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par le Dr Raymond Vergès

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Responsabilisation et adaptation pour l’amélioration des soins

Note du CESER sur le système de santé

lundi 17 juin 2013


Vendredi dernier, le Conseil économique, social et environnemental régional a publié un document intitulé ’Le système de santé : malade de ses paradoxes’. Voici le bilan et les préconisations du CESER sur un secteur qui pèse aujourd’hui 1,71 milliard d’euros à La Réunion. Quelques extraits de cette note.


Acupuncture.
Le CESER estime que l’origine diverse du peuplement de La Réunion permet de promouvoir l’utilisation de médecines autres qu’européennes.
(photo phovoir)

Bilan

La Réunion est le DOM le plus peuplé avec 839.500 habitants en 2011, selon l’INSEE.

Sa population connaît une hausse annuelle de 1,5%. Cette croissance démographique est la conséquence notamment d’une fécondité qui reste supérieure à 2,05 (seuil de renouvellement ou de remplacement des générations) avec 2,38 enfants par femme. Ainsi, les Réunionnaises ont mis au monde 14.300 bébés en 2009.

Autre caractéristique majeure de La Réunion : la précarité sociale. 52% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec tous les effets que cela implique : conditions de logement précaires, défaut d’hygiène notamment alimentaire... qui constituent un terreau de risques marqués.

De fait, le problème majeur à La Réunion est le diabète. Plus de 80.000 personnes, soit 10% de sa population en est malade. Notre île détient un triste record qui la place au 1er rang de toutes les régions de France et au 6ème mondial.

Il s’agit d’un fléau dont les complications relèvent d’un réel et vaste problème de santé publique : accidents cardiaques et/ou vasculaires cérébraux, insuffisance rénale, amputations des membres inférieurs... Le site du portail santé de l’océan Indien précise même que «  les chiffres du diabète sont en constante augmentation du fait, d’une part, du vieillissement de la population et, d’autre part, de l’augmentation des facteurs de risque que représentent l’obésité et le syndrome métabolique  ».

À ce titre, la situation à La Réunion est donc loin d’être satisfaisante.

Parallèlement à cet état sanitaire plutôt catastrophique, les dépenses de santé et la consommation de soins et de médicaments augmentent.

La dépense de santé en 2009, selon l’ARS OI, est d’environ 2.055 euros par personne assurée (2.311 euros en France hexagonale). La dépense en soins de ville (honoraires des médecins, médicaments...) est d’environ 1.017 euros (1.047 euros en France hexagonale).

La santé est donc un marché énorme qui, en France, pèse plus de 234 milliards d’euros (12,1% du Produit intérieur brut). Pour La Réunion, le coût total des dépenses de santé s’élève à 1,71 milliard d’euros, dont 621 millions pour les soins de ville.

Logique et prévention

1. Changer de logique

Avant toute chose, la Commission considère qu’il faudrait avoir un autre regard sur la santé et que la politique menée devrait être guidée non par une logique de soins, mais par une logique de santé.

2. Changer de vision sur notre territoire

Le profil du patient réunionnais, on a pu le constater, diffère largement du profil métropolitain. Les enjeux de santé sur notre territoire, de par l’ampleur du diabète et de ses conséquences, impliquent l’inadéquation d’une politique et d’une stratégie de santé dictée ou construite pour les régions de France métropolitaine, voire pour la région Île-de-France.

3. Prioriser la prévention

Bien entendu, les programmes de prévention existent et sont inscrits dans différents schémas et notamment dans le dernier Plan régional de Santé de l’ARS OI (juin 2012). Mais la politique sanitaire française a longtemps été tournée vers le curatif. Il y a donc lieu aujourd’hui de renverser la tendance et de privilégier la prévention en la plaçant en priorité n°1.

Adaptation dans l’organisation

4. Rendre le patient acteur de sa santé

- Un outil existe : le Dossier médical personnel (DMP) : Ce dossier médical informatisé, sécurisé et qui accompagne le patient toute sa vie s’avère à l’évidence un outil précieux.

