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Viv lo Piton Rouz la libèrté !

Billet philosophique

vendredi 5 janvier 2018, par Roger Orlu


Après avoir lu, entendu et bien sûr apprécié de nombreux jolis vœux pour l’année 2018 qui vient de commencer, on peut se poser la question : kosa nou fé ansanm pou alé dan ce sens ? Si la philosophie consiste notamment à réfléchir pour analyser notre société afin de voir comment la transformer pour le bien commun, il y a dans l’actualité de quoi évoquer plusieurs pistes à ce sujet.


Le Piton Rouge, un lieu de maronage dans les Hauts de l’Ouest, vu ici de loin lors d’une récente rando-mémoire avec Yvrin Rosalie, président du Komité Éli.

Ainsi, nous allons citer par exemple ce message reçu d’Alain Mouetaux, un des responsables du mouvement ATTAC-Réunion, à propos d’un « noyau philosophique de la décroissance », où il nous explique notamment qu’« une proposition politique doit être capable de fournir une définition, un fondement, un objectif et un mobile ; parce que nous avons besoin de définir (clairement et distinctement) pour sortir des brouillards ; d’un fondement pour aller au bout, dans une discussion, de l’argumentation ; d’un objectif pour offrir de l’enthousiasme ; d’un mobile pour échapper au risque de la dépolitisation ».

C’est pourquoi, ajoute-t-il, « une définition doit être identifiante et clivante (il faut savoir de quoi on parle, sans confusion, sans brouillard) ; un fondement dit ce qui est juste et pour cela il faut aller aux racines et on rencontre le besoin d’un fondement dès que l’on va au bout d’une discussion ; un objectif dit ce qui est désirable : on ne peut pas se contenter quand on fait de la politique de s’enfermer dans la dénonciation et la critique ; un mobile précise ce qui est faisable, il doit être politiquement mobilisateur : on ne peut se satisfaire de participer à des débats à l’issu desquels les participants, aussi réceptifs qu’ils aient pu être, ne passent pas à l’action ».

« Abolir ce système criminel »

Dans cet esprit, un ami de la philo à La Réunion nous a transmis un message fort de Roger Strelbicki, le président du Mouvement de la Paix du Bas-Rhin, paru le 20 décembre dernier dans la revue ‘’Alsace Info Paix’’, où il désigne l’esclavage en Libye, les naufrages de migrants en Méditerranée comme « la barbarie du monde capitaliste ». Pour lui, « le capitalisme ne peut offrir comme seul avenir que plus d’exploitation, plus d’oppressions, plus de guerres » et « pour échapper à cet avenir désastreux, la seule solution est d’abolir ce système criminel ».

À cet effet, conclut-il, « quelle que soit notre origine ou notre nationalité, nous avons besoin de solidarité et une lutte commune à mener pour changer radicalement notre société ». Et pour cela, il faut des « élus du peuple non pas attachés à leurs intérêts personnels mais se donnant totalement pour le bien de tous » car « de l’art de se gouverner soi-même dépend celui de gouverner les peuples fraternels les uns envers les autres ».

‘’Lo sifon rouz’’

Pour encourager nos compatriotes à aller dans ce sens, un autre ami de la philo à La Réunion nous a remis une nouvelle version réunionnisée du célèbre chant rebelle de Michel Fugain sorti en 1977 sous le titre ‘’Le Chiffon rouge de la liberté’’. Voici un passage de cette version, telle qu’elle avait déjà été écrite en créole il y a quelques années par Georges Gauvin et dans laquelle ‘’lo sifon rouz’’ a été remplacé par ‘’lo Piton Rouz’’, ce haut-lieu du maronaz péi :

« Nout dalon la kolèr, nout dalon dann konba,

Ou k’ banna té bayone, ou k’ té ki kont mèm pa,

Ou i sava gingn lo droi porté

Lo Piton Rouz la libèrté

Pars lo mond i sora sak ou mèm i voudra,

Plin lamour, la zistis é la joi ».

É alor, pou 2018, alon sant ansanm : Viv lo Piton Rouz la libèrté !

Roger Orlu


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