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par le Dr Raymond Vergès

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Les Réunionnais passent à la caisse : déjà 2 routes du littoral

Pendant que les experts passent, forts de leurs certitudes

samedi 2 février 2013


Le passage du cyclone Felleng au large de La Réunion a relancé le débat sur la construction en bord de mer. La houle a fait des ravages, la route du littoral est fermée depuis trois jours. Face à la puissance des éléments, les certitudes d’experts sont convoquées pour entretenir l’illusion.


Depuis trois jours, la route du littoral est fermée. C’est la conséquence de la houle. Pourtant notre île n’a pas été frôlée par un cyclone. Felleng est resté loin au large, toujours à plus de 400 kilomètres. Cela n’a pas empêché des vagues de déplacer des blocs de plusieurs tonnes, et d’être à l’origine d’accidents.

Alors quand une collectivité annonce qu’elle va dépenser au bas mot 1,6 milliard pour construire une nouvelle route du littoral, cette question fait débat. Et rares sont ceux qui défendent l’utilité d’un tel projet. La tendance, c’est de dire que c’est une erreur à ne pas commettre, car rien ne sera réglé.

Une filiale du banquier du projet

C’est alors qu’intervient un article qui interroge le bureau d’étude choisi par la Région pour conduire ce projet : EGIS. EGIS est une filiale de la Caisse des Dépôts, la banque qui a prêté plusieurs centaines de millions d’euros pour ce projet.

Pour le porte-parole d’EGIS, il n’y aura même aucun paquet de mer sur la nouvelle route. Les concepteurs ont tout prévu.

La certitude de l’expert, c’est ce que les Réunionnais vérifient depuis 50 ans et la mise en service de la première route du littoral. Dès ses premiers jours d’ouverture, cet itinéraire prouvait sa dangerosité avec des accidents dus à des chutes de pierre. Cette route allait fonctionner pendant 13 ans.

Une route utilisée seulement 13 ans

10 ans plus tard, le chantier de la nouvelle route du littoral débutait. L’objectif était de construire une route mettant les usagers à l’abri des chutes de pierre. Construite à 8 mètres au-dessus du niveau de la mer, elle était protégée de la houle par une carapace de milliers de tétrapodes pesant plusieurs tonnes chacun.

Les certitudes des experts garantissaient la sécurité. 4 ans après son inauguration, cette nouvelle route était totalement engloutie par un effondrement de la falaise. Ce phénomène s’est reproduit en 2007 avec à chaque fois des automobilistes écrasés sous les rochers.

Quant à la mer, elle obligea la pose de tétrapodes de 25 tonnes pour protéger la digue. Cela n’empêcha pas l’eau de s’infiltrer et de faire des trous sous la chaussée. 30 ans après la mise en service, il était établi que cette route ne pourra jamais être totalement sécurisée, il faut donc un nouvel itinéraire.

Toujours les mêmes certitudes

Cette fois-ci, ce sont toujours les certitudes d’expert qui sont appelées au secours d’un projet qui bat de plus en plus de l’aile.

Car pour éviter les risques liés à l’effondrement de la falaise, un projet de route encore plus large et plus éloignée est soutenu par la Région. Le porte-parole du bureau d’études est catégorique : les paquets de mer ne pourront pas être projetés sur la prochaine route, et la houle ne viendra même pas atteindre le sommet des piles du pont du viaduc.

C’est le même type de propos rassurant qui a été servi aux Réunionnais pour les deux premières routes du littoral. L’expérience a démenti les certitudes d’expert. Gageons que la gabegie s’arrêtera avant que les Réunionnais paient une nouvelle fois le coût de ces certitudes.

M.M.

Premier bilan du cyclone Felleng

L’extension très large de Felleng du côté est a fait que, même située à bonne distance du centre, La Réunion a ressenti de manière très significative la présence du phénomène, avec forte houle, fortes pluies et vents forts localement. Les valeurs observées sont toutefois restées nettement en deçà d’un réel épisode cyclonique (étant pour ce qui est des vents nettement en retrait par rapport à l’épisode récent "Dumile", qui n’était déjà pas en soi un épisode cyclonique particulièrement virulent).

La houle a approché 5 m en hauteur moyenne (4,7 m mesuré au Port Est hier jeudi) et dépassé les 8 m en hauteur maximale (soit des valeurs légèrement inférieures à celles observées durant Dumile).

Les vents forts n’ont concerné qu’une petite partie de l’île, à savoir la façade ouest (les Hauts surtout), le flanc est du volcan (secteur Bois Blanc-Tremblet) et le secteur des Plaines (Plaine des Cafres et Tampon principalement) et sont, en outre, restés dans des limites raisonnables : comme annoncé, les rafales maximales de vent y ont dépassé légèrement le seuil des 100 km/h (106 km/h mesuré à La Plaine des Cafres - contre 162 km/h lors de Dumile), des valeurs supérieures étant observées en haute altitude (133 km/h au Gîte du volcan).

Les pluies ont été fortes jusqu’en début de matinée de ce vendredi, avant de s’atténuer très nettement dans les Hauts ou même de cesser quasiment sur les zones côtières. Sur 24h, des cumuls de précipitations conséquents ont été relevés ce matin dans le secteur des Plaines, avec 512 mm à La Plaine des Cafres et 484 mm à La Plaine des Palmistes (tandis qu’on atteignait 602 mm au cratère Commerson).

Les pluies ont été moindres dans les Cirques (un peu plus de 300 mm localement). Sur 3 jours, les cumuls sont évidemment un peu plus importants, avec 650 mm à La Plaine des Cafres, plus de 700 mm à La Plaine des Palmistes (et plus de 800 mm au cratère Commerson). Dans les cirques, on se situe au-dessus des 400 mm, avec un maximum de 500 mm à Grand Ilet (cirque de Salazie). Sur les zones côtières, c’est la région Est qui a été la plus arrosée, avec un maximum observé de 304 mm à Saint-Benoît ; dans le Nord et dans le Sud on dépasse les 100 mm, tandis que l’Ouest a été peu concerné.

Ces valeurs ne se comparent toutefois pas avec un "réel" épisode cyclonique, pour lesquels les cumuls de pluie dépassent généralement les 1.200 ou 1.300 mm dans les Hauts en 3 jours (sans parler des cas plus extrêmes, tels que Gamede dans la période récente...).

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