Hugo Chavez dans la ligne de la « révolution permanente »

Les richesses du Venezuela appartiennent au peuple vénézuélien

10 janvier 2007

Réélu le 3 décembre avec 63% des voix et pour 6 ans, Hugo Chavez annonce l’amplification de la lutte avec la nationalisation de l’électricité et des télécommunications, ainsi que par un meilleur contrôle de la Banque centrale et des ressources pétrolières.

Le Président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé lundi la nationalisation des secteurs de l’électricité et de la téléphonie. Il a également affirmé que la Banque centrale allait perdre son autonomie. La nationalisation des principales industries nationales a été l’une des premières mesures entreprises, après leur arrivée au pouvoir, par 2 autres dirigeants de gauche près de Hugo Chavez, le Cubain Fidel Castro et le Bolivien Evo Morales en Bolivie.

Nationalisations stratégiques

Avant sa réélection en décembre dernier, Hugo Chavez avait promis d’amorcer un virage radical dans sa volonté d’établir un Etat socialiste au Venezuela.
Dans son discours de lundi, il a fait référence à l’idéal communiste prôné par Karl Marx, Lénine et Léon Trotsky. « Je suis tout à fait dans la ligne de Trotsky, la révolution permanente », a-t-il indiqué.
« Les ressources stratégiques, de la possession desquelles dépendent la souveraineté, l’indépendance et la sécurité du Venezuela, doivent de nouveau être propriété nationale. Nous nationaliserons tous les secteurs d’importance vitale qui, à une certaine époque, avaient été remis en gestion à des particuliers », a déclaré lundi le chef de l’Etat au cours de la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement.
Ces nationalisations concerneront probablement Electricidad de Caracas, propriété du groupe américain AES Corp., et C.A. Nacional Telefonos de Venezuela (CANTV), entreprise de télécommunications. « Tous ces secteurs dans un domaine aussi important et stratégique pour chacun d’entre nous, comme l’est l’électricité, tout ce qui a été privatisé, nationalisons-le », a déclaré Hugo Chavez. « Le pays devrait récupérer le contrôle des secteurs stratégiques ».
En août dernier, le président vénézuélien avait menacé de nationaliser CANTV, une ancienne entreprise publique privatisée en 1991, si elle n’ajustait pas le montant des retraites au niveau du salaire minimum, augmenté à plusieurs reprises par son gouvernement.

La Banque centrale au service du peuple

Le chef de l’État vénézuélien a précisé qu’il déposerait un projet de loi pour que le Parlement lui confie le pouvoir de reprendre le contrôle de ces domaines. Il compte, d’une manière générale, réformer « en profondeur » la Constitution afin d’aller vers la création d’une ”République socialiste du Venezuela” en remplacement de l’actuelle “République bolivarienne du Venezuela”.
La nouvelle législation lui permettra aussi de mettre fin au contrôle de groupes étrangers sur plusieurs installations pétrolières de la Ceinture pétrolière de l’Orénoque. A propos de cette loi qui lui permettra de promulguer des décisions dans d’autres domaines économiques, social, de sécurité et défense, il a fait état d’un « délai raisonnable d’un an ».
La Banque centrale « ne doit pas être autonome, c’est une thèse néo-libérale », a également déclaré le président vénézuélien à l’occasion de la prestation de serment de son gouvernement remanié la semaine dernière. Et de préciser que « la Banque centrale (...) sera totalement subordonnée aux intérêts du peuple ; autrement, nous risquerions de perdre nos réserves de change placées dans des banques américaines et de tomber sous la dépendance entière de Washington. Avant la nationalisation du pétrole, cette amère leçon nous avait été donnée par la société "Petroleum de Venezuela" qui, pratiquement, appartenait au capital privé américain », a souligné le président vénézuélien.
La semaine passée, Hugo Chavez avait annoncé que son gouvernement allait attribuer 7 des 37 milliards de dollars de réserves accumulées dans les caisses de la Banque centrale au Fonds pour le développement national (Fonden) et à la construction du socialisme.
En 2001, Hugo Chavez avait déjà obtenu des pouvoirs spéciaux pour promouvoir la loi pétrolière (appliquée avec retard) et la réforme agraire, ce qui avait provoqué une levée de boucliers dans le secteur privé et avait fortement polarisé le pays. « Si, en 2001, [la loi] avait eu un fort impact social et économique sur le pays, cette fois-ci, cela va être encore plus important », a promis le président.
Après un putsch raté contre le chef de l’État en avril 2002, l’opposition et les industriels qui appuyaient cette tentative, avaient organisé une grande grève fin 2002, début 2003, qui avait paralysé le crucial secteur pétrolier, provoquant d’énormes pertes économiques pour le pays. Incapables de vaincre démocratiquement le Président Chavez et de reconnaître leurs défaites successives, les partis d’opposition ont appelé au boycott des dernières législatives. Cela donne de grande chance à une adoption de la loi qui pourra approfondir encore davantage les acquis du peuple vénézuélien.


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