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Gélita Hoarau au Sénat : « l’enseignement du créole est indispensable »

28 octobre 2009

Hier, lors de la séance de Questions Orales au Sénat, la Sénatrice Gélita Hoarau a interpelé le Ministre de l’Education nationale sur la Langue et Culture Réunionnaises (LCR). Elle fait part des problèmes que suscite l’enseignement du créole comme une langue étrangère alors qu’elle est la langue maternelle des Réunionnais. Voici le texte de son intervention

« Jusqu’en juin dernier, les compléments au programme de Langue et Culture Réunionnaises étaient élaborés par un groupe de travail de l’académie de La Réunion.
Ce programme a été présenté à la rentrée 2008 et validé pour deux années, c’est-à-dire 2008-2009 et 2009-2010. Les travaux de ce groupe pour cette année 2009-2010 ont été interrompus, car un "programme de créole" devrait être établi par les services du ministère de l’éducation nationale.
Selon les enseignants de cette option, cette évolution menace l’avenir de l’enseignement de la Langue et Culture Réunionnaises si certaines précautions ne sont pas prises, essentiellement deux d’entre elles.

Tout d’abord, le singulier employé au terme "programme créole" laisserait croire qu’il n’existe qu’une langue créole, dont le créole réunionnais serait une variante. C’est une fiction dont l’absurdité sur le plan scientifique est dénoncée par bon nombre de linguistes, de Robert Chaudenson à Marie-Christine Hazaël-Massieux, en passant par Lambert-Félix Prudent.
Les créoles atlantique et réunionnais ont pris naissance en des lieux séparés par un continent et presque deux océans. En d’autres termes : entre deux créolophones unilingues de ces deux régions, la communication est impossible, même si ces langues ont une origine commune, le français.
Jusqu’ici, les créoles sont enseignés —à dose homéopathique le plus souvent— en tant que Langue et Culture Régionale. Ce qui souligne une évidence : chaque créole est porteur de son histoire, de sa culture, etc. Chaque créole est un ciment identitaire, forgé dans des conditions particulières et réductibles à nulle autre.
De plus, ce singulier à créole empêcherait la mise au point d’un programme propre à la langue et à la culture réunionnaises, programme adapté à nos besoins.

Ensuite, l’autre précaution à prendre, Monsieur le Ministre, lors de l’élaboration de votre programme de créole concerne les niveaux à atteindre par les élèves.
Les niveaux exigés, A1 et A2 en référence au cadre européen commun, ne sont pas en adéquation avec la réalité linguistique des jeunes Réunionnais. En effet, à 14 ans passés, l’élève de La Réunion aura appris à donner des informations simples sur sa famille et à faire des achats en créole, ce qu’ils font quasiment tous aujourd’hui en Cours préparatoire ! Si ces exigences sont retenues dans votre programme, ce dernier ferait du créole réunionnais une langue étrangère à enseigner en tant que telle, dans une société créolophone à 90% ! Face à un enseignement aussi régressif et rédhibitoire de sa langue maternelle, quel est le jeune réunionnais qui acceptera de suivre un tel enseignement de la langue réunionnaise ? Or l’enseignement du créole est indispensable, d’abord pour sa reconnaissance en tant que langue à part entière avec ses règles grammaticales, sa syntaxe, etc… ensuite pour sa survivance même.

Pour ces raisons, Monsieur le Ministre, je vous demande s’il est possible d’envisager que le programme académique provisoire de Langue et Culture Réunionnaises devienne le programme pour les 5 années à venir ou du moins que lors de la rédaction du programme ministériel ces éléments soient pris en considération. »

Langue créole à l’écoleA la Une de l’actu

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Messages

  • LEQUEL DE CREOLE ?...Et de quel créole s’agit -il ?..... celui dont la graphie veut a tout prix mettre en avant les lettres W Z K etc, ou bien du créole basé sur l’alphabet français et dont les noms propres tels que : HOARAU s’écrivent avec un "H" et non un "W".
    Si le premier était enseigné, cela me ferait presque regretter tout ce que j’ai appris à l’école et qui m’a aidé jusqu’à présent à écrire les textes de mes chansons, qui en toute humilité n’ont pas à rougir vis a vis des textes de n’importe quel écrivain ou auteur réunionnais.
    C’est pourquoi semaine créole ou pas, je reste convaincu que le créole n’a pas de raison d’être enseigné à l’école, qu’on le parle c’est une chose, mais qu’on l’écrive cela mérite un peu plus de réflexion et doit être débattue plus sérieusement et sans arrière pensée politique. Mon causé eq’ mon l’écrit créole sera toujours basé su la langue français. Et ça n’importe qui i peut lire ( pou peu bien sur que li connait lire).
    fraternellement Jacky LECHAT (Auteur Compositeur)

    • Si le créole n’a pas de raison d’être enseigné, alors c’est à se demander pourquoi c’est le français qui est la langue d’enseignement. En effet, tout se décide aujourd’hui en anglais, allez à l’OMC, à l’ONU ou au FMI. Quand vous regardez la télévision aux États-Unis, vous voyez Dominique Strauss Kahn et Christine Lagarde participer à un débat du FMI en anglais.

