Déplacements - Transports
Insécurité des déplacements en cas de fortes pluies : conséquence de choix politiques
Un phénomène habituel en saison des pluies a des effets étonnants dans un département français
/ 24 janvier 2020
La Réunion connaît un épisode pluvieux qui n’a rien d’exceptionnel. En effet, La Réunion est une île tropicale, soumise aux précipitations correspondant au climat de ces lattitudes, d’autant plus que dans notre hémisphère, c’est la saison des pluies. Pourtant, La Réunion connaît de nombreuses perturbations marquées par des routes coupées, y compris des routes nationales, ce qui pénalise les transports. Ceci rappelle l’inadaptation du mode de déplacement privilégié par l’institution en charge de l’aménagement du territoire global du pays. Force est de constater que le retard ne cesse de s’accumuler, alors que l’intensification des effets du changement climatique annonce des phénomènes bien plus violents et imprévisibles.
La Réunion connaît un épisode pluvieux qui n’a rien d’exceptionnel. En effet, La Réunion est une île tropicale, soumise aux précipitations correspondant au climat de ces lattitudes, d’autant plus que dans notre hémisphère, c’est la saison des pluies. Pourtant, La Réunion connaît de nombreuses perturbations marquées par des routes coupées, y compris des routes nationales, ce qui pénalise les transports. Ceci rappelle l’inadaptation du mode de déplacement privilégié par l’institution en charge de l’aménagement du territoire global du pays. Force est de constater que le retard ne cesse de s’accumuler, alors que l’intensification des effets du changement climatique annonce des phénomènes bien plus violents et imprévisibles.
Depuis quelques jours, La Réunion connaît un épisode de fortes pluies. Dans notre hémisphère en ce moment, cela n’a rien d’exceptionnel car c’est la saison des pluies. Cette eau est la bienvenue, car elle permet de recharger des cours d’eau et des nappes phréatiques en souffrance. Pourtant, la Préfecture a tiré la sonnette d’alarme, recommandant de limiter les déplacements au strict nécessaire. Autrement dit, le système de transport à La Réunion peut devenir dangereux. Ceci est pour le moins étonnant. En effet, à la différence de nos voisins, La Réunion bénéficie d’importants crédits de la France et de l’Europe, qui peuvent être utilisés pour sécuriser les déplacements de la population. Les routes coupées, y compris des routes nationales, sont le révélateur d’une chose : tout cet argent n’est pas utilisé à bon escient. Mais que se passe-t-il dans la tête de ceux qui se sont battus pour avoir la responsabilité de diriger la collectivité responsable de l’aménagement global du territoire de notre pays, à savoir en particulier la Région.
Quelle priorité ?
En effet, si le Département et les communes ont pour compétence la gestion des routes secondaires et vicinales, la Région Réunion dispose de celle de gérer les routes nationales, et plus globalement les déplacements inter-urbain, ce qui lui donne la possibilité de construire par exemple un train. Manifestement, la sécurité des usagers reste une priorité secondaire au regard de tout l’argent dépensé dans la construction de la route en mer qui, rappelons-le, ne sera jamais terminée avec la solution technique privilégiée par le maître d’ouvrage, la Région Réunion. C’est tout du moins la conclusion la plus plausible à tirer, compte tenu de l’incapacité de la collectivité à accepter l’expertise technique, financière et environnementale du projet afin de rechercher une solution raisonnable pour terminer la sécurisation de l’axe stratégique reliant la moitié Sud à la moitié Nord de La Réunion.
Ceci contraste avec les politiques mises en œuvre par les prédécesseurs de cette majorité régionale. Rappelons que si la situation n’est pas encore plus catastrophique, c’est parce que la route des Tamarins a été construite sous la présidence de Paul Vergès à la Région. C’est un axe sécurisé entre l’Ouest et le Sud de notre île. Sans elle, les usagers des transports auraient encore à affronter le risque de l’effondrement de falaise au Cap la Houssaye, ou la route inondée à l’Hermitage.
Mettre à l’abri des effets de la pluie la totalité des axes majeurs de La Réunion reste un chantier titanesque. C’est pour répondre à ce défi que la précédente majorité régionale avait obtenu de l’État et de l’Europe les financements nécessaires pour reconstruire le train entre Saint-Paul et Sainte-Marie en passant par Saint-Denis d’une part, et pour la création d’une nouvelle route du littoral entre Saint-Denis et La Possession.
Les intérêts corporatistes plutôt que l’intérêt général
Mais manifestement, le train était un projet qui dérangeait trop d’intérêts particuliers. Ils surent trouver une oreille attentive auprès de ceux qui dirigent la Région depuis 2010. Aussi il n’est guère étonnant qu’une des premières décisions prises en 2010 a été de stopper le chantier du train et de remettre en cause la nouvelle route du littoral. L’argent obtenu pour financer ces deux chantiers a été concentré dans un seul : la route en mer. Les lobbys des transporteurs, des pétroliers et de importateurs d’automobile pouvaient applaudir des deux mains car la collectivité avait préferé privilégier leurs intérêts particulier plutôt que l’intérêt général.
Cela fait bientôt 10 ans que cette décision a été prise, et les plusieurs dizaines de milliers d’usagers quotidiens de la route du littoral peuvent constater l’impasse de ce chantier pharaonique au sens propre comme au figuré. Elle est marquée par la présence d’ouvrages d’art qui ne mènent nulle part, tandis que les partisans de ce projet ne peuvent que constater qu’ils ne sont pas capables de répondre à une question basique : comment trouver les matériaux nécessaires à la construction de la route. Voici où en est La Réunion, et pendant ce temps, les importateurs de voitures battent des records, avec plus de 30.000 véhicules immatriculés l’an dernier. Seulement, cet important contingent débarque sur un réseau routier inadapté, où quelques jours de pluie suffisent à créer d’importants blocages.
Immobilisme
Cette situation est très inquiétante, car tout l’argent dépensé pour la route en mer n’est pas utilisé à des œuvres bien plus utiles mais moins prestigieuses. Il s’agit par exemple de la résorption des plus de 500 radiers subsistants que la Région pourrait co-financer pour aider les collectivités concernées à relever ce défi considérable, et bien sûr la reconstruction du train passant en tunnel sous la montagne entre Saint-Denis et La Possession. Or, un train dans un tunnel, cela ne craint pas les chutes de pierre, cause de la fermeture partielle de la route du littoral par mesure de précaution et des embouteillages que cela entraîne en raison du basculement de 4 voies de circulation sur une chaussée à 3 voies côté mer.
La situation est encore plus critique dans les écarts, avec les fermetures fréquentes de la route nationale désenclavant Cilaos, ou l’inondation de la route nationale entre Saint-Louis et l’Etang Salé.
Or, plus le temps passe et plus il y a urgence à agir. En effet, l’intensification des effets du changement climatique annonce des phénomènes météorologiques plus surprenants et puissants. Il est donc grand temps de se remettre au travail.
M.M.