Succincte réflexion sur Grand-mère Kalle

18 décembre 2006

Deux polémiques ont surgi lors du Salon Jeunesse.
L’une sur l’attribution de 160.000 euros de fonds publics de La Réunion à ce Salon et de l’interrogation sur la venue massive d’écrivains de Métropole invités sur ces fonds (je n’étais pas présent à ce Salon pour manifester ma désapprobation, car là où deux ou trois écrivains frères de Métropole eurent suffit, ils en invitèrent une vingtaine).
L’autre sur la place de Grand-mère Kalle et son interprétation par un lecteur anonyme qui signa de ses initiales.

Pour replacer le mythe dans son contexte, il est, je pense, important de signaler qu’aucun écrit sur Grand-mère Kalle existait avant le 20ème siècle.
Si une romancière évoqua ce sujet dans les années 30, c’est Claire Bosse qui, la première, dans les années 60, sortit un ouvrage sur des histoires que lui racontait sa “nénène”.
Il faudra attendre les années 90 pour que de nombreux auteurs présentent ce personnage mythique dans leurs écrits suivant leur propre imagination (ou leur fantasme) et la coloration de leur idéologie.

Le fait d’écrire ou de dire aujourd’hui que ce personnage viendrait de l’histoire tragique d’une esclave qui a résidé dans le Sud de La Réunion n’a aucun fondement historique sérieux. Lorsque l’histoire et le mythe se croisent, c’est pour qu’une élévation d’esprit se manifeste, pas le contraire.
La seule certitude sur Grand-mère Kalle, c’est le jeu innocent des enfants face à un personnage de légende qui, a minuit (basculement du temps profane au temps sacré que l’on retrouve dans les contes occidentaux), risque de les engloutir.

Au nom de la liberté d’expression, Grand-mère Kalle a été soi-disant “humanisée”... Ainsi, aujourd’hui, à l’époque où l’on fête Halloween, à Saint-Paul, des enfants coiffés d’un chapeau de sorcière enjambent un balai, mimant une Grand-mère Kalle sans contenu.

Un écrivain, dans ses textes, la fait pendre haut et court par des pirates, une autre la présente en lui faisant faire des vents et “pets” malodorants.

Bref, le mystère est désacralisé et le mythe saccagé... Il ne lui reste qu’un seul attribut : la peur ! Un zeste de peur, cela ne fait pas de mal, car sans la peur, le courage n’existe pas.

En d’autres contrées, la représentation de personnages mythiques féminins peuvent avoir des vertus... Ainsi, dans la vieille Italie, bien avant que le Père Noël fasse son entrée sur la scène internationale, via Coca Cola, les galeries Lafayette et Tino Rossi, dans les années 30, une vieille dame remplie de bonté : “La Befana” venait donner à l’Épiphanie des cadeaux pour les enfants qui avaient été sages.
Quant à la racine linguistique de Kalle... on y trouve « la beauté de la forme » chez les anciens Grecs ou la destruction de cette même forme avec l’intervention de la Déesse Kali en Inde.

Beaucoup de choix en perspective... au pays où Noël se fête sous les flamboyants.

Christian Vittori


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