines.
Il n’existe malheureusement aucun vaccin ni traitement médicamenteux spécifique contre le chikungunya. La prise en charge des personnes touchées par l’infection, notamment des plus faibles d’entre elles, les personnes âgées ou malades, devrait être améliorée. Il est difficile, et parfois impossible, à un organisme déjà affaibli de supporter les fortes fièvres et les douleurs articulaires et musculaires intenses provoquées par le virus.
Comme dans toute crise épidémique, la transparence la plus grande est de rigueur. C’est pourquoi Mme Bello souhaite également que le rapport de la mission diligentée conjointement par le ministère de l’Outre-mer et celui de la Santé, en décembre dernier, bénéficie de la plus large diffusion.
Elle demande au ministre d’apporter des réponses à ces différents points, d’une part en sorte d’améliorer le dispositif d’urgence que nécessite l’épidémie actuelle de chikungunya, d’autre part en vue de préparer les moyens d’intervention à long terme contre cette pathologie apparue en 2005 à La Réunion mais qui risque de persister de façon durable.


Réponse du ministre

Le gouvernement annonce des moyens supplémentaires

En ce qui concerne l’aspect préventif, aucun traitement ou vaccin n’est aujourd’hui disponible. Dès lors, les actions de lutte contre cette maladie se concentrent sur la prévention et la protection des personnes.
Le préfet de La Réunion conduit actuellement avec la DRASS un important plan de lutte contre la maladie. Ce plan de gestion de crise vise notamment 2 priorités absolues :

- La mise en place d’une lutte systématique contre le moustique et donc la maladie. Le préfet et la DRASS ont organisé 10 équipes d’intervention sur le terrain d’une vingtaine de personnes pour démoustiquer, sensibiliser et informer la population. Le préfet a notamment recouru aux moyens de l’armée pour constituer ces équipes ;

- La communication envers la population sur la maladie (ses conséquences, les voies de contamination, les moyens individuels de protection) mais aussi sur la prévention et la manière dont chacun peut participer à la destruction des gîtes larvaires. Un numéro vert est en place dans ce sens par la DRASS (0800-110-000).
Le gouvernement est mobilisé pour répondre à cette situation. Il a décidé de débloquer d’importants moyens tant financiers que d’expertise pour venir en appui aux actions de lutte contre la maladie.
Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités, et François Baroin, ministre de l’Outre-mer, ont diligenté dès décembre dernier une mission d’expertise technique commune de l’Institut de veille sanitaire, de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) de l’Institut de recherche pour le développement, mission coordonnée par un membre de l’Inspection générale des affaires sociales. Elle a procédé la 3ème semaine de décembre à une évaluation approfondie de la situation sur place (prévisions épidémiologiques, possibilités d’éradication, évaluation des moyens et des méthodes de lutte anti-vectorielle mis en œuvre). Elle analyse actuellement les éventuelles mesures complémentaires qui s’avéreraient utiles et remettra son rapport fin janvier 2006. (...)
Le gouvernement a décidé en janvier de déléguer de nouveaux moyens pour acheter du matériel complémentaire et lancer de nouvelles opérations de communication en direction du grand public. Ce sont ainsi 600.000 euros supplémentaires qui sont d’ores et déjà disponibles à la DRASS. Les personnels d’encadrement du service de lute anti-vectorielle seront renforcés avant la fin du mois. Les moyens de l’armée ont été mobilisés pour venir en aide aux équipes sur le terrain.
Par ailleurs, le gouvernement a mobilisé les meilleures capacités d’expertise publique de la nation pour lutter contre la maladie.
C’est ainsi que l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé a été associé au plan de communication envers la population. Un de ses experts nationaux est actuellement sur place cette semaine pour cela.
Par ailleurs, l’Institut de veille sanitaire publiera dans les jours qui viennent un document spécial de synthèse des connaissances et des observations les plus récentes sur la maladie, les voies de contamination et les moyens de protection. Destiné d’abord aux professionnels de santé, ce document constituera un socle de référence pour toute communication sur la maladie. Des messages à l’intention du grand public en seront dérivés.
Le gouvernement entend enfin conduire son action en toute transparence envers les élus et la population. C’est ainsi que la communication se fait et se fera en toute transparence.
Face à une telle situation épidémique, la mobilisation de tous est effectivement requise dans un but commun de lutte contre la maladie. Je me félicite à cet égard de la très importante mobilisation de nombreux maires : ainsi, de nombreux services municipaux se sont associés aux actions de démoustication et de sensibilisation et d’information des citoyens.


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