Il faut donc militer pour sa mise en place rapide à La Réunion, accélérer les suites de la mission de l’ASIP réalisée fin juin 2012 auprès de l’ARS OI, et faire de La Réunion une région pilote sur cette innovation.

- L’Éducation thérapeutique du patient (ETP) qui, selon l’OMS, vise à « aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique » peut aider à mieux "vivre avec" !

5. Organiser différemment les filières de soins

Une proposition a été formulée pour notre région. Un dossier a en effet été déposé à l’ARS OI par les ophtalmologistes libéraux afin de transférer la prescription de lunettes et autres modes de correction de vue à des orthoptistes : il n’a pas encore abouti. Suivant la procédure, ce transfert doit au préalable être agréé par la Haute Autorité de Santé, laquelle a renvoyé la demande au motif qu’elle était mal remplie.

De même, les ordonnances pour le renouvellement de lunettes de vue ne pourraient-elles être prescrites par les opticiens ?

Autre problème qui se devrait être résolu, celui de la délivrance des certificats de décès, sujet très sensible dans l’île. Afin de pallier l’absence des médecins prêts à se déplacer la nuit et le week-end dans les familles, les autorités devraient prévoir des astreintes ou des réquisitions pour les médecins à moins que l’attestation de décès puisse être confiée à un officier de santé, bien entendu formé pour cela.

6. Faire évoluer les modes d’exercice de la profession médicale

Les médecins du 21ème siècle ne ressemblent évidemment pas à ceux de 1900 ; ils ne peuvent plus jouer le même rôle également. L’exercice de la profession médicale doit bien évidemment suivre l’évolution de la société et du mode de vie. Il ne faut plus s’attendre aujourd’hui à bénéficier des services à l’ancienne des "médecins de campagne" ou des "médecins de famille". Une des alternatives réside dans la maison de santé pluridisciplinaire : « lieu d’exercice qui rassemble plusieurs professionnels de santé libéraux de premiers recours : médecins généralistes, infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes, orthophonistes, psychologues, podologues, diététiciens... et éventuellement travailleurs sociaux, unis par une charte, un projet et des objectifs opérationnels concernant la santé des patients ».

10% des Réunionnais victimes du diabète, cela pose le problème des boissons et des aliments trop sucrés.
(photo phovoir)

Adaptation dans la gouvernance et les pratiques

7. Créer un contre-pouvoir contre le système

Il faut encourager la création d’associations, à l’instar des Alcooliques anonymes qui permettent l’inter-réactivité et la solidarité entre malades. Unis et mieux informés, les patients pourront rompre leur isolement et devenir les principaux acteurs de leur santé.

8. Légiférer et appliquer des normes

Parlementer, expliquer, composer, c’est bien. Il arrive toutefois un moment où il convient d’interdire et d’imposer. Ainsi, face au nombre de diabétiques et à l’importance de l’hygiène nutritionnelle à La Réunion, est-il normal d’accepter de trouver dans les rayons de la grande distribution des produits (yaourts, boissons gazeuses...) à teneur en sucre très élevé ?

Les consommateurs n’ont même d’ailleurs parfois pas d’autres choix que celui des produits spécialement conçus pour le marché réunionnais et contenant un taux en sucre supérieur aux normes nationales. Il en est de même pour la teneur en sel des aliments.

Cela paraît intolérable. Il est donc nécessaire de légiférer, d’édicter des normes et de les faire respecter.

9. Reconnaître les médecines ancestrales traditionnelles

Plus que dans n’importe qu’elle autre région, le caractère multi-ethnique de la population nécessite que soient reconnues, voire promues, les médecines non conventionnelles comme la médecine chinoise, indienne.

Le tout nouveau CHU proposera en 2013 aux étudiants de La Réunion un module d’information sur les médecines ancestrales traditionnelles et notamment sur la pratique indienne dite « Ayurvédic ». Il faut encourager cette initiative et inciter les autorités à aller plus loin dans la démarche.

