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Mayotte : le gouvernement savait depuis janvier et n’a rien fait pour éviter la crise

Vie chère : l’alerte avait été donnée par un sénateur depuis 9 mois

samedi 22 octobre 2011, par Manuel Marchal


En janvier dernier, un sénateur UMP de Mayotte a adressé une question écrite à la ministre de l’Outre-mer pour l’alerter sur le problème de la vie chère. La ministre a mis six mois pour répondre, sans qu’elle soit capable de donner le moindre chiffre pour appuyer son annonce de baisse des prix. C’est dans la légèreté du gouvernement à traiter cette question que se trouve une grande part des responsabilités du déclenchement du mouvement social.


Le 27 janvier dernier, c’est-à-dire trois mois avant la transformation de Mayotte en département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, sénateur de Mayotte siégeant dans le groupe UMP, a posé une question écrite à la ministre de l’Outre-mer. Dans sa question, le sénateur interroge la ministre « surtout sur les résultats du travail de l’ancienne DRCCRF, en particulier sur le contrôle des prix extrêmement élevés dans la grande distribution ».
Il constate qu’« au mois de mai 2010, conformément aux recommandations du comité interministériel de l’Outre-mer et de l’article 1er de la loi pour le développement économique de l’Outre-mer, une convention État-Conseil général-Sodifram-Somaco-Bourbon Distribution-Distrimac-Fédération des petits commerces prévoyait la baisse des prix de 300 produits de première nécessité, avec une répercussion intégrale de la baisse des taxes sur tous les produits concernés, l’acceptation sans restriction des contrôles réguliers de la DRCCRF, une meilleure prise en compte dans les rayons de la production locale, etc. Or, les prix des produits de première nécessité restent encore extrêmement élevés à Mayotte, plus que dans le reste de l’Outre-mer ».

Six mois après, une réponse imprécise

Cette question a été posée au mois de janvier 2011. Ce n’est que le 30 juin dernier que la ministre de l’Outre-mer réagit. Six mois donc pour répondre, avec comme contenu des affirmations imprécises. La ministre écrit qu’« à partir des constats de l’ex-UTCCRF, il a ainsi adressé en juin 2010 une lettre de mise en demeure aux enseignes signataires, qui tardaient à répercuter les baisses de taxes adoptées par le Conseil général sur un certain nombre de produits. Ce rappel a été fructueux puisque l’enquête réalisée en décembre 2010 a permis d’observer que les baisses de taxes sur quinze familles de produits prévues par la charte avaient été répercutées. Ainsi, des baisses sensibles ont été constatées sur plus de 60% des produits de l’échantillon, les hausses sur les autres produits résultant de l’évolution à la hausse des coûts à l’achat ». L’échantillon regroupe 24 produits et 19 magasins.

La population obligée de se faire entendre

Outre le délai de réponse, le contenu est aussi un autre indicateur de la légèreté avec laquelle Paris traite un problème aussi essentiel. La ministre ne donne aucun chiffre pour étayer son annonce de « baisses sensibles ». Cette sensibilité a manifestement été bien en deçà des attentes de la population, puisque ce sont des prix trop chers qui sont le point de départ du mouvement social.
Le gouvernement était prévenu dès le mois de janvier par une question écrite posée par un parlementaire, qui plus est de son parti. Si dès janvier 2011, le gouvernement avait véritablement agi pour régler cette question de prix, beaucoup de drames auraient pu être évités.

M.M.


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