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Hommages aux ancêtres des Réunionnais morts sans sépulture

Coup de projecteur sur la partie la plus longue et la plus méconnue de l’histoire de La Réunion depuis la date officielle de son peuplement

mardi 31 octobre 2023, par Manuel Marchal


Ce 28 octobre au cimetière du Père Lafosse à Saint-Louis et ce 31 octobre au Jardin des Mémoires à Sainte-Suzanne, deux manifestations rendent hommage aux ancêtres des Réunionnais morts sans sépulture. Lancé par la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise le 31 octobre 2009, cet événement donne un coup de projecteur sur l’époque la plus longue et la plus méconnue de l’histoire de La Réunion depuis la date officielle de son peuplement : l’esclavage.


C’est en 2009 que la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise prit l’initiative de rendre hommage à tous les ancêtres des Réunionnais morts sans sépulture. C’était le 31 octobre 2009, au cimetière du Père Lafosse dans le quartier du Gol à Saint-Louis. A l’époque, la Région Réunion était présidée par Paul Vergès, et la plupart des chefs des collectivités ainsi que d’associations culturelles connues sur le plan médiatique avaient honoré cet événement de leur présence. Le changement de majorité à la Région Réunion et la suppression de l’équipe de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise n’ont pas signifié l’arrêt de mort de cette célébration.
Le Parti communiste réunionnais, d’autres partis progressistes et des militants culturels ont maintenu la flamme. Il s’agit en effet d’un événement d’importance.

Rappeler la page la plus longue et méconnue de ces 360 dernières années

Depuis la date officielle du peuplement de La Réunion en 1663, par un bateau fuyant Fort Dauphin à Madagascar et transportant des Malgaches et des Français, à 2023, la majorité de l’histoire de La Réunion s’est écoulée sous le régime de l’esclavage. Légalisé et codifié par le Royaume de France, ce régime qui inspira l’extrême droite nazie et l’apartheid considérait que la majorité des ancêtres des Réunionnais n’étaient pas des êtres humains. La plupart étaient alors des Malgaches arrachés à leur terre pour être déportés dans des plantations, avec une espérance de vie de quelques années.
Beaucoup résistèrent. Ils reconstituèrent à l’intérieur de l’île la société malgache de l’époque, dirigée par des rois. La lutte était constante entre les esclavagistes de la côte et le Royaume de l’intérieur. Ce dernier a légué un important héritage : la quasi-totalité des noms de lieu de l’intérieur du pays sont d’origine malgache. Ne subsiste de l’héritage européen que les noms des communes du littoral, faisant référence à ceux de bateaux français. Cette guerre entre résistants et esclavagistes ne cessa qu’avec l’abolition définitive de l’esclavage en 1848.
Mais où sont enterrés ces résistants, et où sont les tombeaux des ancêtres morts dans les plantations, et qui n’étaient pas traités comme des êtres humains ?

Honneur à ceux qui n’étaient pas traités comme des êtres humains

C’est pour que cette période la plus longue de l’histoire de La Réunion ne soit pas oubliée que fut prise l’initiative chaque année de célébrer la mémoire de toutes celles et ceux dont le lieu de sépulture reste à ce jour inconnu. La date choisie fut le 31 octobre, la veille de la Fête des morts, une des plus importantes de l’année à La Réunion. Ainsi la mémoire des ancêtres morts sans sépulture est honorée, au même titre que ceux qui sont enterrés dans les tombeaux qui existent aujourd’hui.
Ce 28 octobre dernier au Gol à Saint-Louis, des militants politiques et culturels ont ainsi rappelé que le combat continue. Parmi eux se trouvaient notamment Elie Hoarau, président du Parti communiste réunionnais.
Ce 31 octobre, c’est la commune de Sainte-Suzanne qui tiendra une cérémonie analogue, avec en tête son maire communiste, Maurice Gironcel.
Depuis 2009, cette cérémonie s’est donc inscrite définitivement dans le calendrier militant à La Réunion. Ceci rappelle toute l’importance pour le peuple réunionnais de s’approprier l’intégralité de son histoire, notamment la partie la plus longue que Michel Debré et ses complices ont voulu effacer des mémoires pour assimiler les Réunionnais.

M.M.


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