Transports aériens
French Bee : l’occasion ratée pour La Réunion
Quand un projet réunionnais stoppé par Didier Robert n’est pas perdu pour tout le monde...
FrenchBee est désormais totalement opérationnelle avec une flotte uniquement composée de l’avion idéal pour la « continuité territoriale », l’Airbus A350-900, et un modèle low-cost diminuant le coût de production. Dans un monde du transport aérien bouleversé par la crise COVID, French Bee annonce donc des jours difficiles pour ses concurrents. Or, tous les bénéfices et emplois créés par French Bee auraient dû revenir à La Réunion. Mais quand Didier Robert était président d’Air Austral et de la Région Réunion, il a fait le choix de miser sur des bons de réduction pour les billets d’avion pour préparer les élections plutôt qu’investir dans des avions permettant de faire structurellement baisser les prix. L’idée n’était pas perdue pour tout le monde. French Bee est donc le rappel quotidien d’une occasion ratée pour La Réunion.
FrenchBee est désormais totalement opérationnelle avec une flotte uniquement composée de l’avion idéal pour la « continuité territoriale », l’Airbus A350-900, et un modèle low-cost diminuant le coût de production. Dans un monde du transport aérien bouleversé par la crise COVID, French Bee annonce donc des jours difficiles pour ses concurrents. Or, tous les bénéfices et emplois créés par French Bee auraient dû revenir à La Réunion. Mais quand Didier Robert était président d’Air Austral et de la Région Réunion, il a fait le choix de miser sur des bons de réduction pour les billets d’avion pour préparer les élections plutôt qu’investir dans des avions permettant de faire structurellement baisser les prix. L’idée n’était pas perdue pour tout le monde. French Bee est donc le rappel quotidien d’une occasion ratée pour La Réunion.
French Bee, c’est aujourd’hui une flotte ultra-moderne de 4 Airbus A350, embarquant chacun plus de 400 passagers. Samedi, Marc Rochet, PDG de la compagnie est arrivé à La Réunion à bord d’un nouvel appareil livré à French Bee, un Airbus A350-900 comme les trois autres avions de la flotte.
Lors de sa visite, Marc Rochet a annoncé une baisse probable du prix du billet d’avion : 500 euros l’aller-retour entre La Réunion et la France.
Finie la période d’essai pour French Bee
Cette annonce signifie que la période de rodage est terminée. Jusqu’à présent, French Bee était composée d’une flotte hybride composée d’Airbus A330 et d’Airbus A350-900. Elle est désormais intégralement équipée en A350-100 avec un nombre de passagers emarqués équivalent à celui de ses concurrents. La différence réside dans l’avion utilisé. Dernier né d’Airbus, l’A350-900 consomme moins de carburant que les Boeing 777-300 d’Air Austral et d’Air France. A nombre de passagers équivalent, le coût d’un vol est donc moins élevé. Par conséquent, French Bee dispose d’une marge de manœuvre supérieure à ses concurrents pour faire baisser les prix, tout simplement parce qu’il dispose de la technologie lui permettant. Ceci, adossé à un modèle low-cost, fait que structurellement, French Bee a un coût de production moins élevé, car il dispose de l’avion idéal pour la clientèle potentielle sur la ligne entre Roland-Garros et Orly.
La concurrence va souffrir
Autrement dit, la concurrence a intérêt à s’aligner si elle ne veut pas perdre des parts de marchés supplémentaires car le contexte est bien différent de celui dans lequel French Bee a lancé sa ligne vers La Réunion. En effet, la crise COVID-19 est passée par là : « les gens vont moins voyager. Les prix vont baisser. La clientèle « business » a pris un coup dans l’aile. Je n’imagine pas que les voyages d’affaires reviennent au même niveau avec le développement des nouveaux outils de communication ».
Ceci signifie d’une part que French Bee veut renforcer sa position au sein d’un trafic réduit, et que d’autre part ses concurrents vont souffrir d’une perte de recettes venant de leurs « passagers à forte contribution », la classe Affaires. Or, French Bee ne vise pas cette clientèle pour remplir ces avions, ce qui n’est pas le cas d’Air France et d’Air Austral qui ont une classe Affaires dans leurs vols.
Une idée pourtant réunionnaise
Parmi les commentaires suite à cette annonce, force est de constater que des reproches sont faits à French Bee, notamment sur le fait que cette société n’investit pas à La Réunion et ne créent donc pas suffisamment d’emplois dans notre île. Mais est-ce étonnant ?
En effet, French Bee est une filiale d’Air Caraïbes, qui comme son nom l’indique n’est pas basée à La Réunion. Pour sa part, le nœud stratégique des activités de French Bee se situe à Orly, aéroport à partir duquel s’organisent ses différentes lignes vers La Réunion, la Caraïbe et la Polynésie. Tout comme Air France ou Corsair, le centre de ses intérêts ne se situe donc pas à La Réunion.
Il est alors bon de rappeler que l’idée du low-cost long courrier s’est d’abord matérialisée à La Réunion. Un partenariat avait été acté entre Air Austral et Airbus en vue de la mise en ligne de quatre Airbus A380 dont 2 avaient été déjà commandés. Marc Rochet était alors une des chevilles ouvrières de ce projet qui visait une baisse des prix des billets d’avion de 30 % pour tout le monde toute l’année sans subvention. L’A380 haute densité était alors l’avion idéal de la « continuité territoriale ».
Air Austral ne pourra pas rivaliser à cause de Didier Robert
Le changement de direction décidé par Didier Robert à la tête d’Air Austral a mis fin à ce projet. L’argument officiel était le risque de « cannibaliser » la clientèle d’Air Austral. Mais en réalité, ce projet s’opposait à la politique clientéliste mise en place à la Région Réunion pour assurer le maintien au pouvoir de Didier Robert : distribuer des bons de réduction pour les personnes qui veulent voyager en France. Mais l’idée ne s’est pas perdue pour tout le monde.
Marc Rochet est parti à Air Caraïbes. Entre temps, l’évolution technologique avait fait de l’A350-900 l’avion idéal de la « continuité territoriale ». Et c’est donc une compagnie basée aux Antilles qui a lancé le low-cost long courrier à La Réunion, avec un aller-retour quotidien.
Tous les bénéfices créés par French Bee aurait pu bénéficier à La Réunion, tout comme les emplois créés. Mais tel n’a pas été le choix de Didier Robert et de la direction qu’il a mis à la tête d’Air Austral. French Bee est donc le rappel quotidien d’une occasion ratée pour les Réunionnais, une occasion sacrifiée aux profits d’intérêts personnels qui placent désormais Air Austral dans l’incapacité de rivaliser.
M.M.