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18 juin 1940 : faire surgir l’espoir du cœur de la catastrophe

21 juin 2011

Il y a le présent, mais le passé peut être également riche d’enseignements : les commémorations servent à cela.

Samedi dernier, 18 juin, le souvenir du Général de Gaulle et son appel à la résistance ont résonné dans la mémoire de celles et ceux qui ont vécu cette période.
Cet appel, qui a joué un rôle moteur pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale, a eu un écho très particulier à La Réunion.
On pourrait penser que cette colonie à 10.000 km de la France ne se sentirait pas concernée. Or, j’en témoigne personnellement, nous avons été nombreux ici à entendre cet appel. En particulier, les lycéens dont je faisais alors partie, avec mon frère Jacques et d’autres amis ont alors quitté en masse le lycée, sont descendus jusqu’à l’actuelle Préfecture, siège du gouverneur Aubert, pour relayer cet appel et demander la poursuite de la guerre contre le fascisme.
Mais le gouverneur Aubert a suivi les autorités coloniales de Madagascar, dont La Réunion dépendait beaucoup pour son approvisionnement, et a rallié le gouvernement de Vichy.

« L’espoir du plus profond de la crise »

Paradoxalement, nous avons pu capter cet appel plus facilement que nombre de Français jetés sur les routes de l’exode et sous le coup d’une défaite nationale aussi rapide qu’inattendue. Si aujourd’hui Internet et les réseaux sociaux qu’il génère ont pu jouer un rôle important dans "le Printemps arabe", à cette époque, c’est la radio qui a donné au message toute sa force de diffusion.
Le Général de Gaulle a su exprimer la volonté de dépasser le choc de cette catastrophe. Tout en reconnaissant le poids des forces matérielles mises en œuvre par les nazis, il était convaincu que d’autres forces, matérielles et morales, supérieures et présentes de par le monde, sauraient s’unir pour vaincre. Il avait vu juste.
Il a donné l’exemple de la puissance d’une analyse et d’une détermination qui a fait surgir l’espoir du plus profond de la crise.

Léopard et FFL

Il faut également souligner le courage de cet homme : un militaire qui, en appelant à la résistance, désobéissait à la hiérarchie, principe essentiel dans toute armée.
Cet appel n’est pas resté sans effet ici, puisque, en novembre 1942, quand le contre-torpilleur Le Léopard, représentant la France libre, est arrivé à la Réunion, nous avons été nombreux à nous engager aussitôt dans les FFL (Forces Françaises Libres).
Je peux dire que cet appel à la résistance a marqué toute ma vie ultérieure en ouvrant la voie de mes engagements constants pour la liberté.

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