Déplacements - Transports
Nouvel exemple de l’inadaptation de La Réunion à sa réalité
A chaque pluie tropicale : routes fermées, embouteillages et risques mortels sur les radiers
/ 14 janvier 2021
Attendue depuis longtemps, la pluie est enfin tombée. Les précipitations enregistrées ces derniers jours ont été la cause pourtant de nombreuses perturbations, confirmant l’inadaptation de notre île face à un phénomène climatique courant dans un climat tropical.
Attendue depuis longtemps, la pluie est enfin tombée. Les précipitations enregistrées ces derniers jours ont été la cause pourtant de nombreuses perturbations, confirmant l’inadaptation de notre île face à un phénomène climatique courant dans un climat tropical.
2020 a été marquée par des températures records. C’est encore une des années les plus chaudes jamais enregistrées. A La Réunion, cela s’est traduit par une nouvelle sécheresse. Le manque d’eau a touché des zones habituellement considérées comme arrosées. C’est le cas notamment de Salazie, alors que c’est de cette commune que doit être prélevée une importante quantité d’eau à destination de l’Ouest traditionnellement sec.
Ces deux derniers jours, notre île a connu d’importantes précipitations dans le sillage d’une dépression tropicale. C’est un phénomène courant pour un climat tropical comme celui de La Réunion. Ce ne sont pas ces pluies qui vont régler le problème de la sécheresse. Elles ne combleront pas un deficit qui s’accumule depuis des mois. Mais cette pluie reste malgré tout bénéfique, en particulier pour un secteur productif comme l’agriculture.
Sauvés par la Route des Tamarins
Mais ce phénomène courant sous nos latitudes a encore entraîné une grande pagaille sur le réseau routier, qui supporte tous les déplacements des Réunionnais. Le nombre de voies de la route du littoral a été réduit, avec des embouteillages à l’entrée en conséquence, et la route de Cilaos a été fermée. A ceci s’ajoute la menace des radiers qui sont submergés et qui sont autant de pièges mortels pour ceux qui tentent malgré tout de les traverser.
Heureusement, des ouvrages conçus pour résister au climat tropical montrent leur fiabilité, c’est le cas notamment de la Route des Tamarins. Sans elle, l’Ouest et le Sud seraient à plusieurs heures du Nord à chaque épisode de forte pluie.
Cette inadaptation du réseau routier ne date pas d’hier, et elle va durer encore longtemps faute de volonté politique.
Résultats de décisions politiques
En effet, c’est à la suite de l’effondrement du pont de la rivière Saint-Etienne en 2007 que Paul Vergès, alors président de la Région, lança un appel à la création d’un syndicat pour régler le problème de la sécurisation des franchissements de rivières. Des centaines de radiers sont à remplacer par des ponts, c’est un grand chantier avec des milliers d’emplois à la clé et la fin de la galère pour les usagers.
Dommage que son suivant à la Région, Didier Robert, n’ait pas suivi cette orientation. Au lieu de cela, il a privilégié la réalisation d’une route en mer. 10 ans après l’annonce de la construction, chacun peut constater que cette route ne sera pas terminée et qu’au mieux, une demi-route en mer sera livrée : le viaduc entre la Grande-Chaloupe et Saint-Denis. Sur l’autre partie de l’itinéraire, jusqu’à La Possession, il faudra rouler sur la route du littoral actuelle, susceptible d’être à moitié fermée en cas de forte pluie. Autant dire que les embouteillages causés par l’inadaptation du réseau routier vont s’aggraver, puisque dans le même temps le choix de la Région a été de stopper le chantier du train pour basculer les crédits sur l’impossible route en mer.
M.M.