La note complète peut être téléchargée sur le site web du CESER de La Réunion : www.ceser-reunion.fr

« La Réunion était considérée comme fer de lance dans le domaine du développement des énergies renouvelables, y compris au niveau européen. C’est regrettable que ce dynamisme soit revu à la baisse », affirme la CGTR.
(photo Toniox)

Di sak na pou di

La CGTR et la politique de l’énergie à La Réunion

Voici la déclaration de la CGTR sur la question de l’énergie électrique à La Réunion lors de la séance plénière du CESER de vendredi dernier.

« L’énergie est un bien indissociable du développement humain, une ressource nécessaire et indispensable au même titre que l’eau. Mais la réponse aux besoins énergétiques de la planète est loin d’être résolue : deux milliards d’êtres humains n’ont toujours pas accès à l’électricité.

A cette inégalité criante s’ajoutent des défis majeurs, aujourd’hui clairement identifiés : d’une part, les ressources fossiles ont tendance à diminuer. D’autre part, le réchauffement climatique, lié aux activités humaines et à l’émission de gaz à effet de serre, représente une menace dont les effets se font déjà durement ressentir (les inondations, les ouragans, les cyclones chez nous et qui seront de plus en plus violents).

Ces défis doivent être replacés dans le contexte de crise systémique que nous traversons. Contexte qui nous impose de repenser le modèle de développement social, économique et écologique nécessaire pour répondre aux besoins sociaux.

Quelle est la situation à La Réunion dans le domaine de l’énergie électrique ?

Depuis quelques années, le débat sur l’autonomie énergétique à travers des énergies renouvelables est posé à La Réunion, l’objectif affiché pour l’atteindre, selon le Conseil régional de La Réunion, vers 2030. Or, dans les documents préparatoires qui nous ont été transmis, pas un mot, de même, au cours des diverses réunions, nous ne ressentons plus le dynamisme sur cette question.

Nous demandons à la Région Réunion de clarifier sa position sur son schéma directeur énergétique.

Le CESER a adopté en assemblée plénière le 18 octobre 2010 un rapport intitulé “L’électricité : un enjeu de développement pour La Réunion”.

La Commission développement durable et aménagement du CESER de cette mandature a travaillé longtemps pour élaborer des propositions concrètes concernant : la production, le transport, la distribution, la recherche dans le domaine de l’énergie notamment renouvelable, ce rapport est toujours d’actualité sur le fond. A noter que La Réunion était considérée comme fer de lance dans le domaine du développement des énergies renouvelables, y compris au niveau européen. C’est regrettable que ce dynamisme soit revu à la baisse, nous perdons de ce fait un pôle d’excellence exportable dans les pays de la zone.

L’accès à l’énergie à un coût modéré est un élément vital pour la population, mais aussi un facteur central de vitalité économique. A l’heure où nombre d’entreprises ferment leurs portes, l’accès aux ressources énergétiques est un enjeu majeur quant à l’avenir des filières (industrielles entre autres) quelle qu’elle soit. Ce qui pose d’emblée la question d’une vision à long terme, elle-même inscrite dans une politique cohérente d’aménagement du territoire.

Dans le débat national sur la transition énergétique, la CGT propose la création d’un pôle public de l’énergie, son objectif : donner immédiatement aux citoyens les outils nécessaires pour une réelle maitrise publique, elle-même gage d’une véritable appropriation sociale. Pourquoi pas aussi à La Réunion. Ceci afin de prendre en compte les exigences légitimes en termes de transparence, de droits sociaux ou de développement durable, telles qu’elles s’expriment aujourd’hui.

La CGTR réaffirme avec force le maintien et le renforcement du service public de la production, du transport et de la distribution de l’énergie électrique, EDF doit rester entreprise publique intégrée, nous refusons le pillage de ce bien collectif, « on ne vend pas un bijou de famille ». D’ailleurs, selon un récent sondage, 96% des Français sont restés fidèles à l’opérateur historique, malgré l’ouverture à la concurrence.

Nous revendiquons le maintien de la péréquation tarifaire.

Nous proposons une réflexion approfondie sur des tarifs préférentiels, notamment pour les plus démunis, dans le cadre de l’énergie renouvelable qui coutera moins cher que le fossile.

Pour la CGTR, Max Banon

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