378 millions d’euros supplémentaires demandés

Route en mer : à quand l’expertise financière et technique ?

15 mai 2019, par Manuel Marchal

Les déboires du chantier de la route en mer s’accumulent avec la demande d’une rallonge de 378 millions d’euros à la Région rien que pour terminer le viaduc. Il est d’ores et déjà acquis que financièrement, le projet est en train de sérieusement déraper. Cela signifie en effet que l’argent prévu pour la partie la plus facile à construire n’était pas suffisant. Ceci souligne l’urgence d’une expertise financière, technique et environnementale pour savoir si le projet actuel est réalisable à un coût soutenable, et s’il n’est pas mieux d’envisager une autre solution qui permettra enfin de régler la question de la sécurisation de l’axe Saint-Denis/La Possession.

La Commission permanente de la Région Réunion hier avait un dossier explosif à l’ordre du jour : une demande de rallonge budgétaire d’un montant de 378 millions d’euros formulée par le groupement attributaire du marché du viaduc. Il est donc clair que l’argent prévu pour cet ouvrage d’art d’un peu plus de 5 kilomètres n’était pas suffisant.
Rappelons que le coût initial du chantier annoncé était de 1,6 milliard d’euros qui ne seraient pas dépassés, assurait alors le président de la Région Didier Robert. Or, ces 378 millions supplémentaires demandés par les entreprises pour avoir la possibilité de continuer le chantier du viaduc ne concernent donc même pas la moitié de la longueur du projet.

Au mieux une demi-route en mer

Rappelons qu’en juin 2017, la Région avait déjà voté une rallonge de 250 millions d’euros pour le chantier de la route en mer. Ce qui veut dire que la somme des surcoûts est d’ores et déjà de plus de 600 millions d’euros, alors que le chantier est encore bien loin d’être terminé. D’ici les prochaines régionales, le bilan que la majorité pourra présenter sera tout au plus une demi-route en mer entre Saint-Denis et la Grande Chaloupe, laissant sans solution un problème essentiel : la sécurisation de l’axe entre Saint-Denis et La Possession, où transitent vers la capitale et l’Est toutes les marchandises venues du port, ainsi que plusieurs dizaines de milliers de personnes par jour obligées de venir à Saint-Denis pour travailler, étudier, ou parce qu’elles ont des démarches à accomplir.

Où sont les matériaux ?

En effet, ce chantier est très mal engagé parce que ces partisans sont passés en force pour qu’il débute sans que ne soit réglé le problème de l’approvisionnement en matériaux. Cela explique que plus de 4 ans après la pose de la première pierre, la digue entre La Possession et la Grande Chaloupe n’a pas avancé, car les pierres prévues ne sont pas au rendez-vous. Elles sont encore enfouies sous la terre de vastes parcelles que la Région et l’État voudraient transformer en carrière. Mais la décision récente de la justice suspendant les arrêtés préfectoraux autorisant l’ouverture de la carrière de Bois-Blanc ont montré la limite de cette fuite en avant.
En tout état de cause, c’est l’incertitude sur la livraison de cette partie du chantier, et sur son coût.

Dérapage financier

Comme il fallait s’y attendre, le chantier de route en mer accumule les difficultés. Il est dans l’impasse sur une moitié de son kilométrage, quant à la moitié la plus avancée, elle nécessite une rallonge de 378 millions d’euros pour être menée à bien, estiment les entreprises qui ont obtenu le marché.
Le risque d’un dérapage financier est donc clairement établi. De plus, le contrat de financement prévoit une participation forfaitaire de l’État. C’est donc à la Région, donc aux contribuables réunionnais, de prendre en charge ces dépassements. C’est très grave car pour rembourser un tel investissement, une génération ne suffira pas. Les décisions d’aujourd’hui pour ce chantier engagent ceux qui sont encore à l’école et qui devront plus tard payer.
Les décideurs font donc face à une responsabilité écrasante.

