Déplacements - Transports
NRL : la Région Réunion peut-elle encore payer ?
Un budget 2020 en baisse de plus de 200 millions d’euros et l’obligation de faire face aux surcoûts inévitables du chantier de la route en mer
/ 30 juillet 2020
Une réunion se tient aujourd’hui à la préfecture entre la Région Réunion et le Groupement avec l’État comme médiateur. Il s’agit de discuter d’une possible reprise du chantier de la route en mer, dont la seconde partie n’a pas encore été lancée faute de matériaux disponibles, 10 ans pourtant après l’annonce du projet. Par ailleurs, au bout de 10 ans de gestion par Didier Robert, la Région Réunion a-t-elle encore les moyens d’assumer tous les surcoûts de ce chantier, conformément à l’accord signé par le président de Région avec François Fillon, alors Premier ministre, en 2010 ? Seul le résultat d’une expertise financière, technique et environnementale du projet permettra de répondre à cette question.
Une réunion se tient aujourd’hui à la préfecture entre la Région Réunion et le Groupement avec l’État comme médiateur. Il s’agit de discuter d’une possible reprise du chantier de la route en mer, dont la seconde partie n’a pas encore été lancée faute de matériaux disponibles, 10 ans pourtant après l’annonce du projet. Par ailleurs, au bout de 10 ans de gestion par Didier Robert, la Région Réunion a-t-elle encore les moyens d’assumer tous les surcoûts de ce chantier, conformément à l’accord signé par le président de Région avec François Fillon, alors Premier ministre, en 2010 ? Seul le résultat d’une expertise financière, technique et environnementale du projet permettra de répondre à cette question.
La Région Réunion et le Groupement d’entreprises qui a bénéficié du marché de la construction d’une route en mer sont en désaccord. Les majors du BTP sont d’accord pour continuer le chantier en étudiant toutes les possibilités de réduire les coûts, mais il s’avère que le budget initial annoncé par Didier Robert, président de la collectivité pour réaliser ce projet pharaonique sera dépassé.
La route en mer dite nouvelle route du littoral est une première à plus d’un titre. Elle est construite en pleine mer, sur les pentes d’anciennes coulées de lave sous-marines. Sa réalisation a débuté sans que ses partisans ne se soient assurés de la disponibilité des matériaux nécessaires à son achèvement.
En conséquence, la moitié du chantier de cette route n’a jamais débuté. Il s’agit d’un projet de digue en mer devant porter une route à 6 voies. Ce choix technique visait à privilégier les carnets de commande de certains transporteurs dont plusieurs se sont affichés aux côtés de Didier Robert, notamment lors de la dernière campagne des élections régionales. Mais les tentatives d’ouvrir une nouvelle carrière à Bois-Blanc ont échoué.
Conséquence d’un choix technique
Depuis l’annonce du projet en 2010 et la pose de la première pierre en 2014, les années écoulées ont entraîné mécaniquement une hausse du coût final du chantier, en raison de l’augmentation du prix des matériaux, du carburant et de tous les intrants nécessaires. De plus, l’entêtement à vouloir satisfaire les intérêts d’une minorité en s’arc-boutant sur le choix de la digue a entraîné le chantier dans l’impasse. Réaliser l’autre moitié de la route en viaduc comme entre Saint-Denis et la Grande-Chaloupe est désormais impossible, puisque le bateau spécialement construit pour poser les piles du pont a été vendu. Plus grave encore : sous les coups de boutoir de l’océan, le phare du Port a déjà été détruit. Cela montre que le risque d’effondrement d’une pile du viaduc existe, entraînant avec elle plusieurs centaines de mètres de route dans la mer, mais il ne sera pas possible de réparer faute d’équipement adapté pour poser de nouvelles piles.
Près de 250 millions en moins dans le budget
La discussion autour de ce surcoût se tient dans un contexte particulier : la Région Réunion a baissé son budget de près de 25 %, soit de plus de 200 millions d’euros cette année. Pour ne pas remettre en cause des mesures clientélistes visant à soutenir la popularité de son président, la Région Réunion a maintenu des dépenses telles que les bons de réduction pour prendre l’avion pour la France, ou pour l’achat d’un ordinateur en échange de la production d’un certificat de scolarité attestant l’inscription en classe de seconde dans un lycée.
Il y a fort à parier que si la situation budgétaire de la Région Réunion n’avait pas été minée par 10 ans de gestion de Didier Robert, la collectivité aurait accepté de payer tout de suite le surcoût, et personne n’aurait entendu parler de cette histoire et les transporteurs n’auraient pas manifesté devant la Région, puis n’auraient pas menacé de blocages plus importants à la suite de la décision de justice leur demandant de lever le camp qu’ils occupaient depuis plus d’une semaine devant le siège de la Région Réunion.
Expertise préalable indispensable
En effet, pour un chantier de cette ampleur, les surcoûts sont inévitables. Mais la Région Réunion a-t-elle encore les moyens de payer ? Rappelons que la route en mer est le plus important investissement de l’État. Cela s’est traduit par une subvention forfaitaire d’environ 700 millions d’euros, sans oublier les aides, via la défiscalisation, aux transporteurs qui ont acheté des camions à 200.000 euros pièce parce qu’ils croyaient aux promesses de Didier Robert
Lors d’une audition le 28 juillet par la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Economie a laissé entendre que des fonds du Plan de relance pourraient venir en aide à la reprise du chantier. Si l’État allait dans ce sens, alors toute décision devra être prise au regard du résultat d’une expertise financière, technique et environnementale du chantier afin notamment de répondre à cette question : la Région Réunion peut-elle encore payer ?
M.M.