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Billet philosophique
23 juillet 2010, par
À l’initiative d’amis et membres du Cercle philosophique Réunionnais, vendredi et lundi derniers ont été organisées à Saint-Denis et à Sainte-Suzanne deux conférences-débats autour du vodu (1). Ces rencontres étaient animées par Basile Kligueh, professeur d’économie en région parisienne, écrivain et prêtre vodu d’origine togolaise, naturalisé français. Il y a plein d’enseignements et de réflexions à tirer de cet événement, si l’on veut analyser l’évolution de la société réunionnaise et voir ensemble comment continuer à la transformer.
La première donnée de ces rencontres est leur succès populaire. Près de trois cents personnes se sont déplacées pour écouter Basile Kligueh présenter “la pensée vodou” et “l’initiation d’un prêtre vodou et son rôle dans la société”, puis en débattre avec lui. Il est très rare qu’autant de monde participe à des conférences philosophiques. De plus, lors de ces débats, on a remarqué la présence de nombreuses personnalités et militants du monde culturel, comme Annie Darencourt, Christine Salem, Jean-René Dreinaza etc., ou d’élus comme les adjoints délégués à la Culture à Saint-Denis et à Sainte-Suzanne, René-Louis Pestel et Marie-Angélina Imira.
Ce succès nous montre à quel point des Réunionnais sont intéressés par des cultures ancestrales de leur peuple qui ont depuis toujours été méprisées, rejetées voire interdites par les catégories sociales colonisatrices.
« Une arme des esclaves marrons »
Les richesses de ces cultures ancestrales ont été longuement évoquées lors de ces conférences-débats. Certes, les croyances et traditions religieuses de toutes origines sont parfois utilisées par les dirigeants à des fins socio-culturelles et politiques conservatrices voire aliénantes ; mais elles portent aussi des valeurs et des forces contestataires qui aident les personnes et les peuples à résister à toutes les formes d’injustices et d’oppression.
C’est ainsi par exemple, comme l’a rappelé Basile Kligueh, que « le vodu fut diabolisé par Napoléon car il était une arme des esclaves marrons ».
Dans un numéro hors série de “l’Humanité Dimanche” daté de mai 2008, Rosa Moussaoui explique que « les religions afro-caribéennes et afro-brésiliennes, comme le vodu, le candomblé ou le santéria, furent, pour les esclaves noirs, sources de résistance spirituelle. (...) Arrachés à leurs ethnies, privées de leurs repères, les esclaves se virent interdire la pratique de leur culte avant d’être contraints de se convertir au catholicisme ».
« C’est le culte des morts qui mettra les esclaves en contact avec les ancêtres puis avec les divinités. On “recoud” ce qui a été rompu », analyse le sociologue haïcien Laënnec Hurbon.
La force de survivre, de résister
« Combattus par l’Église catholique et par les maîtres, ces rites se sont perpétués au travers de cérémonies clandestines rythmées par des tambours, des chants et des danses, maintenant par la transe le lien avec la terre originelle et les ancêtres », conclut Rosa Moussaoui.
« Depuis que je suis enfant, je suis impliqué dans le candomblé parce que ces religions populaires ont été persécutées par les Blancs ou les métis les plus blancs et surtout les plus riches, explique l’écrivain brésilien Jorge Amado au journal “l’Humanité” le 13 janvier 1993. Très jeune communiste, j’ai été très lié à la vie populaire et à la lutte contre les préjugés surtout racistes. Je n’aurais pas pu raconter la vie du peuple de Bahia, si je n’avais pas eu une intimité avec lui, avec toutes les religions populaires d’origine africaine ».
Ces religions donnèrent à nos ancêtres esclaves la force de survivre, de résister, et parfois de briser les chaînes de l’asservissement. C’est un autre enseignement qu’on peut tirer des ces conférences-débats, au cours desquelles de nombreux participants se sont également intéressés aux liens entre les cultes d’origine africaine et malgache et l’ensemble des traditions réunionnaises.
« Un meilleur équilibre dans notre société »
D’ailleurs, après la première conférence, Jean-René Dreinaza nous a fait parvenir un document dans lequel il explique toutes ses expériences sportives, culturelles et spirituelles. Il évoque le « servis malgas » et le « servis kaf », et il « pense sincèrement que cette part afro-malgache a longtemps été oubliée, interdite, cachée, organisée clandestinement, pratiquée dans la honte et qu’elle mérite largement que l’on s’y attarde plus que jamais. Ce legs transmis par nos pères et mères doit être aujourd’hui partagé avec les autres composantes. Cette pratique ancestrale doit permettre au milieu populaire de se réapproprier ce culte, le démystifier, le partager avec les autres courants religieux à La Réunion et dans le monde. Pour conclure, je fais le vœux aujourd’hui que la part afro-malgache saura apporter un meilleur équilibre dans notre société d’une part et d’autre part contribuer à une paix sociale entre les peuples du monde ».
Finalement ces conférences nous ont montrés à quel point il est à la fois précieux et indispensable la réalisation de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, pour mieux connaître toutes les richesses de notre culture et de notre identité et pour faire respecter leur égalité. Voilà aussi pourquoi ce genre de rencontre autour du vodu est également une occasion de continuer la lutte contre le racisme à La Réunion.
Roger Orlu
(*) Merci d’envoyer vos critiques, remarques et contributions afin que nous philosophions ensemble… ! [email protected]
(1) “Vodu” est la graphie utilisée et justifiée par Basile Kligueh dans ses livres, que nous vous conseillons de consulter sur le site : www.anibwe.com
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Messages
23 juillet 2010, 20:53
Bien sûr, c’est très bien, ce type de manifestation ! mais beaucoup trop rare et surtout qu’il n’y aura ni suite ni continuité ; alors que les malbars, les chinois et les autres ont les moyens d’établir des relations durables avec les pays dont ils sont originaires. Quand est-ce que les cafres vont comprendre qu’ils sont les parias de cette’ société réunionnaise ?
Koko