Biocarburants : Maurice devance La Réunion

1er juin 2006

Pour faire face aux conséquences sur son économie de la réforme de l’OCM-Sucre, Maurice a défini une stratégie de développement de sa filière canne-sucre. Celle arrêtée début mai par l’actuel gouvernement diffère sur quelques rares points du projet que proposait le précédent gouvernement, celui de Paul Béranger. Ainsi, Maurice mettra l’accent sur la production d’énergies à partir de la canne. Six centrales bagasse-charbon seront construites (cinq de 42 mégawatts et une de 35) et une nouvelle structure de fabrication d’éthanol sera installée vraisemblablement à Mahébourg. Ce petit port plus ou moins abandonné sera réactivé pour devenir un véritable "hub énergétique". L’objectif est d’atteindre une production d’éthanol de 30 millions de litres d’ici 2013. Maurice envisage même une réforme législative pour pouvoir fabriquer du carburant à partir du jus de canne et pas seulement à partir de la mélasse. Généralement, on pensait que Maurice s’était donné pour objectif d’exporter sa production d’éthanol vers le marché européen. En effet, contrairement à ce qu’a fait l’UE, l’île-sœur n’a pas adopté de législation favorisant lutilisation d’un mélange bioéthanol-essence pour la consommation automobile. En décidant d’investir le port de Mahébourg, Maurice annonçait son ambition : exporter la quasi-totalité de sa fabrication. Si cette stratégie reste toujours d’actualité, Port-Louis va décider de conquérir aussi son marché local. Pour plusieurs - dont la hausse constante du prix du pétrole - il va hâter l’usage du mélange des 2 carburants par son parc automobile. Un projet expérimental mené conjointement par le fabricant Alcodis et le distributeur Total sera lancé à partir du mois de juin. Des tests auront lieu pendant 2 mois sur une trentaine de véhicules pour mesurer l’efficacité d’une solution composée de 90% d’essence et de 10% d’éthanol.
Les autorités mauriciennes estiment être en mesure, à terme, de fournir à l’ensemble de ses automobilistes un mélange au prix très compétitif par rapport à l’essence. Le projet est favorablement accueilli. Dans le même temps, Maurice garde intacte l’ambition d’exporter la plus grande partie de son éthanol, les deux-tiers vraisemblablement "Vers l’Europe", a de nouveau précisé le ministre de l’Agro-indusrrie, M. Arvin Boolell.
Ainsi, par rapport à l’île-sœur, La Réunion continue d’accumuler les retards. Alors que depuis au moins 2 ans, Port-Louis a sollicité les expertises brésiliennes et hawaïennes pour développer sa fabrication, notre île est restée publiquement inactive. Alors que des directives européennes et des décisions françaises lui imposent une introduction progressive d’éthanol dans la consommation automobile (5,75% en 2008, 7% en 2010 ; 10% en 2015 et 20% en 2020), elle nest pas prête à assumer ces obligations. Pendant ce temps, Maurice accélère le tempo. À terme, ne serions-nous pas mis dans la situation d’importer de Port-Louis à la fois le biocarburant ainsi que le protocole d’utilisation du mélange essence/éthanol ? C’est peut-être la stratégie voulue tant par le gouvernement français que les industriels locaux. Encore faudrait-il informer les Réunionnais à ce sujet.

JMS


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