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Loulou Pitou et Benoîte Boulard à nouveau réunis !

lundi 5 février 2007


Le Pôle Régional des Musiques Actuelles (PRMA) de La Réunion a présenté jeudi, au Conservatoire National de Région Maxime Laope, le onzième album du label Takamba. Il s’agit d’une sélection des plus belles chansons et morceaux de Loulou Pitou et de Benoîte Boulard. Le produit fini est plus qu’un simple CD : il a clairement une vocation patrimoniale.


Les amoureux du patrimoine musical lontan de la Réunion peuvent se réjouir. Le onzième opus du PRMA est encore mieux réalisé que les précédents éditions. Il s’agit d’un livre double CD ! L’ouvrage compte près de cent pages. Il édite toutes les paroles des titres du CD. En outre, il fourmille d’indications sur la genèse de telle ou telle chanson. Ce travail colossal est dû notamment à deux ethnomusicologues réunionnais : Fanie Précourt et Guillaume Samson. La fille et le neveu de Lilou Pitou, respectivement Nicole Hoyez-Pitou et Narmine Ducap, leur ont largement facilité les recherches. Pour ce qui est de Benoîte Boulard, la famille Andoche, bien connue du milieu musical réunionnais des années 50, a été d’un égal soutien. Arno Bazin, le leader de Tapok, a fourni une grande partie des enregistrements originaux. Enfin, pour ce qui est de l’ingénierie du disque, Jean-Paul Jansen s’est assuré du meilleur rendu possible, à partir de pistes dans un état souvent médiocre. Citer ces noms, c’est aussi souligner que la parution de cet album a nécessité deux ans de travail. Selon Alain Courbis, le directeur du PRMA, l’important était de livrer un objet de patrimoine.

Un parti pris audacieux mais justifié

Le PRMA a fait le choix de ne pas associer automatiquement Maxime Laope (1922-2005) et Benoîte Boulard (1927-1985). Pourtant, quand on regarde le titre des auteurs des chansons de cette dernière, on retrouve souvent celui qui a donné son nom au Conservatoire National de Région. C’est Benoîte Boulard qui, cependant, a souligné l’importance de Loulou Pitou (1922-2002) pour elle. Comme le texte du CD le mentionne, à la presse locale qui lui demandait, en 1975 : "Normalement, qui compose les chansons pour vous", elle répondait : "Toujours Loulou Pitou". Cela dit bien la fidèlité qu’elle gardait pour l’accordéoniste fameux qui lui avait permis de devenir une des premières femmes réunionnaises à être reconnue artistiquement au niveau vocal. Le relatif fenwar où se trouvait encore relégué Loulou Pitou devait lui sembler bien injuste.

Une volonté de reconnaissance de la culture réunionnaise

Le premier CD comporte vingt-sept titres, dont les cinq premiers sont autant de figures composant un quadrille créole. Ce disque est empreint de la marque de Loulou Pitou. On y voit sa double caractéristique. Tout d’abord, il cherche à coller aux nouveautés qui viennent d’en dehors de la Réunion. Il enrichit constamment son répertoire afin que son orchestre puisse jouer des compositions nouvelles dans des bals populaires. Puis, il en vient peu à peu à défendre certains aspects du patrimoine musical de son île : par exemple, en jouant le quadrille créole.
Le second CD comporte notamment la fameuse chanson "la rosée tombée". Celle-ci a permis à Maxime Laope et Benoîte Boulard de décrocher, en 1953, le premier prix du concours local de radio-crochet de l’ORTF. C’est le début de la renommée pour la chanteuse qui lui permet de ne plus faire seulement des ménages, ce qu’elle fait depuis l’âge de seize ans. Elle n’hésite pas, alors, à faire profiter de sa notoriété la cause du PCR en participant à diverses manifestations dont une pour Témoignages, en 1954. Cependant, la mort de sa fille, en 1961, lui ôte toute envie de chanter. Ce n’est qu’en 1976 qu’elle remonte sur les planches. Elle fera alors l’essentiel de ses apparitions en compagnie de Maxime Laope, avant d’être touchée par une grave maladie. Elle décède en 1985 dans la misère malgré le soutien de ses amis.

Célébrer la mémoire tout en mettant en valeur la musique actuelle

Au cours de la conférence de presse, les familles de Benoîte Boulard et de Loulou Pitou ont indiqué que le livre double CD était le plus bel hommage que l’on pouvait leur rendre. Alain Armand, quant à lui, a souligné la double démarche de la Région : porter une réelle attention à la mémoire musicale de l’île ; se battre pour que la musique réunionnaise actuelle soit mieux reconnue. Pour ce qui est du premier point, il rappelle qu’un tel travail demande des fonds importants. C’est pourquoi il invite tous les acteurs économiques ou politiques réunionnais le souhaitant à s’associer au PRMA.


Extrait

L’autorail l’arrivé

Refrain
Voilà l’autorail l’arrivé mes amis
Dépêche à vous vit’ment ma chérie
Debout’ comme i peut mon ami
Nous tout’ va rentrer (bis)

Cigarette allumée
Jette par la fenêtre
Tout band mutilés
Aller su le côté (bis)

Refrain

Au Port jusqu’à Saint-Pierre
L’autorail i marche plus
Tout’ band salariés
L’est bien ennuyés (bis).

Refrain

[Il est écrit en commentaire, sur cette chanson : "Loulou Pitou aurait beaucoup apprécié la grande période de l’autorail qui lui permettait de se déplacer partout dans l’île pour jouer. Il s’amusait beaucoup de la cohue et de la promiscuité provoquées par ce transport. Un ami employé des chemins de fer lui inspira cette chanson."]

M.D.


« Dada èk Néninn » bientôt à l’écran

Le Sitcom de la rentrée 2007, « 100% réunionnais » nous dit l’équipe de réalisation, sera sur les écrans à partir du lundi 5 février.
L’histoire de Dada èk Néninn a été co-écrite par Jean-Laurent Faubourg, Marie-Agnès Sinaman et Thierry Jardinot, et réalisée par Fred Eyriey.
Elle est programmée à 19h45, lundi prochain, sur Antenne Réunion et sera également visible sur Internet (en podcast) à partir du jeudi suivant.


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