Si, elle ouvrira...

21 juillet 2007

Le Père Théophane Rey et le Pasteur Alain Djeutang ont en charge l’accueil des gens de la mer. L’un est catholique, l’autre protestant. Tous deux, depuis l’île de La Réunion où ils résident, se sentent interpellés par la vie des marins de toutes les mers du monde, lorsque leur bateau accoste et qu’ils touchent alors terre après plusieurs semaines vécues dans l’étroit volume de la coque d’un navire, dans une promiscuité parfois pénible, même si c’est le choix qu’ils ont fait... à défaut de mieux.
Ces marins, quand ils retrouvent le sol ferme, l’odeur des habitations et des gens qui déambulent en voiture, à pied, à vélo... ces marins, quand ils plongent à nouveaux dans les bruits d’une vie qui ne sont pas ceux qui prédominent en haute mer, loin des rugissements des vents et des vrombissement des vagues, loin des ordres à exécuter dans la minute et des caps à suivre à partir d’une carte, d’un compas ou d’une liaison virtuelle satellitaire... Ces marins, il faudrait bien qu’ils puissent, le temps de l’escale, pouvoir se poser les fesses sur une chaise confortable, boire un verre sans que leurs proches aient à croire qu’ils sont peut-être au bordel, s’agenouiller dans l’intimité de leurs prières, communiquer à peu de frais avec leurs familles, trouver quelques journaux et les fraîches nouvelles des semaines écoulées, prendre un livre, ou encore et tout simplement causer avec des hommes d’autre chose que du fret, des poissons, des cales, du capitaine ou des matelots. Et aussi disposer d’un lit dans une chambre, ou bien encore d’une salle de détente. Bref, redevenir ce qu’ils n’ont pas cessé d’être, parce que la vie est dure et qu’il faut la gagner, pour soi, pour l’épouse et les enfants.
« La maison des gens de la mer » dans un port, c’est plus qu’une nécessité, une obligation morale et citoyenne qui nous interpelle et nous questionne tous.
Sur le terrain qui abritait alors dans une pauvre petite maison qui en faisait usage au Port, rue du Général Emile Rolland, il y a encore un an, Théo et Alain ont proposé qu’on y édifie quelque chose de digne. Pas du grandiloquent. Juste du digne. Quelque chose capable d’accueillir dignement sur notre bout de terre française les marins de toutes les nationalités, de toutes les religions, tous égaux dans la dureté d’un métier pas tout à fait comme les autres.
Des institutions et des associations les ont aidés dans ce qu’il faut définir comme ne relevant de la compétence de personne, sinon de celle de tous.
Il leur manque 50.000 euros... sûrement un peu plus... pour pouvoir ouvrir « la maison des gens de la mer » de La Réunion.
50.000 euros... Dix fois cinq mille euros ou bien, si on préfère, vingt fois deux mille cinq cents euros. Est-ce le bout du monde ? Est-ce la quadrature du siècle ?
Ouvrira-t-elle, cette maison, notre maison des gens de la mer ? Oui ? Non ?
Si... Si, elle ouvrira...

Raymond Lauret


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