Un article paru dans « L’Express » daté du 30 décembre 2021 annonce l’exploitation d’un gisement de pétrole à Madagascar, avec des premières ventes prévues lors du premier trimestre 2022, voici quelques extraits :
« Al Njoo, président de Madagascar Oil, s’est expliqué sur Proactive Investors sur les activités de cette société et de sa propre expérience dans le secteur de l’énergie, la finance internationale, la banque et la gestion. Lui qui est également président de Benchmark Group basé à Singapour, actionnaire majoritaire de Madagascar Oil.
« Actuellement, nous avons un plan pour désenclaver et désengorger l’usine de production afin de générer des revenus et des flux de trésorerie rapides. Nous avons une grande ressource, c’est un champ pétrolier immense. Ainsi, le développement adoptera une approche de production incrémentielle en plusieurs phases. Notre produit est un pétrole brut premium. Ce n’est pas le pétrole lourd typique, qui est plus pollué ».
À plus court terme, l’entreprise poursuit simultanément ses projets de vente locale et d’accès aux marchés d’exportation régionaux. Les prix locaux à Madagascar sont élevés par rapport aux normes internationales car le pays importe actuellement 100% de ses besoins en mazout.
En développant le bloc 3014, connu sous le nom de Tsimiroro, Al Njoo et son équipe entament maintenant la première phase de développement du gisement de pétrole estimé à 1,7 milliard de barils de ressources avec d’importantes réserves.
« Nous nous attendons à ce que les premières ventes se matérialisent au début de l’année prochaine, au premier trimestre (2022 - NDLR). Nous vendrons notre brut à partir des stocks de nos réservoirs. Ainsi, nous aurons des flux de trésorerie immédiats en même temps avec notre approche rapide du dégoulottage. Nous augmenterons la production relativement rapidement. Nous pourrions générer des revenus d’environ 40 à 50 millions de dollars par an. Ce qui est un bon début », a appuyé le président de Madagascar Oil. »

Commentaire

Depuis l’invasion et la colonisation française à la fin du 19e siècle, Madagascar a été fortement appaurvrie par la colonisation et le néocolonialisme. Dans le même temps, l’extension du capitalisme dans le monde a entraîné la diffusion massive de l’automobile qui nécessite un dérivé du pétrole pour fonctionner. Ce pétrole est essentiel pour les transports maritimes et aériens.

L’exploitation du pétrole à Madagascar va donc rapporter des revenus importants. Souhaitons que ces revenus ne profitent pas essentiellement aux actionnaires de la compagnie pétrolière, ou ne fassent l’objet de convoitises pouvant alimenter la corruption, car bien souvent dans les anciennes colonies, les richesses naturelles du sous-sol n’améliorent pas la situation de la population. Sinon comment expliquer la pauvreté du Niger d’où la France importe de grandes quantités d’uranium, carburant des centrales nucléaires qui font fonctionner l’économie d’un des pays les plus riches du monde ?

La situation sociale à Madagascar explique donc pourquoi un gisement de pétrole est une opportunité, alors que son exploitation porte un coup à la lutte contre le changement climatique. Ce sont en effet des milliards de tonnes de CO2 stockées sous forme liquide ou gazeuse depuis des millions d’années sous terre qui seront libérées dans l’atmosphère, alimentant le réchauffement climatique.
Ceux qui ne manqueront pas de reprocher à un pays en développement d’exploiter un nouveau gisement de pétrole s’engageront-ils à verser à Madagascar le manque à gagner que constituerait la non-exploitation de ce gisement ?

M.M.