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Les îles à l’avant-garde de la lutte pour le développement durable

L’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de la biodiversité

mardi 15 juillet 2008, par Manuel Marchal


Initié par l’ONERC et l’UICN, le premier événement de la présidence française de l’Union européenne s’est conclu vendredi 11 juillet par plusieurs recommandations inscrites dans ’Le message de La Réunion’. Les discours de clôture ont souligné l’atout que représentent les îles dans la lutte que mène le monde pour réussir à relever les défis simultanés du changement climatique, de l’accroissement de la population et de la mondialisation des échanges. Cette conférence marque un pas important dans la construction d’un nouveau modèle de développement, capable de garantir le respect des droits universels pour tous les êtres humains.


Le modèle dominant ne permet qu’à 20% de la population du monde de vivre décemment. C’est dans les îles que peut être expérimenté un autre modèle, capable de garantir à tous les peuples du monde le droit au développement, a dit en substance Paul Vergès.(photo MM)

« Au moment où le G8 dit qu’il va réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre pour 2050, nous garantissons 100% d’élimination. Cet engagement peut être tenu, La Réunion peut le faire, nous serons à l’avant-garde de la lutte » : cette proposition de Paul Vergès a soulevé l’enthousiasme des 450 congressistes rassemblés vendredi, lors de la clôture de l’événement rassemblant les représentants d’îles de tous les océans. Elle fut accueillie par des applaudissements tellement nourris qu’ils ont interrompu un court moment le discours du président de l’ONERC.
C’est en effet un des principaux messages délivrés par cinq jours de travaux d’un congrès sans précédent. Il a été clôturé par Paul Vergès, président de l’ONERC et de la Région Réunion, Paulino Riviero, président de la Région autonome des îles Canaries, Lionel Teihotu, ministre de l’Environnement de la Polynésie, Clive Stanbrook, président de l’association des PTOM, Ladislav Miko, Directeur de la protection de l’Environnement à la DG Environnement de la Commission européenne, Claudia Wiedley, chef de la Délégation de l’Union européenne à Maurice, aux Comores et aux Seychelles, Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique, Julia Marton-Lefèvre, directrice générale de l’UICN et Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer.
Pour la première fois, les RUP, les Pays et territoires d’Outre-mer associés à l’Union européenne, les pays de la COI, des membres des Petits États insulaires en développement, des représentants de la Commission européenne, des Nations-Unies, du gouvernement français assurant la présidence de l’Union européenne étaient réunis pour discuter de questions communes à toutes les îles, mais qui engagent aussi l’avenir de l’humanité : l’adaptation au changement climatique et la protection de la biodiversité.
Ouverte au moment où le Groupe des huit pays les plus riches du monde tenait son Sommet, la conférence des îles a été marquée par l’inauguration du Parc national de La Réunion. Durant cinq jours, des représentants d’îles de tous les océans ont souligné la vulnérabilité de leurs pays aux effets du changement climatique, mais également l’atout que constitue l’insularité en tant que laboratoire pour appliquer des solutions en rupture avec le modèle de développement dominant.

Respect de l’environnement et de l’humain

Un modèle qui fait que 20% de la population mondiale s’accapare 80% de l’énergie, et dont les conséquences sont payées par les îles en terme de phénomènes climatiques extrêmes et de pression sur une biodiversité extrêmement riche mais menacée.
Pour relever ce défi, les îles veulent travailler ensemble au sein de réseaux renforcés pour mutualiser leurs atouts. Dans la course contre la montre à mener pour anticiper les effets du réchauffement, les îles sont en effet des lieux d’expérimentation. Puisqu’elles ne peuvent pas compter sur des ressources fossiles, elles ont du développer des solutions alternatives. Ce sont ces avancées dont le monde aura besoin pour construire une société sans pétrole, reposant sur l’utilisation à grande échelle des énergies renouvelables.
Dans ce contexte, les îles peuvent montrer la voie aux pays les plus riches du monde. Celle d’un développement capable de garantir à tous les êtres humains le respect des droits universels, parce qu’il s’appuie sur le respect de l’environnement, l’enrichissement de la biodiversité et de la diversité culturelle.

Manuel Marchal


2010 : l’invitation des Canaries à tous les congressistes

Paulino Riviero, président de la Région autonome des îles Canaries, a proposé que son pays soit le siège de la deuxième conférence "L’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et la perte de biodiversité".
Lors de son intervention vidéo, Paulino Riviero a également insisté sur la nécessaire prise en compte de toute la portée de l’Article 299-2 du traité Européen. Adopté à Amsterdam en 1997, cet article reconnaît juridiquement les spécificités des régions ultrapériphériques au sein de l’Union européenne. Il cite notamment le cas d’une décision européenne taxant les émissions de CO2 du transport aérien. Ceci est un obstacle au développement des RUP, car l’avion est l’unique moyen de désenclavement, contrairement aux régions du continent européen. Le président des Canaries demande également une extension au RUP de l’étude sur l’impact du changement climatique sur les régions de l’Union européenne.
Enfin, Paulino Riviero rappelle que les RUP sont la dernière frontière de l’Union européenne. Pour cette raison, elles peuvent être des laboratoires pour des solutions innovantes concernant leurs pays voisins.


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