Sortir de l’impasse

Pour sortir de cette crise par le haut, le PCR et l’Alliance ont proposé depuis le début une expertise technique et financière de ce projet. Le but est de connaître si le choix technique pourra résister aux effets prévisibles du changement climatique, quel sera le coût final de la solution proposée, si ce coût est compatible avec les finances d’une Région de moins d’un million d’habitants, et s’il ne vaut pas mieux envisager une autre solution technique pour qu’il soit possible de réaliser une liaison sécurisée entre Saint-Denis et La Possession.
Cette liaison sécurisée existait quand un train passait par un tunnel sous la falaise. La décision de le supprimer et de construire une route du littoral a créé un problème toujours irrésolu 60 ans après, et malgré la construction de deux routes.
Le projet de tram-train et de nouvelle route du littoral acté dans le Protocole signé en janvier 2007 entre l’ancienne majorité régionale et le gouvernement aurait permis de régler ce problème depuis déjà 2 ans, avec la garantie que l’État prenne en charge la majorité des surcoûts.

M.M.

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Messages

  • j’ai écrit depuis longtemps que cette route nous coûtera plus de 3 milliards d’euros , soit environ 300 millions pour un kilomètre .

    Alors que le chantier n’est qu’à moitié réalisé, les demandes de rallonges budgétaires portent actuellement son coût final à 2,228 milliards d’euros et comme l’achèvement de l’autre moitié va générer un surcoût identique si ce n’est supérieur la prévision d’une dépenses de plus de 3 milliards d’euros était tout fait crédible .

    Pourquoi cette prévision de doublement du budget n’a t -elle pas entrainé une réaction des responsables politiques et administratif de ce projet et abouti a une expertise financière et technique qui aurait pu justifier une nouvelle orientation du projet lorsqu’il était encore temps .? Ce n’est pas à moi de le dire . Mais aujourd’hui même si nous arrivons à obtenir une expertise technique et financière il nous seras difficile de changer d’orientation car le changement nécessitera beaucoup de temps et en définitive nous amènera à dépenser encore un peu plus au détriment de la population réunionnaise qui devra en supporter le coût supplémentaire et attendre encore plus longtemps la livraison d’une nouvelle route entre Saint Denis et La possession et continuer de subir le cout économique et social des fermetures de la route actuelle .

    Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire expertiser le projet tel que vous le proposez . Certes il faudrait que des experts interviennent mais pour trouver des moyens de réaliser le projet tel qu’il a été conçu avec des corrections si nécessaires plutôt que pour le stopper et recommencer ailleurs . Et si cette expertise ne nous permet pas de réaliser des économies qu’elle nous permette au moins d’obtenir une nouvelle route parfaitement fiable et capable de résister aux risques naturels auxquels elle sera soumise ; mais aussi qu’elle nous serve de leçon pour les futurs projets qui devront être réalisés pour continuer le développement de la Réunion . Il y a encore beaucoup d’ouvrages d’art réaliser sur notre île , d’autres routes ,un nouveau port , des téléphériques, un nouveau transfert de l’eau de l’Est vers l’ouest ,un tram train ou un RER reliant Saint Rose à Saint Philippe etcet…. et il faut considérer que nos capacités financières sont limitées et ne nous permettent pas de réaliser les ouvrages d’art les plus chers du monde ..

    On peut admettre que le coût de nos travaux publics soit un peu plus élevés que ceux des régions métropolitaines en raison de notre spécificité , mais quand même ; il y a des limites ne pas dépasser . 300 millions d’euros pour un Km de route expresse , c’est inacceptable et si on est obligé de l’accepter pour le projet en cours suite à l’incurie de nos responsables politiques et administratifs qui auraient trop tendance à choisir pour des raisons personnelles avouables ou inavouables les solutions les plus coûteuses que les moins chères ; Il faut éviter que cela ne se reproduise pour nos travaux futurs .

  • Vive enfin, le retour du train, des TER-PEI puis des téléphériques, espérons que ces transports collectifs soient gratuits, si si, ça existe déjà,comme en France, où 25 communes ont fait ce choix,la dernière, Dunkerque en sept dernier, d’autres depuis déjà plus de trente ans ! Alors oui c’est possible, la preuve. Sachez qu’ici, sur la Réunion, c’est 5% des gens qui les utilisent, soit dix fois moins que la moitié,autant écrire une honte(de plus, comme la ex l’emploi du glyphosate,la Réunion est son client N°2 !)
    Bon WE en attendant le train et en consommant moins et mieux, des produits "maison", locaux, et bio en lieu et place de ceux importés, remplis de pesticides, des poisons, tout simplement. Nous sommes de plus en plus informés et donc responsable de cette catastrophe. Aie aie aie pour les prochaines générations ! Arhur qui tousse en pédalant. Poussièes cancérigènes des fumées d’échappement diésel. Autre folie.


Témoignages - 80e année


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