      Est-ce qu’en France, quelqu’un s’interrogerait sur la pertinence du français à l’école alors que c’est l’anglais la langue des échanges internationaux et le mandarin la langue la plus parlée au monde ?

      J’ai pu constater aussi que dans des pays de taille comparable à La Réunion, c’est la langue maternelle qui est utilisée pour l’enseignement, et le nombre d’illettrés est beaucoup moins important, quand aux résultats économiques, ils sont de la même veine : le plein emploi...

    • En quoi l’enseignement du créole est-il perturbant ? Aller en Norvège et vous verrez les "ørste", les "å gå til " ou les "populær". Autant de graphies pouvant être à première vue étranges par rapport à l’anglais, mais qui n’empêche pas une très forte proportion de Norvégiens de parler couramment l’anglais, bien plus que les Français en tout cas alors que l’anglais emprunte pourtant beaucoup de mots au français.

  • Qui ça que l’a dit que le Créole l’est pas bon ?

    Qui ose dire qu’il n’y a que le Français qui est bon ?

    Pour moi ce sont tous les deux de très bons outils de communication orale avant tout qui me permet de comprendre mais aussi de me faire comprendre vis a vis de l’autre.

    Le blocage s’est installé quand l’Enseignement n’offrait pas de Renseignements sur les termes employés dans notre manière de causer, et que, l’administration par l’Education Nationale a opposé tant la matière : Le Créole, que les utilisateurs : les enseignants et les élèves sur le fait que ne peut entrer dans l’école qu’une langue reconnue que quand elle est écrite.

    fraternellement pour Jacky LECHAT, compose out’ séga vitement avant que le gouvernement Français y interdit à ou de chanter en Créole à la Réunion, puisque La Réunion c’est la France. peut-être il faudra demander l’autorisation à l’Europe de pouvoir le faire.

    Car tout le monde est bloquer avec la "graphie", merci pour le commentaire émis par snakker et fremmed sprak.

    C’est pour cela que je reprends le dernier alinéa du commentaire de Jack Othello :

    "J’ai pu constater aussi que dans des pays de taille comparable à La Réunion, c’est la langue maternelle qui est utilisée pour l’enseignement, et le nombre d’illettrés est beaucoup moins important, quand aux résultats économiques, ils sont de la même veine : le plein emploi..."

    J’ajouterai que l’enseignement est effectué dans la langue maternelle du pays, par des enseignants des toutes premières classes du même pays, qui grâce à leur expérience d’acquérir leur propre langue pouvait se permettre d’en acquérir deux autres langues dans la foulée.

    A Maurice aucun mauricien n’oserait, comme on le fait ici, se battre contre son créole mauricien à l’école, car il sait lui ce qu’il est et ce qu’il a et que grâce à cela il peut apprendre l’anglais comme le français.

    Le Premier Ministre Mauricien s’adresse d’abord en créole Mauricien à son peuple.
    Je ne pense pas que le critère de se faire comprendre s’est arrêté à la graphie.

    J’ai eu l’occasion d’écrire déjà sur le sujet du créole interdit dans une école agricole.

    http://www.temoignages.re/inadmissible-le-creole-interdit,36689.html

    • Réponse à celui qui a cité jacky LECHAT
      C’est votre avis, je le respecte néanmoins, mais ne le partage point. Pour ma part Je continuerais à composer dans mon propre créole "clair et limpide basé sur le français que j’ai appris à l’école et non sur sur cet alphabet pour incultes que l’on veut nous imposer ". Je me fais fort de dire à toutes celles et ceux qui écrivent la langue Réunionnaise comme moi, qu’il n’est point utile de faire comme on me le conseille, c’est à dire : d’écrire vitement avant que l’europe ou un quelconque gouvernement ne vienne me l’interdire. Car à ma connaissance, à part des gouvernements bien connus de certains pays, aucun autre ne viendrait nous imposer une quelconque culture et encore moins la France qui est le pays des droits de l’homme et de la liberté. (NON AU CREOLE WZK)

