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Quand Decathlon choisit Maurice, c’est la simple manifestation de l’obsolescence du modèle actuel de développement
/ 18 février 2021
Décathlon, géant français du commerce de matériel de sport, est installé à la Réunion depuis de nombreuses années. Pourtant le groupe choisit d’installer à Maurice son hub logistique pour l’Afrique. C’est le symbole d’un modèle de développement qui est obsolète.
Décathlon, géant français du commerce de matériel de sport, est installé à la Réunion depuis de nombreuses années. Pourtant le groupe choisit d’installer à Maurice son hub logistique pour l’Afrique. C’est le symbole d’un modèle de développement qui est obsolète.
Décathlon, une multinationale Française
Decathlon est une entreprise française de grande distribution de sport et de loisirs, créée en 1976 par Michel Leclercq. Le groupe Decathlon n’est pas coté en bourse, mais détenu par un actionnariat familial composé de trois collèges : la famille de l’ex-président fondateur, des salariés et la famille Mulliez. Son siège se situe à Villeneuve-d’Ascq. Avec plus de 1 178 magasins répartis dans 69 pays, le groupe estime son chiffre d’affaires global à plus de 11,3 milliards d’euros annuellement en 2018.
Ce géant français s’est installé à la Réunion ou il a plusieurs grande surface. Sa stratégie de développement passe par des partenariats dans l’océan indien. Il prépare donc avec le groupe mauricien ENL l’ouverture de son premier magasin à Maurice. Mais coup de tonnerre, le groupe décide d’installer sa plateforme logistique pour l’Afrique aussi à Maurice.
Mais elle choisit Maurice pour son développement dans la zone
D’aucun aurait pu croire que sa plateforme serait installé à la Réunion. Mais c’est méconnaitre le nouveau monde dans lequel on vit. Depuis des décennies, il était convenu qu’un des axes de développement de La Réunion est qu’elle devienne un centre d’éclatement pour les entreprises notamment françaises et européennes en direction des pays de notre environnement géographique. Mais visiblement, cette axe est mort née.
Cet axe n’est qu’une mise à jour du colbertisme. Sur un plan économique et politique, le colbertisme est une doctrine qui est apparue au XVIIe siècle. Il est assimilé à la doctrine du mercantilisme. Son nom tient son origine de son créateur, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV. Colbert est celui qui a systématisé et appliqué cette doctrine en France dès la fin du XVIIe siècle. La plupart des historiens s’accordent pour voir dans le « colbertisme » davantage un ensemble de pratiques économiques qu’un véritable courant de pensée économique. Pour autant, le « dessein » et la « volonté » colbertistes auront une influence profonde sur la pensée économique française, et même concurrencés au XVIIIe siècle par le physiocratisme, puis par le libéralisme économique, les principes colbertistes demeurent profondément associés dans ce pays à la définition du rôle de la nation (en politique), de l’État (en économie) et de certaines branches de l’activité nationale (secteur du luxe en particulier avec l’action depuis 1954 du comité Colbert fédérant la plupart des sociétés françaises du secteur).
Le monde nouveau nous impose de remettre en question les fondements de notre projet de développement
Il serait grand temps de repenser notre voie vers le développement en dehors des cadres actuels. Il est illusoire de croire qu’une multinationale, même française, fasse le choix de la Réunion pour déployer son développement dans la zone. D’ailleurs cela n’a jamais été le cas. On a plutôt connu des multinationales venir prendre le contrôle d’entreprise locale sans installer sur place de logistique. Preuve en est, la prise de contrôle totale de la Banque de la Réunion par les Caisses d’Epargne de PACA. Et l’on a vu les centre de décision quitter l’île. Il en est de même avec la Prudence créole racheté par Generali. Le meilleur exemple est la reprise des activités de Vindémia par Hayot, dont le but n’est pas la domination du marché Réunionnais mais de s’installer à Maurice et à Madagascar. Les centres de décisions, dans ce cas, ne vont pas migrer puisqu’ils n’ont jamais été à la Réunion.
L’heure est à l’émancipation économique de la Réunion, ou seul doit compter les intérêts des Réunionnais et non la nationalité de l’acteur économique. Quand commencera le grand chantier du rail, il nous faudra regarder plutôt les transferts éventuels de technologie plutôt que l’adresse du siège social de la société. Pour respecter les accords de Paris, pourquoi ne pas remplacer la flotte de bus par des bus électrique chinois si le fournisseur met en place ici une usine pour la maintenance.
Il faut cesser de parler de patriotisme économique, car à la fin ce sont toujours les Réunionnais les derniers maillons de la chaine. D’ailleurs le capitalisme est par essence apatride. Son but est la maximisation des profits et non la création d’une société du bonheur.
David GAUVIN