    • Oté jacky LECHAT pas besoin de fâche à ou, comme ça. Moin la pa cause sur out’ l’écriture, moin, seulement moin la demande à ou compose ou chante deux trois Ségas avant même qu’un jour y interdit nout’ séga. Et même si y interdit pas ou la pensé que tout’ musique commé là y sorte dehors y engante nout’ marmaille et aster li crois la même que c’est son "mizik". Moin nana 60 ans, mounoir, maloya là dan’ temps lontemps, ou y té joué pas ça n’importe où. pour moin, un affaire que lé pas autorisé = lé interdit, et , si ou y joué plus lé vite oublié. quand li lé oublié, out’ mémoire ou ça qui lé, comment li lé. Maintenant pour ça qui connait pas ar’rien de nout’musique et qui dit : mais qu’est-ce que c’est que cette musique de nègre ? Aster l’administration française la mette à nous dans un pompe où le réunionnais y bataille sur l’écriture du Non-Nègre.(Le Nègre étant ici celui qui écrit ce que quelqu’un d’autre lui demande de faire)-( Le Non-Nègre étant par le fait même dans l’impossibilité de transcrire quoique ce soit, puisqu’il n’a pas appris, and so one.....)

      Tourne, vire, tourne et retourne,

      le printemps nous reviendra.

      Sur le chemin de l’écriture

      il y a des bons mots,

      il y a des bavures.

      et l’on entend, toujours que trop

      des âneries dans les propos.

      La Terre tourne, tourne, tourne,

      La Terre tourne, tourne, tournera,

      Tourne, vire, tourne et retourne,

      le printemps nous reviendra.

      Voilà une petite chanson qui devrait tous nous réunir sur cette Terre avec cet espoir de liberté.

      Mi espère seulement un’chose : c’est que si ou la gaingne apprendre un affaire dans un’ manière, faut bien laisse d’autres pour les zot’.

    • BRAVO ANDRUM - Je me rends compte que tu as des facultés d’auteur et que tu es capable tout comme moi d’écrire un texte, mais tu l’as fait en français alors que je m’attendais plus a du créole. Comme quoi cette graphie t’interresse et t’inspire un peu plus que le créole. Je te rassure aussi sur le plan facherie, un jacky LECHAT ne se fache jamais, même quand on l’attaque directement et anonymement. Sache que tout comme toi j’ai moi aussi 60 ans et je continue à apprendre car je n’ai pas encore la prétention de tout connaitre, de loin s’en faut. Pour te faire plaisir je vais moi aussi te proposer la lecture d’un petit texte "en créole" dont la musique est aussi composée par moi, et qui fera partie de mon prochain album. Cette chanson s’intitule : MON CRAINTE…

      Mi croit entendre langage z’apache !....

      Mais quel coté zot’ la trouvé

      Hoarau i écrit pas eq’ un « H »

      Mais avec un double V(w)

      Z’inventeurs pays mi fait pas cas

      Là Zot I débloque in bon pé

      Bientôt zot’ va remplace les « P »

      Papa par la lettre « K »

      la suite pou la sortie mon cd à bientot....

  • Bravo à toi aussi Jacky, c’est ça que nous nana en plus sur les zot’s qui restent pris entre l’encre et le papier ou ici entre la lettre numérique et la mémoire virtuelle.

    Par ailleurs, combien sont restés muets après avoir été rabaissés parce qu’ils parlaient mal ou pas comme il faut, puisque pas en français. Après l’avoir vécu ces traumatismes ici à la Réunion pour bien de mes camarades, quand par contre quand j’ai suivi mes parents en France, et, qu’au lycée Henri IV à Bergerac dans la première récréation on m’a dit : Fay Kao ou Faille chaos, j’étais loin de comprendre que l’on me disait qu’il : fait chaud. A ce moment là aucun enseignant n’a rétorqué que ce patois de langue d’oc était mauvais et à proscrire. Ce patois, ou langage ou langue maternelle n’étant pas considéré et reconnue pour faire parvenir à une meilleure acquisition du français a fait que moi venant des iles lointaines je me suis retrouvé à ma grande stupéfaction dans les 1ers pour les cours de français. Moi je n’ai pas plus appris sauf que j’ai eu la chance d’avoir pu apprendre pour pouvoir comprendre et je remercie ici tous ceux qui m’ont apporté cette étincelle. Pour autant je ne détiens pas le pouvoir du feu ou de la flamme qui éternellement ne peuvent exister tout le temps qu’il y aura de l’ oxigène .

    Moi mi trouve pas normal , qu’à la Réunion,
    nana ar’rien qu’ 250 000 personnes y travaillent,
    nana un’ moitié lé au chomage, et un autre moitié y connait ni lire ni écrire même si lu la parti l’école. Mi aimerais qui dit à moin que moin la fait un l’erreur là... eh, eh, eh, .....

    Comment ou y veut que le pays y développe ?

    si avec un K li gaingne en sorte à li du KK, et pourquoi pas ?
    si lu Wa mieux comme ça au lieu d’écarquille son z’yeux pour voir.
    oté Jacky, chante à ou , chante encore donne di gaz dan’ out séga
    avant que tous ces rapps y fait déraper nout’ séga.

    Bon courage et bonne santé


Témoignages - 80e année

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